Port-au-Prince, 2 avril 2025 — INFOHAITI.NET – La crise sécuritaire en Haïti s’accentue. Ce mercredi, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de la capitale pour exiger un retour à l’ordre, tandis que plusieurs zones du pays ont été la cible de nouvelles attaques armées. L’insécurité généralisée continue d’alimenter les déplacements forcés et d’aggraver la situation humanitaire.
Une importante manifestation a eu lieu ce 2 avril dans la capitale. Des foules nombreuses ont défilé à travers différents quartiers de Port-au-Prince, exprimant leur volonté de voir les autorités rétablir rapidement la sécurité. Armés d’objets tels que des machettes, couteaux, bâtons ou morceaux de bois, les protestataires ont dressé des barricades sur plusieurs axes routiers stratégiques, perturbant considérablement la circulation.
Les unités spécialisées de la Police nationale d’Haïti (PNH) ont été déployées pour disperser les manifestants. Des grenades lacrymogènes ont été utilisées. Aucun bilan officiel n’a encore été communiqué concernant d’éventuels blessés ou interpellations.
Nouvelle offensive armée dans le bas de Delmas
Au même moment, des groupes armés ont lancé une attaque coordonnée dans la zone de Delmas. Les quartiers de Christ-Roi et Delmas 32 ont été particulièrement ciblés. Les échanges de tirs ont provoqué une vague de panique parmi les résidents, obligeant près d’un millier de personnes, dont de nombreux enfants et femmes, à fuir précipitamment leurs maisons.
Des affrontements violents ont opposé les gangs à la PNH et à des brigades communautaires mobilisées pour défendre leurs quartiers. Plusieurs habitations ont été attaquées, mais les autorités n’ont pas fourni de chiffres précis concernant les victimes ou les dégâts matériels.
Parallèlement, un incident a été signalé dans la baie de Port-au-Prince. Un navire transportant du riz a été pillé par des individus armés. Deux membres d’équipage sont portés disparus. Ce fait alimente les inquiétudes croissantes concernant la montée de la piraterie dans les eaux haïtiennes.
La pression des gangs armés s’étend également à d’autres zones de l’Ouest, notamment Pétion-Ville et Kenscoff, toujours sous la menace d’incursions. Dans l’Artibonite, la ville de Petite-Rivière reste exposée à l’instabilité, les opérations menées par la PNH et la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) n’ayant pas permis de rétablir le calme durablement.
Tensions et exode dans le département du Centre
Dans le Centre du pays, les violences ont repris dans les communes de Saut d’Eau et Mirebalais. Les attaques, survenues le 31 mars, ont causé plusieurs pertes en vies humaines, selon les autorités locales.
Malgré les déclarations de la PNH affirmant avoir repris le contrôle de la zone, les actes de violence se poursuivent. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) signale le déplacement de plus de 6 000 personnes à la suite de ces affrontements. Environ 83 % de ces personnes ont trouvé refuge dans des familles d’accueil, tandis que 17 % se sont installées dans des sites de fortune nouvellement créés.
Critiques croissantes à l’encontre du Conseil Présidentiel de Transition (CPT)
Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), mis en place en avril 2024 pour superviser la gestion de l’État jusqu’à la tenue d’élections, est la cible de nombreuses critiques. Plusieurs secteurs de la société lui reprochent son incapacité à freiner la progression des groupes armés et à rétablir un minimum de stabilité dans le pays.
Des observateurs nationaux notent que les violences se sont intensifiées dans des zones autrefois épargnées, remettant en question l’efficacité du CPT. Des appels à la mobilisation générale émergent dans certains milieux de la société civile, appelant à une pression accrue sur les autorités de transition pour obtenir des résultats concrets.