« Trump tente de nous briser pour nous posséder. »
Ottawa – Avril 2025 – Sources : Presse canadienne – Contre toute attente, le Parti libéral du Canada (PLC), dirigé depuis peu par l’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, a remporté les élections fédérales du 28 avril. Cette victoire, bien que fragile, intervient dans un contexte géopolitique tendu, marqué par une crise commerciale sans précédent avec les États-Unis, provoquée par le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.
Un nouveau visage pour le Parti libéral
Successeur de Justin Trudeau, démissionnaire en décembre après une série de revers politiques, Mark Carney a su imposer un ton résolument économique et souverainiste à sa campagne. Économiste de renom, sans expérience politique électorale, il s’est présenté comme l’homme de la situation pour guider le Canada à travers les turbulences internationales. « Il est temps de se rassembler, de bâtir une économie forte et de défendre le Canada », déclarait-il dès les premiers jours de la campagne électorale.
Les résultats, bien que provisoires au moment de la clôture du scrutin, créditent le PLC de 168 sièges, loin des 172 requis pour une majorité absolue à la Chambre des communes. Le Parti conservateur suit de près avec 144 élus, tandis que le Bloc québécois en obtient 23, le Nouveau Parti démocratique (NPD) 7, et le Parti vert 1.
Une campagne dominée par la peur de Trump
La dynamique de cette élection a été bouleversée par la politique agressive du président américain Donald Trump à l’égard du Canada. Tarifs douaniers punitifs, menaces d’annexion territoriale implicite, attaques répétées contre la souveraineté canadienne : autant de gestes qui ont réveillé un sentiment d’urgence dans l’opinion publique. « Notre ancienne relation avec les États-Unis est terminée », a tranché Mark Carney dans son discours de victoire. « Trump tente de nous briser pour nous posséder. »
Steven Guilbeault, ministre sortant, estime que cette rhétorique hostile venue de Washington a profondément mobilisé l’électorat. « Les Canadiens ont vu en Carney quelqu’un qui comprend les enjeux mondiaux et qui peut riposter avec fermeté. »
Une victoire acquise grâce au Québec
Au Québec, le PLC a surpris en enregistrant des gains significatifs. Le parti a récolté 42 % des suffrages dans la province, contre 34 % en 2021, s’octroyant huit sièges de plus qu’à la dernière élection. L’appel du chef bloquiste Yves-François Blanchet à « faire obstacle à un mandat trop fort » n’a pas été entendu. Bien que le Bloc ait perdu neuf sièges (de 32 à 23), il pourrait néanmoins jouer un rôle clé dans le futur gouvernement minoritaire.
Blanchet a d’ailleurs tendu la main à Carney en se disant ouvert à collaborer dans le cadre de la guerre commerciale, à condition que les spécificités du Québec soient respectées : langue, culture, valeurs, laïcité et gestion de l’offre. Un dialogue qui s’annonce déterminant pour l’adoption des prochaines lois.
Les conservateurs échouent malgré une poussée
Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur, a reconnu sa défaite sans hésiter. Le parti, malgré une « percée extraordinaire » avec 144 sièges, n’a pas su convaincre une majorité d’électeurs, et son chef a même perdu sa propre circonscription de Carleton. Son discours très libéral sur les impôts et les dépenses publiques a peiné à rassurer, surtout en pleine crise avec Washington. Par ailleurs, sa proximité perçue avec Donald Trump a nui à sa crédibilité auprès d’un électorat inquiet de la montée de l’influence américaine.
Une opposition affaiblie
Le NPD a connu un effondrement historique : son score est tombé à 6,3 %, contre 17,8 % en 2021. Jagmeet Singh, battu à Burnaby Central, a annoncé qu’il quitterait la direction du parti dès la nomination d’un chef intérimaire. Le Parti vert conserve quant à lui une seule députée : Elizabeth May.
Un pays sous pression
Mark Carney, désormais officiellement premier ministre, devra gouverner dans un contexte de cohabitation parlementaire et de pression extérieure intense. Il a d’ores et déjà promis de maintenir les tarifs douaniers canadiens en riposte à ceux des États-Unis, et d’accélérer les échanges commerciaux intra-provinciaux et avec l’Europe. « Les Américains veulent notre eau, nos ressources. Ils veulent notre pays », a-t-il alerté. « Le chaos est entré dans nos vies. C’est une tragédie, mais c’est aussi une réalité. »
À Ottawa, les libéraux réunis dans une arène de hockey ont accueilli les résultats dans une ambiance euphorique. À 60 ans, Mark Carney a convaincu qu’il était l’homme de la situation pour défendre l’économie canadienne et préserver sa souveraineté. Il devra désormais bâtir des alliances au Parlement et surtout, affronter une Maison-Blanche résolument hostile.
Alors que les défis s’accumulent, Mark Carney entame son mandat avec une double mission : tenir tête à Washington et maintenir l’unité d’un pays encore fracturé par des années de turbulences politiques.