Thursday, April 18, 2024
Home HAITI Sports Pourquoi tout réussit à l’Allemagne

Pourquoi tout réussit à l’Allemagne

Après sa victoire sans appel contre le Brésil (7-1), l’équipe nationale de football est apparue à l’image d’un pays à qui tout – apparemment – réussit. Concentrés, consciencieux et humbles, les footballeurs allemands refusent de crier victoire, à l’image de leur pays, puissance économique indiscutable, mais qui répugne à assumer son leadership.

Après sa victoire sans appel contre le Brésil (7-1), l’équipe nationale de football est apparue à l’image d’un pays à qui tout – apparemment – réussit. Concentrés, consciencieux et humbles, les footballeurs allemands refusent de crier victoire, à l’image de leur pays, puissance économique indiscutable, mais qui répugne à assumer son leadership.« Le football est un jeu simple : vingt-deux hommes courent après un ballon pendant 90 minutes et à la fin, ce sont toujours les Allemands qui gagnent ». Après la victoire sans appel de l’Allemagne contre le Brésil (7-1), mardi soir, difficile de ne pas penser aux mots de l’ancien attaquant anglais Gary Lineker à l’issue de la défaite de son équipe en demi-finales de la Coupe du monde en 1990.

Futur maître du football mondial ?

Locomotive politique et économique de l’Europe, l’Allemagne semble en mesure de régner en maître sur le football mondial – un défi qu’elle devra relever lors de la finale dimanche. Mardi soir 8 juillet, en tout cas, l’équipe nationale est apparue à l’image d’un pays à qui tout réussit.

« Les bases du football allemand actuel ont été jetées au début des années 2000 », explique Jonas Gabler, politologue à l’institut d’étude du sport de l’université de Hanovre. À cette époque, la Nationalmannschaft connaît une traversée du désert, marquée notamment par son élimination au 1er tour à l’Euro 2000. « La Fédération allemande de football a renforcé la professionnalisation en mettant l’accent sur la formation », ajoute le chercheur.

Une capacité à rebondir, même dans d’autres domaines que le foot

Le football n’est pas le seul domaine dans lequel l’Allemagne a su rebondir après un choc. En 2001, l’étude Pisa de l’OCDE révèle les failles du système scolaire allemand, en le classant 22e sur 32. Le pays s’inspire alors des bonnes pratiques à l’œuvre dans d’autres régions du monde pour repenser l’école et permettre aux élèves allemands de retrouver leur place dans les classements internationaux.

Une capacité à se remettre en question inscrite dans l’ADN de la République fédérale d’Allemagne, qui s’est bâtie sur le traumatisme du régime nazi.

La Constitution prévoit de puissants contre-pouvoirs, au premier rang desquels figure la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, rouage majeur de la vie politique outre-Rhin.

Un esprit de compromis

Quant à l’esprit de compromis, il imprègne toute la société allemande : le parlementarisme contraint les familles politiques au dialogue, comme en témoigne l’actuelle coalition gouvernementale formée par les conservateurs et les sociaux-démocrates ; la structure fédérale du pays l’oblige aussi à concilier des intérêts contraires ; le dialogue social au sein des entreprises, enfin, favorise leur succès.

La Nationalmannschaft semble elle aussi puiser sa force dans sa cohésion. « L’harmonie qu’on a, on la sent déjà à chaque entraînement, a déclaré à l’issue du match de mardi Miroslav Klose, l’attaquant devenu le meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du monde (16 buts). On est tout simplement unis, même les joueurs du banc font partie du groupe ».

L’esprit d’équipe et la cohésion

À l’image du Mittelstand, ce réseau de petites et moyennes entreprises, souvent familiales, qui exportent leurs produits dans le monde entier, « l’équipe allemande a de très bons joueurs mais pas de grande vedette, remarque Béatrice Durand, professeur au lycée français de Berlin et observatrice attentive de la société allemande. Ce qui fait sa force, c’est l’esprit d’équipe, la cohésion entre les joueurs ».

La sérénité des joueurs allemands depuis le début de la compétition n’a pas échappé à l’enseignante. « L’Allemagne, comme les États-Unis notamment, a le souci de mettre en valeur, dès le plus jeune âge, les qualités de chacun, contrairement à la France l’on se soucie moins de l’individu comme devenir », explique-t-elle. D’où, peut-être, une confiance en soi suffisante pour accepter et tirer profit des critiques.

Concentrés, consciencieux et humbles, les footballeurs allemands refusent de crier victoire après le match de mardi, à l’image de leur pays, puissance économique indiscutable en Europe, mais qui répugne à assumer son leadership.

