Boston (Massachusetts), 10 avril 2025 – InfoHaiti.net – Une juge fédérale de Boston a annoncé ce jeudi son intention d’empêcher l’administration de Donald Trump de révoquer le statut légal temporaire accordé à des centaines de milliers de migrants originaires de Cuba, d’Haïti, du Nicaragua et du Vénézuéla.
La juge Indira Talwani, nommée à la Cour (Tribunal) fédérale du district de Boston par l’ancien président démocrate Barack Obama, a estimé que la décision du département de la Sécurité intérieure (DHS) de mettre fin prématurément à un programme de “parole humanitaire” instauré sous l’administration Biden reposait sur une interprétation erronée de la loi.
Le programme concerné offrait un statut légal de deux ans à des ressortissants de plusieurs pays confrontés à des crises humanitaires. Sa suppression avait été annoncée dans un avis du Federal Register publié le mois dernier, dans le cadre du durcissement des politiques migratoires engagées par le président républicain Donald Trump.
Selon la juge Talwani, la disposition juridique invoquée par l’administration Trump s’applique aux personnes ayant franchi illégalement la frontière, et non à celles qui ont été admises de manière régulière grâce à un statut de “parole”. « Ce que vous priorisez ici, ce ne sont pas ceux qui franchissent illégalement la frontière, mais ceux qui ont suivi les règles », a-t-elle souligné lors de l’audience.
L’avocate Laura Flores-Perilla, représentant les plaignants au sein de l’organisation Justice Action Center, a déclaré espérer que la juge rende rapidement une décision finale afin d’empêcher ce qu’elle qualifie de révocation massive et sans précédent du statut légal de dizaines de milliers de personnes. « Les enjeux sont énormes. Il s’agit de vies humaines, et l’urgence est bien réelle », a-t-elle déclaré à la presse à la sortie du tribunal.
L’administration Trump envisageait d’exposer près de 450 000 personnes à une expulsion accélérée à compter du 24 avril prochain. Ni le Département de la Sécurité intérieure ni le Département de la Justice n’avaient réagi immédiatement à cette décision judiciaire.
Plusieurs associations de défense des droits des migrants avaient engagé des poursuites pour contester la décision de suspendre les programmes de parole humanitaire lancés sous le président Joe Biden. Ces programmes avaient permis à des ressortissants ukrainiens, afghans, cubains, haïtiens, nicaraguayens et vénézuéliens d’entrer légalement aux États-Unis.
Lancée en 2022 pour les Vénézuéliens, l’initiative avait été élargie en 2023 aux Cubains, Haïtiens et Nicaraguayens, dans le contexte d’une augmentation marquée des arrivées de migrants en provenance de ces pays.
Au cours de l’audience, Brian Ward, avocat du ministère de la Justice, a défendu la décision du gouvernement, soulignant que ces programmes relevaient du pouvoir discrétionnaire du secrétaire à la Sécurité intérieure, en l’occurrence Kristi Noem. Selon lui, rien n’obligeait cette dernière à maintenir ces statuts au cas par cas.
La juge Talwani a indiqué qu’elle ne forcerait pas le gouvernement à accepter de nouvelles demandes dans le cadre de ces programmes. « Ce n’est pas mon rôle de trancher une question de politique publique à grande échelle », a-t-elle précisé. Toutefois, elle s’est dite troublée par la justification fournie par l’administration pour annuler le statut de personnes admises légalement, et a assuré qu’elle rendrait prochainement une ordonnance urgente pour suspendre l’avis publié dans le Federal Register.