Thursday, April 25, 2024
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Ranmase: “Haiti, un État d’exception non déclaré”, Me Samuel Madistin

Invités à Ranmase le 16 Mars 2013 (Photo de Wilner St-Val)Tant bien que mal, Me Kedler Augustin, porte-parole du premier ministre qui décidément aime ces situations compliquées a tiré son épingle du jeu mais, il a eu vraiment chaud en début d’émission sur des coups de boutoir du professeur Sauveur Pierre Etienne et de l’ancien sénateur Madistin qui ont eu du mal à s’expliquer que le jeune juriste ait accepté d’être porte-parole du premier ministre et non de la primature. Le député Arnel Bélizaire va enfoncer le clou dans la plaie en indiquant ne plus reconnaître celui qui fut, il y a pas si longtemps, son professeur tant Me Augustin se lance dans des débats et des défenses de causes (impossibles) qui n’ont rien à voir avec ce qu’il lui enseignait dans le domaine du droit.
Seul représentant du pouvoir à accepter de se “faire immoler” (venir affronter l’opposition à l’émission), Me Kedler Augustin a aussi dû faire face à l’ancien député Hugue Célestin qui refuse que le palais national soit la seule cible des critiques pour la corruption et les malversations qui s’installent en système, le premier ministre Laurent Lamothe est lui aussi un champion en matière de mauvaise gouvernance et de gabegie administrative, a dit l’ancien parlementaire.

Le sénateur Moyse Jn Charles qui est venu à l’émission avec de nouvelles accusations sur des plans machiavéliques du pouvoir pour accaparer tous les postes à pourvoir aux prochaines compétitions électorales a trouvé une certaine opposition du côté de Me Augustin qui a rappelé au parlementaire certaines mauvaises pratiques en cours sous l’Administration antérieure (René Préval) qui était d’ailleurs le pouvoir du sénateur Jn Charles. Nullement déstabilisé, le parlementaire révèle que le président Martelly cherche à récompenser la famille de l’ancien général Raymond qui l’avait hébergé dans ses années de jeunesse quand les choses ne tournaient pas rond pour lui.

“Il a déjà casé un fils au service d’Immigration, une autre fille va être nommée au CEP dont il s’est déjà assuré une majorité pour contrôler le scrutin à venir”. Moyse Jn Charles qui décidément sait tout ce qui se passe dans les couloirs du pouvoir a par ailleurs confié que le chef de l’Etat est entré dans une colère bleue récemment à une réunion du PSP -Parlementaires pour la Stabilité et le Progrès- (la majorité présidentielle à la chambre des députés) accusant les parlementaires y compris le président Tholbert Alexis de n’éprouver aucune gêne à venir chercher leur “ti manman chérie” alors qu’ils rechignent quand il s’agit de faire des choix en faveur du pouvoir pour la désignation des représentants du parlement au CTCEP.

Le député Sadrac Dieudonné, président du bloc minoritaire à la chambre des députés (PRI, Parlementaires pour le Renforcement Institutionnel) et qui avait reçu les félicitations de l’ancien député Hugue Célestin pour son courage et sa conviction est allé dans le même sens que le sénateur Jn Charles pour indiquer que la chambre des députés est devenue une annexe du palais national avec un bureau qui refuse systématiquement le débat imposé par les députés minoritaires de l’opposition. “Je souscrits totalement en ce sens au geste du député Bélizaire puisque c’était le seul moyen d’empêcher au président Tholbert de franchir la limite qu’il s’était fixé”, a dit un Sadrac Dieudonné qui se montre très inquiet par rapport à l’orientation “anti-démocratique” du pouvoir. Le député de Port Salut, Cinal Bertrand qui ne croit plus dans le leadership de Tholbert Alexis confie que lors de la séance, il se dirigeait tout droit vers celui-ci pour lui arracher le micro des mains et l’empêcher de continuer à présider la séance quand il a été “barré” par des collègues.

“En réalité, Arnel est venu à la rescousse en renversant les bureaux mais, c’est moi qui avais commencé et je comptais par tous les moyens empêcher le vote de cette loi (blanchiment des capitaux et le terrorisme) et je vais refaire la même chose à la séance prévue pour mardi prochain), a confié le parlementaire.

Sauveur Pierre Etienne dénonce le népotisme et le “copinage” qui caractérisent la gestion du pouvoir mais, il ne souhaite pas qu’il parte avant le terme de son mandat pour ne pas lui donner le prétexte qu’il aurait pu faire quelque chose s’il n’avait pas été “dechouké”. Moyse Jean Charles et Hugue Célestin ne sont pas du tout d’accord avec cette approche. “Peyi ap fini si Martelly fe menm 1 an anko”, a dit le bouillant sénateur du Nord appelant le peuple à la mobilisation.

Le terme “mobilisation” était repris par le dirigeant du MPNKP, Chavannes Jn Baptiste qui annonçait un rassemblement et une marche de plus de 40000 paysans dans le plateau central (Papaye) vendredi prochain à l’occasion du 40e congrès de ce mouvement paysan pour dénoncer les injustices sociales et les dérives autoritaires du pouvoir. Chavannes Jn Baptiste dont le représentant délégué pour       concourir au parlement pour le poste de membre du CTCEP a été écarté a crié au scandale en épinglant les “heureux choisis” dont le candidat de l’ANMH (Me Néhemie Joseph) qui n’aurait pas eu de dossier à l’appui de sa candidature.

La réaction de Lilianne Pierre Paul, présidente de l’ANMH (par téléphone) ne s’est pas fait attendre et a accusé Chavanne Jn Baptiste et le sénateur William Jeanty de mener une campagne contre l’Association dans cette affaire alors qu’elle n’avait fait que répondre à une invitation de candidature de ce même sénateur. La coordonnatrice de la SOFA, Marie Frantz Joachim dont la représentante, le Dr Lise Mie Déjean a aussi été écartée s’en est prise à l’OPL et particulièrement au sénateur Riché  qui aurait tout fait pour que ce nom soit rayé de la liste sous prétexte que l’ancien ministre Déjean soit membre du KOREGA de Maxime Roumer, proche du pouvoir Martelly. Le sénateur Riché (au téléphone) a nié en bloc ces critiques et a accusé son collègue William Jeanty. Sauveur Pierre Etienne a confié que les 4 sénateurs de l’OPL avaient même voté en faveur de Mme Dejean.

Au professeur Pierre Etienne qui avait indiqué que son parti se considère fonctionner sous l’égide de la Constitution de 1987, lançant un véritable défi au pouvoir (l’invitant à l’arrêter pour ses propos dérangeant pour l’ordre républicain et l’amendement publié), Me Samuel Madistin est allé plus loin en confiant que nous ne sommes en réalité sous l’égide d’aucune constitution. “C’est un État d’exception non déclaré”, a-t-il dit pour clôturer cette émission présentée dans un studio flambant neuf, sans doute le plus moderne de toute la région (Caraibe).

Photos : Wilner St-Val

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