Nations-Unies – (New-York) – (Source : UN News) – La violence des gangs en Haïti continue de s’intensifier, déplaçant des milliers de personnes de Port-au-Prince et mettant à rude épreuve les ressources d’aide déjà limitées, selon la Coordinatrice résidente des Nations Unies, Ulrika Richardson, alors que le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni mercredi pour faire le point sur la situation dans ce pays.
Mme Richardson a informé les journalistes à New York de la détérioration de la situation en Haïti, qui s’est considérablement dégradée depuis l’installation d’un nouveau Premier ministre le 11 novembre.
Le bilan vérifié des violences des gangs cette année a atteint plus de 4.000 morts, bien que les chiffres réels soient probablement plus élevés, et on estime que 700.000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays – la moitié d’entre elles étant des enfants actuellement incapables de poursuivre leur scolarité.
« Nous voyons ces derniers jours des milliers de personnes qui ont dû à nouveau quitter leur domicile », a dit Mme Richardson, exprimant sa profonde inquiétude face à l’escalade des meurtres, des lynchages et des gains territoriaux des gangs qui consolident désormais leur emprise sur la capitale.
Le chaos s’empare de Port-au-Prince
Dans une déclaration publiée mercredi, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a également exprimé sa profonde inquiétude face à l’intensification de la violence dans la capitale Port-au-Prince, où une coalition de gangs se dispute le contrôle total de la ville.
Rien que la semaine dernière, au moins 150 personnes ont été tuées, 92 blessées et environ 20.000 ont été contraintes de fuir leur domicile.
« Les quelque quatre millions d’habitants de Port-au-Prince sont pratiquement retenus en otage, car les gangs contrôlent désormais toutes les routes principales qui mènent à la capitale », a déclaré M. Türk.
Une réponse humanitaire sous pression
Malgré d’immenses défis, les opérations humanitaires se poursuivent et l’ONU s’est engagée à rester sur place et à venir en aide au peuple haïtien.
L’ONU fournit des repas quotidiens, de l’eau potable et des soins médicaux aux populations déplacées. « Le soutien a été extrêmement intense pendant des opérations très, très difficiles », a déclaré Mme Richardson.
Après les perturbations causées par la fermeture de l’aéroport, les hélicoptères humanitaires de l’ONU ont repris leurs vols cette semaine, permettant la livraison de fournitures essentielles et la relocalisation du personnel en Haïti.
« [Nous essayons], bien sûr, de relocaliser une grande partie de notre personnel international dans les départements afin de pouvoir poursuivre le travail de développement que nous menons dans tout le pays », a expliqué Mme Richardson.
Mardi, le Secrétaire général a réitéré son appel aux États membres pour qu’ils renforcent leur soutien à la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) qui appuie la force de police d’Haïti et qui est dirigée par des officiers du Kenya.
« La violence des gangs ne doit pas l’emporter sur les institutions de l’État. Des mesures concrètes doivent être prises pour renforcer la force de police haïtienne et soutenir la Mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti afin de protéger la population et de rétablir un Etat de droit effectif », a également dit M. Türk.
Des progrès contre les gangs sont possibles
Mme Richardson a souligné un incident récent au cours duquel des gangs ont tenté de prendre le contrôle de Pétion-Ville mais ont été repoussés par la police et les résidents.
« Cela montre également à la fois l’intention mais aussi la capacité de la [police] à gagner réellement du territoire dans toute la capitale », a-t-elle déclaré, saluant le courage des forces de l’ordre locales tout en reconnaissant les défis importants auxquels elles sont confrontées.
« Nous appelons les États membres à apporter le soutien nécessaire à la Mission multinationale de soutien à la sécurité afin qu’elle puisse à son tour soutenir la police nationale, mais aussi nous permettre de fournir notre aide humanitaire », a-t-elle souligné.