Monday, April 28, 2025
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Cory Booker entre dans l’histoire avec un discours record de 25 heures au Sénat pour dénoncer les politiques de Donald Trump

« Face à « une dérive dangereuse, le silence n’est pas une option »

WASHINGTON — Sources : PRESSE AMERICAINE -INFOHAITI.NET- Dans un acte de protestation historique contre l’administration du président Donald Trump, le sénateur démocrate du New Jersey, Cory Booker, a prononcé un discours marathon de 25 heures et 5 minutes à la tribune du Sénat, établissant ainsi un nouveau record et dépassant celui détenu depuis 1957 (24 heures et 18 minutes) par l’ancien sénateur de la Caroline du Sud,  Strom Thurmond (1954-2003) .

Ce discours, commencé le lundi à 18h59 et terminé le mardi à 20h05, visait à exprimer une opposition farouche à ce que Booker a qualifié de « crise morale et politique » dans le pays. Refusant de céder la parole ou de quitter la salle, il est resté debout sans interruption, tenant la tribune d’une voix à la fois ferme et émotive, malgré la douleur, les crampes musculaires et la fatigue extrême.

Une protestation à haute portée symbolique

Contrairement au discours de Strom Thurmond, prononcé en 1957 dans le but de bloquer la Loi sur les droits civiques, Cory Booker, l’un des cinq sénateurs afro-américains actuellement en poste, a affirmé parler « en dépit » de ce précédent. « Je suis ici non pas à cause de son discours, mais malgré lui », a-t-il déclaré.

Booker, ancien maire de Newark, a pris la parole avec pour seul objectif de déranger le cours normal du Sénat et de dénoncer les actions qu’il juge préjudiciables de l’administration Trump. Son intervention ne visait pas à bloquer une loi spécifique, ce qui distingue son discours d’un véritable filibuster, mais il a néanmoins forcé un report des votes sur plusieurs dossiers, y compris la confirmation de Matthew Whitaker comme ambassadeur américain auprès de l’OTAN.

Une préparation physique et spirituelle intense

Pour tenir un tel exploit physique, Booker a entrepris une préparation rigoureuse. Il a arrêté de manger dès le vendredi précédent, et cessé de boire dimanche soir, afin d’éviter d’avoir à quitter la salle pour des besoins biologiques. Il a avoué avoir souffert de crampes musculaires, de spasmes et de déshydratation, mais n’a jamais envisagé d’abandonner.

Le sénateur s’est appuyé sur sa foi tout au long de l’épreuve. Dans sa poche, il avait un seul objet : un petit carton contenant un verset biblique écrit à la main, Isaïe 40:31 : « Mais ceux qui se confient en l’Éternel renouvellent leur force. Ils prennent le vol comme les aigles ; ils courent et ne se lassent point, ils marchent et ne se fatiguent point. » Il a aussi prié avec son collègue et révérend Raphael Warnock avant de débuter son intervention.

Un discours dense et multidimensionnel

Pendant 25 heures, Booker a abordé une grande variété de sujets. Il a critiqué les projets de coupes budgétaires dans Medicaid, les tentatives de Donald Trump de démanteler l’administration fédérale avec l’aide d’Elon Musk, ses relations ambiguës avec Vladimir Poutine, et ses critiques envers l’OTAN. « Notre pays est en crise. Et cela ne peut pas être traité comme une situation normale au Sénat des États-Unis », a-t-il martelé dès le début de son intervention.

Booker a évoqué des histoires poignantes de citoyens américains touchés par les politiques de Trump, et a également invoqué la mémoire de John Lewis, icône des droits civiques, promettant de se montrer à la hauteur de son héritage. « Il ne traiterait pas ce moment moral comme s’il était ordinaire », a-t-il déclaré avec émotion.

Il a aussi rendu hommage au sénateur John McCain, rappelant son vote décisif contre l’abrogation de l’Affordable Care Act. « Je sais que tu ne tolérerais pas cela, John », a-t-il dit, s’adressant directement à son ancien collègue républicain.

Le soutien de ses collègues

Booker n’a pas été seul. Plusieurs sénateurs démocrates, dont Chuck Schumer, Chris Murphy, Amy Klobuchar, Mazie Hirono, et Dick Durbin, l’ont rejoint pour l’encourager, lui poser des questions — ce qui lui permettait de récupérer sa voix tout en gardant la parole — et lui apporter un soutien moral.

Chris Murphy, qui avait mené une action similaire de 15 heures en 2016 pour dénoncer la violence par armes à feu, est resté avec Booker toute la nuit. « Sa dette est payée, mais j’ai encore de l’énergie dans le réservoir », a plaisanté Booker.

Des membres de la Chambre des représentants, notamment Hakeem Jeffries et plusieurs membres du Congressional Black Caucus, sont aussi venus observer ce moment historique depuis la galerie du Sénat.

Un geste politique et personnel fort

Pour Booker, ce discours représentait plus qu’un acte politique : c’était un engagement personnel et une tentative de redonner une voix à ceux qu’il estime oubliés par les politiques actuelles. Il a expliqué qu’il voulait « élever la voix des Américains ordinaires », et faire entendre leurs souffrances.

À l’issue de son discours, visiblement épuisé mais satisfait, il a déclaré à la presse : « Je ne savais pas combien de temps je tiendrais. Je suis tellement reconnaissant d’avoir duré 25 heures. »

Un moment marquant dans l’histoire du Sénat

Même si ce discours n’a pas bloqué de loi, il marque un tournant symbolique important. Dans une période où les démocrates peinent à contrer efficacement les actions de l’administration Trump, l’acte de Booker a été salué comme un exemple de courage, de détermination et de leadership moral.

Chuck Schumer l’a résumé ainsi : « Votre force, votre clarté, votre ténacité sont tout simplement incroyables. Vous avez su exprimer avec force ce que tant de familles ressentent aujourd’hui dans ce pays. »

Au moment où il battait le record à 19h18 mardi soir, toute la galerie s’est levée pour une standing ovation. C’était un moment de solidarité, de conviction, et peut-être, pour Booker, le point de départ d’une nouvelle étape dans sa carrière politique.

 

 

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