« Nous n’aurions jamais imaginé battre le Brésil 7-1 en demi-finale de Coupe du monde, a indiqué l’attaquant Andre Schürrle, auteur d’un doublé (…). Peu importe l´adversaire de la finale, nous allons jouer notre jeu, comme nous l’avons fait à tous les matchs, et nous allons voir si nous allons remporter le trophée. »

« On doit rester les pieds sur terre, a aussi tempéré son coéquipier Thomas Müller. Comme on nous avait “cassés” après le match de l’Algérie, on va nous porter aux nues. Ce n’est pas la bonne méthode. Nous sommes simplement une vraiment bonne équipe ». T

La Mannschaft au peuple allemand de se réconcilier avec lui-même

Reste que la Nationalmannschaft a derrière elle tout un pays. Le football est de très loin le sport n° 1 outre-Rhin. La fédération allemande de football compte plus de 6,7 millions de licenciés répartis dans 170 000 équipes et environ 26 000 clubs. Pour certains observateurs, l’Allemagne a « grandi » avec le football.

« Depuis la Seconde Guerre mondiale, le football a permis aux Allemands de se réconcilier avec eux-mêmes, observe Béatrice Durand. C’est l’un des rares espaces où les sentiments d’appartenance nationale sont licites. La Coupe du monde de 2006, organisée en Allemagne, fut le moment où les Allemands ont ressorti les drapeaux. »

C’est aussi le moment où l’Allemagne a pris conscience de son métissage. Dans un pays qui s’est découvert sur le tard comme une terre d’accueil, le football encourage l’intégration. Les Allemands ont encore en tête la photographie d’Angela Merkel aux côtés du joueur d’origine turque Mesut Özil torse nu dans les vestiaires, en 2010.

« La réforme du droit de la nationalité en 1999 est une des clés des résultats actuels, fait remarquer Jonas Gabler. Elle a permis à l’équipe nationale d’intégrer des talents formés en Allemagne ».

L’Allemagne ne peut se passer de l’immigration

Le gouvernement des sociaux-démocrates et des écologistes avait introduit une touche de droit du sol dans une législation jusqu’alors exclusivement basée sur le droit du sang. Aujourd’hui, des joueurs comme Mesut Özil ou Sami Khedira, d’origine tunisienne, sont des éléments essentiels de la Nationalmannschaft.

Un rôle d’autant plus important que pour maintenir son niveau de vie et ses succès actuels, l’Allemagne ne peut se passer de l’immigration. Le déclin démographique, lié à l’augmentation de l’espérance de vie conjuguée au faible taux de natalité (1,3 enfant par femme), est la principale menace qui plane sur son avenir.

Camille Le Tallec, à Berlin

- Advertisment -

LES PLUS RECENTES

MAYOR WU ANNOUNCES BRIAN SWETT AS CITY OF BOSTON’S FIRST CHIEF CLIMATE OFFICER

He will lead the existing Environment, Energy and Open Space Cabinet as Chief Climate Officer   BOSTON - Wednesday, April 17, 2024 - Today, Mayor Michelle...

Un cadavre kidnappé à Port-au-Prince

Port-au-Prince - Par YPM - Ce cas pour le moins incongru a eu lieu ce mercredi 17 avril 2024, où un véhicule, servant de...

Publication de l’arrêté nommant les membres du Conseil Présidentiel de Transition. Port-au-Prince – Par YPM – Après des jours de tergiversations, le Gouvernement démissionnaire...

Port-au-Prince - Par YPM - Après des jours de tergiversations, le Gouvernement démissionnaire dirigé par Ariel Henry a finalement publié ce mardi soir, l'arrêté...

Football:Championnat de Futsal de la Concacaf Haïti n’ira pas en Ouzbékistan

Port-au-Prince - Par Gérald Bordes - L'équipe nationale haïtienne entraînée par le sélectionneur américain d'origine grecque Constantine Konstin a mordu la poussière sur le...

Bavure administrative au sein du Gouvernement démissionnaire. L’arrêté nommant les membres du CP en circulation

Port-au-Prince - Par YPM - La mise en circulation ce lundi 15 avril 2024, d'un décret portant nomimation des membres du Conseil Présidentiel a...

Football : Championnat National Spécial 2024: L’ASC remporte le derby capois alors que le derby saint-marquois ne produit pas de vainqueur

Port-au-Prince - Par Gérald Bordes - Seuls deux derbys ont été disputés sur les trois prévus. Le derby cayen entre la Juventus des Cayes...

Sisay Lemma et Hellen Obiri vainqueurs du marathon de Boston

Boston —L'Ethiopien Sisay Lemma a remporté lundi le marathon de Boston en 2h06'17''. Victoire chez les femmes de la Kenyane Hellen Obiri, déjà sacrée...

Un nouveau navire de marchandises intercepté par des bandits armés

Port-au-Prince - Par YPM - Les gangs opérant dans la région métropolitaine de Port-au-Prince continuent avec une assurance déconcertante à mener des opérations en...