Washington – Agence France Presse (AFP) – Donald Trump a annoncé jeudi avoir été inculpé par la justice fédérale pour sa gestion des archives de la Maison-Blanche, nouvelle embûche pour le républicain qui souhaite reconquérir la présidence américaine en 2024.
« La corrompue administration Biden a informé mes avocats que j’ai été inculpé, vraisemblablement dans la fausse affaire des boîtes », a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.
Le milliardaire républicain précise avoir été convoqué mardi devant un tribunal fédéral à Miami.
C’est la première fois dans l’histoire des États-Unis qu’un ancien président fait face à une inculpation fédérale.
En mars, il avait déjà été inculpé par la justice de l’État de New York dans l’affaire de l’achat du silence d’une actrice de films pornographiques en 2016.
Cette fois-ci, il lui est reproché d’avoir conservé des cartons entiers de documents, y compris certains classés « secret défense », après son départ de Washington en 2021 et d’avoir refusé de les restituer, en violation des lois fédérales.
Selon plusieurs médias américains, il ferait face à sept chefs d’inculpation, pas encore rendus publics.
Donald Trump, qui devance pour l’instant largement les autres candidats à l’investiture républicaine, s’est toujours défendu de toute malversation et se présente comme victime d’une « persécution politique ».
« Je n’avais jamais imaginé qu’il serait possible qu’une telle chose arrive à un ancien président des États-Unis », a-t-il fustigé jeudi, dénonçant « un jour sombre » pour le pays.
« Comment le ministère de la Justice pourrait m’inculper alors que je n’ai rien fait », écrivait-il encore lundi sur Truth Social, au moment où ses avocats étaient reçus par des responsables de ce ministère.
Cette réunion avait été perçue comme le signal qu’une inculpation était imminente après des mois d’enquête, dont le point d’orgue fut la perquisition spectaculaire à son domicile de Floride, en août 2022.
11 000 documents
Aux États-Unis, une loi de 1978 oblige tout président américain à transmettre l’ensemble de ses e-mails, lettres et autres documents de travail aux Archives nationales. Une autre loi, sur l’espionnage, interdit à quiconque de conserver des documents classés confidentiels dans des lieux non autorisés et non sécurisés.
En quittant la présidence pour s’installer dans sa luxueuse résidence Mar-a-Lago, Donald Trump a pourtant emporté des boîtes entières de dossiers.
En janvier 2022, après plusieurs relances, il a accepté de restituer 15 cartons, comportant plus de 200 documents classifiés.
Dans un courrier, ses avocats avaient alors assuré qu’il n’y en avait pas d’autres.
Après examen, la police fédérale a toutefois estimé qu’il n’avait pas tout rendu et qu’il en conservait encore beaucoup dans son club à Palm Beach.
Des agents du FBI s’y sont rendus le 8 août, et ont saisi une trentaine d’autres boîtes, contenant 11 000 documents dont certains très sensibles, sur l’Iran ou la Chine.
Dénonçant avec force une opération médiatique, ses avocats avaient vivement reproché au FBI la publication, selon eux non nécessaire, d’une photo montrant des documents saisis estampillés de la mention « Top Secret », éparpillés sur une moquette au motif floral.
Pour faire taire les accusations de machination, le ministre de la Justice Merrick Garland a nommé en novembre un procureur spécial, Jack Smith, chargé de superviser cette enquête de manière indépendante, ainsi qu’une autre sur le rôle de Donald Trump dans l’assaut du Capitole.
Déboires
Un autre procureur spécial enquête en parallèle sur des documents classés confidentiels retrouvés en début d’année dans un ancien bureau et au domicile du président démocrate Joe Biden par ses avocats.
Ces trouvailles embarrassantes, ainsi que d’autres chez l’ex-vice-président Mike Pence, ont permis à Donald Trump de minimiser sa conduite, même si Joe Biden a toujours coopéré avec la justice, restituant de son plein gré les documents, en nombre bien moins important.
Le tribun républicain s’est également servi des découvertes chez son rival pour rallier ses partisans qui, à chaque fois que la justice le frappe, serrent les rangs autour de lui.
Ce fut notamment le cas en avril, peu après son inculpation par la justice de l’État de New York.
C’était la première fois dans l’histoire américaine qu’un ancien président faisait l’objet de poursuites pénales. Ces dernières n’ont donc pas tardé à se répéter et les déboires de Donald Trump ne s’arrêteront sans doute pas là.
Une procureure de l’État de Géorgie, qui enquête depuis des mois sur les pressions exercées par le républicain pour tenter de changer le résultat de la présidentielle de 2020, doit annoncer d’ici septembre le résultat de ses investigations.