Saint-Domingue, 23 avril 2025 – Par la Rédaction d’InfoHaïti.net – Plus de 130 femmes et enfants haïtiens, dont des femmes enceintes, des mères ayant récemment accouché et des mineurs, ont été expulsés de République dominicaine vers Haïti en début de semaine. Cette opération, menée lundi 21 avril dans 33 hôpitaux publics du pays, s’inscrit dans le cadre d’une directive migratoire controversée du président Luis Abinader.
Selon la Direction générale de la migration dominicaine, 135 personnes en situation irrégulière ont été interpellées dans des établissements où naissent environ 80 % des enfants issus de mères étrangères. Ces hôpitaux appliquent désormais une politique exigeant des patientes la présentation d’une pièce d’identité, d’un justificatif de résidence et d’une preuve d’emploi. Des agents de l’immigration sont déployés sur place pour contrôler les documents.
Après leur hospitalisation, les femmes ont été transférées dans un centre de rétention, enregistrées biométriquement, puis remises aux autorités haïtiennes au poste-frontière d’Elías Piña. Les autorités dominicaines assurent que les personnes expulsées ont été « traitées avec dignité », transportées dans des autobus climatisés et examinées médicalement avant leur expulsion.
Mais cette politique suscite une vive controverse. L’Association médicale dominicaine dénonce une mesure « inhumaine », qui pourrait dissuader des patientes en détresse de se rendre à l’hôpital, avec des conséquences potentiellement mortelles. Amnesty International s’inquiète, pour sa part, des violations possibles du droit à la santé, à la vie privée et à la sécurité physique.
Malgré les garanties du gouvernement selon lesquelles aucun soin ne serait refusé aux patientes, plus de 180 000 expulsions vers Haïti ont été enregistrées au cours des six derniers mois.
Dans un contexte de crise humanitaire majeure, la République dominicaine poursuit sa politique de répression migratoire alors que la violence des gangs en Haïti a provoqué la fermeture d’écoles et d’hôpitaux, dont le centre hospitalier universitaire de Mirebalais.
Face à cette situation, María Isabel Salvador, représentante spéciale des Nations unies pour Haïti, met en garde : le pays s’approche d’un « point de non-retour ». Elle appelle la communauté internationale à une mobilisation urgente pour éviter un effondrement total de l’État haïtien.
Les faits rapportés dans cet article proviennent de deux dépêches de CNN et de BBC News.