MONTREAL – Institut d’études internationales de Montréal (IEIM) – Hudson Michel est un professionnel dont le parcours reflète un engagement profond pour le développement local, tout en évoluant vers une expertise en coopération internationale. Son parcours académique et professionnel est davantage marqué par une passion pour les dynamiques de développement communautaires et les initiatives locales. Il agit comme chef de projet Haïti auprès de l’Institut d’études internationales de Montréal (IEIM) depuis juillet 2024.
Né en milieu rural et ayant grandi en milieu urbain en Haïti, Hudson a commencé son parcours académique avec une licence en économie, obtenue en 2002 à l’Université d’État d’Haïti, l’équivalent d’un baccalauréat au Canada. Cependant, son intérêt pour l’économie n’a pas été son choix initial. Jeune, il avait le désir de devenir agronome, une vocation encouragée par son père, technicien agricole qui embrassait également une vie professionnelle dans les organisations locales. Du fait des contraintes économiques, il s’est finalement orienté vers l’économie, une décision plus pragmatique que passionnée.
« Mes parents ne pouvaient pas payer l’université privée à Port-au-Prince du fait des frais de scolarité, les coûts de loyer, les frais de subsistance, qui étaient exorbitants pour eux. Il fallait donc aller à l’école publique de préférence. C’est pour cela que j’ai fait mes études à l’Université d’État d’Haïti. »
En parallèle de ses études universitaires, Hudson s’engage dans l’enseignement. À seulement 22 ans, il devient professeur de mathématiques et de physique dans un lycée local, une étape importante de son parcours. Cette expérience d’enseignant, tout en poursuivant ses études, lui a permis de renforcer ses compétences pédagogiques, ainsi que son engagement dans les communautés locales. Cependant, son intérêt pour les dynamiques communautaires s’affirme encore plus lorsqu’il s’implique dans le programme des Agents multiplicateurs de changement (AMC), organisé par le ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action Civique en Haïti. Cette formation intensive lui offre une compréhension approfondie des dynamiques communautaires et lui permet de travailler dans l’animation sportive et l’encadrement de jeunes dans des centres socioculturels. « Le problème après mes études secondaires, c’est que je n’ai pas pu aller à l’université tout de suite. Je suis d’abord allé enseigner les mathématiques et la physique dans le lycée de ma zone. »
L’une des étapes marquantes de sa carrière professionnelle survient en 2000, lorsqu’il décroche son premier poste dans une ONG haïtienne, le Groupe de Recherche et d’Actions pour le Développement du Far West (GRAF). Cette expérience fait grandir son intérêt pour le développement local et communautaire, ce qui le conduit à poursuivre des études en France, où il obtient une maîtrise en développement local au Centre International de Développement Local (CIEDEL) de l’Université Catholique de Lyon en 2009. Cette formation lui permet d’acquérir le titre d’expert en ingénierie de développement local.
De retour en Haïti avec cette nouvelle casquette, Hudson poursuit son travail avec des ONG locales et internationales. Il a occupé entre autres des postes techniques et de coordination dans diverses organisations, notamment Initiative Développement (une organisation internationale française d’initiative au développement) et ADEMA (Ansanm pou yon Demen Miyò). Ces expériences lui ont permis d’élaborer des plans communaux de développement, des schémas d’aménagement participatifs pour les collectivités territoriales.
Ses responsabilités incluaient la gestion d’équipes pluridisciplinaires, l’accompagnement des municipalités, l’appui aux organisations de la société civile et le développement de partenariats public-privé. Son expertise dans le domaine du développement local fait donc de lui une figure clé dans l’élaboration et la coordination de ces projets en Haïti, supervisant jusqu’à une douzaine de plans communaux pour diverses municipalités.
En 2011, après une période de travail sur le terrain, Hudson décide de rejoindre sa famille à Port-au-Prince. Peu après, il décroche un poste de coordinateur de programme pour Action Aid, une ONG britannique. Il y dirige des projets de grande envergure, en particulier un projet de relocalisation de 350 familles victimes du tremblement de terre de 2010. En 2014, il quitte ce poste pour se lancer dans des consultations, une nouvelle phase dans sa carrière qui lui permet de diversifier ses expériences tout en conservant un lien étroit avec le développement local et international.
Il s’installera plus tard au Canada en 2018, où il fera une maîtrise en gestion de projet à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), avant de devenir chargé de projet pour Haïti chez EQUITAS, une ONG spécialisée dans l’éducation aux droits humains. Poste qu’il occupera pendant 4 ans, avant de rejoindre l’IEIM en juillet 2024 en tant que chef du projet Haïti, un projet financé par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) visant à favoriser la concertation multi-acteurs en Haïti. Ce projet repose sur une recherche-action qui examine les dynamiques de concertation entre différents secteurs en Haïti, tels que la jeunesse, les droits humains, les femmes et les organisations paysannes, afin d’identifier les facteurs favorables à la concertation en Haïti. Ce travail de concertation vise à développer une feuille de route qui pourra servir aux acteurs locaux souhaitant contribuer à la mise en place d’un État de droit en Haïti.
Bien que l’essence de la gestion de projet soit d’apporter des solutions à des problèmes, Hudson identifie tout de même quelques défis qui influencent la mise en œuvre de ce projet qu’il coordonne. Ces défis sont notamment liés à l’insécurité et aux difficultés de communication en Haïti. Il indique que son équipe et lui doivent souvent travailler à distance, et les déplacements étant limités par le contexte sécuritaire du pays ne facilitent pas l’exécution de certaines missions. Malgré les contraintes, il reste optimiste et trouve des solutions aux divers obstacles rencontrés grâce à une anticipation constante et à une bonne gestion des risques. Il supervise des réunions régulières avec les partenaires, coordonne des entretiens et suit les évolutions des actions menées sur le terrain.
« Je travaille dans une ambiance collaborative vraiment intéressante, avec des collègues prêts à écouter et à offrir leur soutien. C’est très proactif, et je pense que notre collaboration est actuellement excellente et très positive. »
En dehors de ses activités professionnelles, Hudson est aussi fortement engagé dans des associations locales, tant en Haïti qu’au Canada. Il est vice-président de l’association Alter Action Jeunesse, une organisation qui travaille avec les jeunes ; et membre de l’organisation Action pour les Développements Durables et l’Innovation (ADDI). Cet engagement bénévole reflète son désir de continuer à contribuer au développement communautaire, au-delà de ses responsabilités professionnelles.
LIEN DE CET ARTICLE SUR LE SITE WEB DE L’INSTITUT D’ETUDES INTERNATIONALES DE MONTREAL (IEIM)