Ottawa- (Canada) -Sources: LE DEVOIR – Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a annoncé lundi qu’il démissionne de son rôle de chef du Parti libéral, effectif au moment où son parti aura trouvé un remplaçant. Il demeure premier ministre jusque-là.
« Hier soir, au souper, j’ai partagé avec mes enfants la décision que je partage avec vous tous aujourd’hui. J’ai l’intention de démissionner de mon poste de chef du Parti libéral du Canada et de premier ministre une fois que le Parti libéral aura choisi son prochain chef », a laissé tomber Justin Trudeau, très ému, au moment de s’adresser aux journalistes conviés à sa résidence officielle d’Ottawa lundi matin.
« C’est devenu clair que je ne peux pas être le chef [au cours des] prochaines élections à cause des batailles internes », a-t-il ajouté.
Son plan implique de demander à la gouverneure générale de mettre fin à la session parlementaire en prorogeant le Parlement jusqu’au 24 mars. Les élus fédéraux ne reviendraient pas devant les Communes jusqu’à cette date, ce qui empêche aussi les partis d’opposition de renverser le gouvernement.
La démission de Justin Trudeau paraissait de plus en plus inévitable ces dernières semaines. Le chef libéral n’a répondu à aucune question des journalistes depuis la démission fracassante de la ministre des Finances, Chrystia Freeland, à la mi-décembre.
Après être resté silencieux le jour du remaniement de son équipe de ministres, le chef du gouvernement canadien a pris quelques jours de vacances pour les Fêtes en indiquant aux membres de son caucus et à son entourage qu’il comptait réfléchir à son avenir. Justin Trudeau est le premier ministre du Canada depuis 2015. Il a été réélu à deux reprises, en 2019 et en 2021.
Dénouement d’une crise
Le départ de l’ex-bras droit de Justin Trudeau et vice-première ministre, Chrystia Freeland, ainsi que la décision d’autres ministres de son gouvernement de ne pas se représenter aux prochaines élections ont porté un dur coup au leadership du premier ministre. Une part toujours croissante de députés libéraux demande son départ, alors que d’autres choisissent ce moment pour mettre un terme à leur carrière politique.
Pour rajouter à ses malheurs, M. Trudeau n’avait plus d’alliés au Parlement et tous les partis d’opposition planifiaient de faire tomber son gouvernement minoritaire à la première occasion. L’opposition officielle comptait même user d’une procédure inhabituelle pour faire chuter le gouvernement dès la fin du mois de janvier.
Justin Trudeau, qui a eu 53 ans le jour de Noël, a martelé pendant plusieurs mois qu’il briguerait un nouveau mandat aux prochaines élections, dont lors de sa seule entrevue de fin d’année — accordée à l’émission humoristique This Hour Has 22 Minutes, au réseau CBC, peu avant la crise politique. Son parti pourrait avoir beaucoup de mal à le remplacer rapidement, à en croire ses règles internes.
Plusieurs médias canadiens rapportaient samedi que l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, avait déjà commencé à appeler des députés libéraux pour préparer sa candidature à la direction du parti.
Un Canada anxieux
Le climat d’incertitude provoquée par le départ de Justin Trudeau comme chef du gouvernement canadien survient alors que le pays se trouve dans une situation diplomatique des plus délicates avec son plus proche allié, les États-Unis. Une transition du pouvoir doit confier les rênes du pays au président désigné Donald Trump dans seulement deux semaines, le 20 janvier.
Trump, menace le Canada d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur tout ce qui entre dans son pays par sa frontière nord. Il a aussi pris l’habitude, ces dernière semaines, d’envoyer sur ses réseaux sociaux des messages ridiculisant Justin Trudeau, qu’il appelle « gouverneur du Canada ». Il a par exemple suggéré de le remplacer par l’ancien joueur de hockey Wayne Gretzky, le 26 décembre. Deux ministres canadiens se sont envolés pour la Floride le lendemain pour rencontrer l’entourage du futur président.