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Massachusetts – L’économiste Jean-Yves Joseph analyse les répercussions économiques des tarifs douaniers imposés par l’administration Trump

Brockton, 2 juin 2025 – Par YVES CAJUSTE, InfoHaïti.net – Invité de l’émission Yon Lòt Son Kloch diffusée sur MCTV (18 villes dans le Massachusetts), l’économiste Jean-Yves Joseph a livré une analyse détaillée des conséquences économiques et répercussions politiques (électorales) liées à la politique commerciale menée par l’administration du président Donald Trump.

Animé par Julio Midy, l’entretien s’est concentré sur les répercussions des nouveaux tarifs douaniers imposés aux partenaires commerciaux des États-Unis, avec un accent particulier sur leurs effets sur la production nationale, les prix à la consommation et le marché de l’emploi.

Une politique tarifaire aux effets multiples

Jean-Yves Joseph a rappelé que depuis janvier 2025, les États-Unis ont renforcé leur politique tarifaire à l’égard de nombreux pays, y compris leurs alliés et partenaires commerciaux traditionnels tels que le Canada, le Mexique et les États membres de l’Union européenne. Des États considérés comme rivaux, notamment la Chine, figurent également parmi les pays visés. Les hausses tarifaires appliquées varient fortement, oscillant entre 30 % et 80 %, selon les produits concernés.

Cette volatilité, selon l’économiste, introduit un climat d’incertitude pour les acteurs économiques et entrave la stabilité des échanges commerciaux. Elle freine également les investissements à long terme et complique la planification stratégique des entreprises, tant à l’échelle nationale qu’internationale.

Relations avec la Chine : interdépendance et tensions commerciales

Évoquant spécifiquement le cas de la Chine, M. Joseph a souligné que Pékin a répondu à ces mesures non seulement par des contre-tarifs, mais également par des restrictions ciblées à l’exportation de matières premières et de composants stratégiques. L’acier et d’autres produits semi-finis indispensables à plusieurs filières industrielles américaines – électronique, automobile, télécommunications – font l’objet de limitations.

De nombreuses entreprises américaines, telles qu’Apple, dépendent de chaînes d’approvisionnement internationales étroitement liées à la Chine. La réduction de l’accès à ces intrants essentiels perturbe les capacités de production, entraîne une hausse des coûts et se traduit, inévitablement, par une augmentation des prix à la consommation.

Hausse des prix à la consommation

L’économiste a observé que les conséquences de cette politique tarifaire se manifestent déjà dans le quotidien des ménages américains. Les prix des produits électroniques, des appareils électroménagers et de certaines denrées de base, comme les œufs, ont connu une nette augmentation. Dans certaines régions, le prix d’une boîte d’œufs a atteint des niveaux exceptionnellement élevés.

Cette hausse serait notamment liée aux surtaxes sur les importations canadiennes et mexicaines, à la désorganisation des chaînes d’approvisionnement, ainsi qu’à la dépendance accrue des États-Unis à l’égard de certains produits agricoles importés, comme le riz vietnamien, les avocats mexicains ou encore les fruits en provenance d’Amérique du Sud.

Main-d’œuvre agricole et mesures migratoires

Abordant la question migratoire, Jean-Yves Joseph a indiqué que les récentes opérations de l’ICE (Immigration and Customs Enforcement) affectent le secteur agricole. Une grande partie des ouvriers intervenant dans les travaux de récolte sont des travailleurs sans papiers. Face aux risques d’interpellation, certains ont quitté les zones rurales, tandis que d’autres ont pris la route de l’émigration.

Ce retrait de la main-d’œuvre disponible provoque une diminution de la production agricole, accentue les tensions sur les prix, et affecte également d’autres secteurs, comme le bâtiment, où plusieurs chantiers ont dû être suspendus faute de personnel.

Pressions sur les grandes chaînes de distribution

L’administration Trump a tenté, selon l’économiste, d’éviter que la hausse des tarifs ne se répercute sur les consommateurs en exerçant des pressions sur les grandes enseignes. C’est le cas notamment de Walmart, à qui il a été demandé de ne pas augmenter ses prix en dépit de la hausse des coûts d’importation.

Joseph a également mentionné une initiative lancée par Amazon, qui avait publié un tableau comparatif des prix avant et après l’application des tarifs. Ce document, qui mettait en évidence des hausses significatives, aurait été rapidement retiré sous pression politique, selon l’économiste.

Défis liés à la relocalisation industrielle

L’objectif affiché par l’administration fédérale d’encourager le retour des activités industrielles sur le territoire national se heurte à plusieurs obstacles structurels : coûts salariaux élevés, exigences réglementaires, obligations sociales, normes environnementales, a précisé Jean-Yves Joseph.

Il a souligné que les entreprises multinationales ont, depuis des années, investi dans des sites de production situés non seulement en Chine, mais aussi au Vietnam, à Singapour, en Colombie, au Chili, au Mexique et en République dominicaine. Ces implantations bénéficient souvent de régulations moins contraignantes et de conditions fiscales plus favorables que celles en vigueur aux États-Unis.

Vers un impact électoral en 2026 ?

À la fin de l’émission, Julio Midy a interrogé son invité sur les éventuelles répercussions politiques de cette politique économique à l’approche des élections de mi-mandat prévues en 2026. Jean-Yves Joseph a estimé que plusieurs États du Midwest, traditionnellement acquis au Parti républicain, pourraient connaître un changement d’orientation électorale.

La hausse du coût de la vie, les difficultés rencontrées dans les secteurs agricoles, industriels et de la distribution, ainsi que l’insatisfaction croissante de certains électeurs, notamment dans les milieux ruraux, pourraient affaiblir la majorité républicaine à la Chambre des représentants et au Sénat. Il a également noté que plusieurs élus républicains commencent déjà à prendre leurs distances avec les décisions économiques du président Trump, en particulier lorsque celles-ci s’avèrent impopulaires au sein de leurs circonscriptions.

L’EMISSION DANS SON INTEGRALITE :

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