« Nous viserons les secteurs qui auront le plus d’impact sur le portefeuille des Américains »
Brockton (Massachusetts) – PAR YVES CAJUSTE – Dans une interview exclusive accordée vendredi soir à 24-60 de Radio Canada, Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères du Canada, a confirmé qu’elle ne se lancera pas dans la course à la chefferie du Parti libéral du Canada (PLC).
Cette annonce de Mme Joly qui intervient à quelques jours de l’investiture de Donald Trump à la présidence des États-Unis souligne son engagement à gérer les relations complexes entre les deux nations. « La menace est réelle », a déclaré Mme Joly, évoquant les défis auxquels le Canada est confronté en matière de politique commerciale et de sécurité nationale.
Selon Mme Joly, sa décision de ne pas briguer la chefferie était difficile mais nécessaire. « Mon équipe était prête, et le soutien était là », a-t-elle expliqué, ajoutant qu’elle devait choisir entre devenir la première femme à diriger le PLC ou rester concentrée sur son rôle actuel. « Je ne peux pas faire les deux. Les intérêts de notre pays passent avant tout. » Sa priorité immédiate est de représenter le Canada à Washington pour des négociations cruciales sur d’éventuels tarifs douaniers que Donald Trump pourrait imposer.
« Nous viserons les secteurs qui auront le plus d’impact sur le portefeuille des Américains »
Mme Joly a présenté un plan en deux volets pour contrer les menaces de tarifs : une stratégie de collaboration et, si nécessaire, des représailles. « Nous voulons être le meilleur allié des États-Unis, mais nous sommes aussi prêts à nous défendre », a-t-elle affirmé. En cas d’escalade, des mesures ciblées seront prises pour minimiser l’impact sur l’économie canadienne tout en envoyant un message clair à Washington. « Nous viserons les secteurs qui auront le plus d’impact sur le portefeuille des Américains », a-t-elle précisé.
Quant à l’avenir politique au Canada, Mélanie Joly a esquissé les qualités essentielles pour le prochain chef du PLC. Bilinguisme, connaissance approfondie du Québec et capacité à gérer les relations canado-américaines figurent parmi les critères clés. Bien qu’elle se retire de la course, elle a exprimé son intention de jouer un rôle actif dans l’organisation de la campagne libérale. « Le Québec aura une voix forte, et je continuerai à défendre les intérêts du pays. »
Interrogée sur la doctrine Trump et les implications pour la politique étrangère canadienne, Mme Joly a reconnu le défi. « Trump s’appuie sur une rhétorique expansionniste, mais le Canada a des leviers économiques puissants », a-t-elle expliqué, soulignant l’importance du commerce bilatéral. Elle a également critiqué les leaders du Parti Conservateur (Canada) pour leur manque de vision stratégique, appelant à une approche unifiée au sein du pays.
Avec une vision claire pour le Canada sur la scène mondiale, Mélanie Joly réaffirme son engagement envers ses responsabilités ministérielles. Sa décision de ne pas briguer la chefferie du PLC reflète une priorité donnée aux intérêts nationaux dans un contexte international complexe. Alors que l’avenir reste complexe, elle se dit prête à relever les défis, guidée par une détermination à défendre les valeurs et les intérêts du Canada sur tous les fronts.
Dans cette interview, la ministre des Affaires étrangères du Canada Mélanie Joly a également abordé la situation en Haïti, 15 ans après le tremblement de terre dévastateur qui a fait près de 300 000 morts. « La situation est intenable, tant pour les Haïtiens que pour l’ensemble de la région », a-t-elle déclaré. Mme Joly a critiqué l’abandon du pays par les Nations unies à une époque critique, tout en soulignant les efforts du Canada pour soutenir Haïti. « Nous avons investi plus de 200 millions de dollars et continuerons à être un ami fidèle du peuple haïtien. »
L’état de crise en Haïti, marqué par la montée en puissance des gangs et la fragilité des institutions, est une priorité dans ses échanges avec ses homologues internationaux. Lors d’une récente rencontre avec Marco Rubio, secrétaire d’État américain, Mme Joly a insisté sur l’importance d’une réponse multinationale robuste pour stabiliser la situation. « Nous travaillons avec des alliés comme le Kenya pour renforcer la force multinationale en Haïti », a-t-elle ajouté.