Les tentatives d’explication de la ministre déléguée aux droits de l’homme et contre la pauvreté extrême par texte message envoyé au présentateur de l’émission peu après sa sortie fracassante du panel n’y changeront rien: Mme Auguste a bel et bien manqué de respect aux représentants de l’opposition et à la radio en ayant un tel écart de langage. L’agronome Jean André Victor n’a pas manqué de le souligner tout en notant l’incapacité de l’ancienne militante féministe à supporter un débat contradictoire; “ce qui l’a rendue agressive et insolente”.
Me Samuel Madistin, ancien camarade de classe de Mme Roxane Auguste n’a, en fait, pas regretté son depart précipité arguant que sans elle, les discussions seraient plus constructives car, avec elle, c’est l’arrogance et l’insolence qui dominaient. Le député Saurel Jacinthe se dit “tombé des nues” et l’ancien député Hugue Celestin aussi, alors que le sénateur Moyse Jn Charles interprète la sortie “Kamikaze” de Mme Auguste à un aveu d’impuissante (elle s’est sauvée, dit le parlementaire).
Le secretaire d’Etat à la Communication, Guyler Cius Delva a cherché des circonstances atténuantes à l’attitude de la ministre Auguste en arguant qu’elle s’est sentie agressée tout comme Mme Stephanie Balmir Vildrouin (que Roxane avait invitée à quitter le panel avec elle) ! La ministre du Tourisme qui a été vivement “attaquée” par le sénateur Jn Charles qui l’a qualifiée de citoyenne américaine venue défendre des plans de développement touristique conçus et initiés sous les administrations de Aristide et de Préval a eu une réaction plutôt réfléchie qui contraste avec l’arrogance de Mme Auguste.
Mme Villedrouin a invité le parlementaire à fournir la preuve de sa citoyenneté étrangère au risque de se déjuger lui-même (Oui, je peux venir avec la preuve que vous avez votée aux USA, a encore avancé M. Jn Charles). Dans le fond de l’émission (il y avait bien un fond), Mme Roxane Auguste avait tenté d’expliquer que le gouvernement auquel il appartient a bien une sensibilité sociale puisqu’il est venu avec des programmes pour soulager la misère des plus pauvres comme “ti manman chérie ou Abas grangou” (Guy Delava a ajouté la carte rose et l’éducation gratuite qu’aucun pouvoir depuis l’indépendance n’avait tentés).
En choeur, l’ancien sénateur Madistin et Moyse Jn Charles (en réalité l’un après l’autre) sont venus avec des arguments pour prendre le contre-pied de cette thèse en indiquant que si le pouvoir était conscient de l’extrême complexité de la situation, il ne changerait pas sa flotte de véhicules après seulement 6 mois de service, il ne voyagerait pas pour New-York avec une délégation forte de plus d’une quarantaine de personnes, il n’acheterait pas des Polaris pour se la couler douce. L’ancien député de Limonade-Quartier Morin a mis lui-même l’accent sur le népotisme de l’Administration-Martelly avec des avantages extraordinaires accordés à l’épouse du président et son fils qui gèrent des fonds de l’Etat sans être des comptables de deniers publics. Guy Delva et Roxane Auguste ont tenté de démentir mais, Me Madistin est revenu avec en mains les deux arrêtés présidentiels légitimant les faits avancés par M. Célestin (Me Newton St-Juste s’était empressé de les lui apporter).
“Ceci est absolument scandaleux et je ne vois pas comment Mme Auguste peut accepter d’être ministre dans un gouvernement pour seulement superviser des programmes (Ti manman cherie ou Abas Grangou) pilotés par Mme Sophia Martelly, s’est encore demandé Me Madistin qui s’est plus loin adressé au président Martelly en ces termes: “Tu as un mandat de cinq ans et je serais d’avis qu’il soit respecté mais, si tu sens, en restant accroché au pouvoir, sans avoir la capacité de délivrer la marchandise, tu feras plus de tort au pays, je t’encouragerais à tirer la conclusion qui s’impose et t’en aller”. L’agronome Victor a ajouté dans la même veine que M. Martelly n’a pas créé la vie chère mais, il avait le choix entre commencer à résoudre les problèmes ou les aggraver et, sans conteste, il a choisi la deuxième option et les forces démocratiques n’ont d’autres choix que de supporter les manifestations qui visent à lui rappeler ses promesses de campagne ou l’obliger à s’en aller s’il ne peut pas les satisfaire.
Dans les temps additionnels, l’ancien ministre de la Justice (sous Préval), Paul Denis est passé pour dénoncer les dérives du président Martelly et inviter la population à se mobiliser; le porte-parole de la présidence, Lucien Jura qui est arrivé en toute hâte, a soutenu que “l’appel à la mobilisation est irresponsable et illogique car, le pouvoir travaille à satisfaire les revendications légitimes du peuple”. M. Jura a pris les contre-pieds des déclarations du premier ministre Lamothe qui avait affirmé à Carrefour-Feuille, il y a une quinzaine de jours, qu’une commande de 300.000 sacs de riz avait été passée pour faire face à la vie chère.
“En fait, il s’agit d’un don du Japon de préférence”, a rectifié le porte-parole de la présidence sous les applaudissements de l’opposition, sûre d’avoir prouvé une scission plus que patente entre la présidence et la primature. Mais, en réalité, la rectification, la ministre des Finances l’avait déjà faite. Arnel Belizaire aime ce coté sérieux chez Mme Marie Carmelle Jean-Marie. “Elle fait les choses en vraie technicienne et elle ne veut pas tomber dans la démagogie et la mégalomanie du pouvoir”, dit le député de Delmas/Tabarre. “Et c’est pour ca que vous voulez la révoquer”, dit le parlementaire à l’adresse des deux ministres.
Photos de Wilner St-Val
