Thursday, April 25, 2024
HomeHAITISportsPremier titre national du Valencia

Premier titre national du Valencia

Valenecia de LéoganeLa constance dans l’effort du Valencia de Léogâne fondé en juin 1972 aura provoqué une récompense proportionnelle : le premier titre national. Comme le veut une des lois de la vie, un succès consistant a le pouvoir de rendre légitimes et nécessaires les témoignages sur les temps de grande souffrance, dans le cas du Valencia : les difficultés financières, les sanctions disciplinaires de la FHF et, surtout, les séjours en Deuxième Division, quatre depuis 1989, et leurs lots de voyages sur des terrains improbables marqués entre autres par la raréfaction des supporteurs…
Alors, certains vrais fans endurcis peuvent laisser couler quelques larmes de nostalgie qui métamorphosent les frustrations d’hier en dose de self-estime et qui, mêlées à celles de joie sur des joues attendries, définissent avec autorité la si difficile notion de bonheur.

C’est que les générations futures recevront le legs d’une histoire qui a commencé, dans la souffrance,  en vert et rouge, avec des pionniers qui ont noms Claude « To » Coimin, Ferdinand Clément, René Antoine, Rodrigue Rousseau, Achille Casimir, Ducarmel Dorélien, le rouge laissant la place progressivement au blanc, sans doute pour marquer plus encore la différence avec le frère ennemi, le Cavaly, dont le rouge apparaît comme un attribut exclusif, et exécuter les recommandations des oracles toujours nombreux et écoutés quand les difficultés s’amoncellent. Il n’est pas impossible que certains de ceux-ci aient prévu que le Valencia devait être champion en marquant 67 buts, 67 comme l’ordre des lettres cumulées formant le mot valencia, 22e de v, 1e de a, 12e de l, etc.

Et les contraintes sportives ne s’annonçaient guère moins amères à l’orée de la saison 2012. Les clubs saint-marcois, le Baltimore et le Tempête, ne semblaient pas vouloir se proposer un autre régime que collecter les titres en jeu; le glouton FICA avait retrouvé sa place en Première Division ; l’Aigle Noir pouvait se prévaloir d’un effectif solide, et l’America des Cayes flirtait avec le titre depuis les deux saisons qu’il se logeait en Première Division. En outre, la réduction à 12 des locataires de l’élite et l’appendice à 6 d’une deuxième partie de saison étaient promesse d’un niveau de compétition ardue. Qu’on se le rappelle : les 6 premiers gagnaient automatiquement leur place en Super 8 Digicel et devaient se battre pour le titre en continuant avec les points cumulés, les 6 derniers idem mais pour gagner deux strapontins en Super 8 et éviter les deux dernières places de relégation  après les 22 matchs de l’aller et du retour.

Les dirigeants du Valencia menés par Guston Jean-Louis s’empoignèrent des cornes du taureau par le recrutement de l’entraîneur Sonche Pierre, assisté d’un authentique fils de la maison Frantz Décembre, auxquels furent donnés les moyens d’une entame de préparation méthodique et scrupuleuse avant même que les autres concurrents recommencent à travailler. Renforcement musculaire en salle, footing, matériels didactiques sur le terrain d’entraînement pour des séances technico-tactiques et physiques, l’effectif avait montré de bons signes lors du « Tournoi de Solidarité » avec Léogâne endolorie par le séisme du 12 janvier 2010, organisé par l’OIM au Stade Sylvio Cator et remporté déjà par les Verts léogânais.

Cette bonne préparation n’aurait pas eu l’effet escompté sans des joueurs de qualité. En 2011 déjà, étaient recrutés Jean Robert Jean, Mardochee  Pierre (Roulado) et Machenzie Duverger. Et à l’intersaison,  le portier international capois Montrévil et Walson Augustin du Don Bosco, Sony Labranche de Tempête, le brillant arrière gauche international junior  Dany Jean Maurice et Ronald Léandre de Carrefour, Walson Augustin de Tempête, les anciens Cavalystes André Amy (Don Bosco), Fritzgérald Alliance (Racing), Chadelson Charlemagne (Baltimore), vinrent renforcer le groupe qu’animaient avec un certain brio les Harold Sanon, Emerson Michel et Géraldy Joseph. Celui-ci aura été le plus méritant des champions 2012 en ayant été le plus régulier – il a joué tous les 32 matchs et a marqué 7 buts-  un de moins que Walson Augustin (8), mais un de plus que André Amy et Emerson Michel (6 chacun). Jusqu’à l’un des internationaux les plus capés, Frantz Gilles du Cavaly, était sur les tablettes du Valencia, projet contrarié par l’intransigeance des dirigeants rouges. « C’est le Valencia de la reconstruction qui a remporté le titre », clame avec satisfaction Guston Jean-Louis.

Si le début de la saison fut marqué par une défaite à domicile infligée par le Fica lors de la troisième journée et le départ de Sonche Pierre après le 11e match alors que le futur champion était 9e dans un classement extrêmement serré à seulement 6 points du leader America, se souvient Jean-Louis, la suite fut d’une grande jouissance, d’autant plus que l’équipe alors entraînée par Frantz Décembre, ancien adjoint de Sonche Pierre, délivrait à chaque sortie un football de qualité salué par tous les observateurs. Au second tour en effet, les velléitaires America, Fica, Tempête, Baltimore, furent emportés par la vague léogânaise, championne mathématiquement à trois journées de la fin. Seule ombre au tableau : 6 points gagnés sur tapis vert aux dépens du Violette et surtout de Tempête, concurrent immédiat.

2012, année de tous les bonheurs, même si en demi-finale de Super 8 contre Tempête, un coup de Mardochée Pierre, selon l’arbitre assistant victime, a coupé l’élan victorieux, le Tempête se qualifiant sans avoir à jouer le match retour à Léogâne. Retour du bâton ? Peutêtre. Retour du baton aussi pour le Cavaly que le Valencia a pour la première fois battu en championnat national, 2-0 au premier tour. Comme si, vraiment, un bonheur ne vient jamais seul.

Patrice Dumont

Patricedumont21@hotmail.com

- Advertisment -

LES PLUS RECENTES