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Décès du pape François à 88 ans : une ère de réformes, d’humilité et de proximité s’achève

21 Avril 2025 – INFOHAITI.NET- Sources : Presse francophone – Le Vatican a annoncé ce lundi 21 avril 2025 le décès du pape François à l’âge de 88 ans, des suites de complications liées à une double pneumonie contractée en février. Moins d’un mois après sa sortie de l’hôpital, affaibli mais toujours présent, il apparaissait pour la dernière fois en public à l’occasion des célébrations pascales. Avec sa disparition, l’Église catholique perd une figure singulière, souvent qualifiée de pape des premières.

Né Jorge Mario Bergoglio à Buenos Aires, en Argentine, en 1936, le pape François restera dans l’histoire comme le premier pape issu du continent américain, le premier jésuite à accéder au trône pontifical, mais aussi comme un chef spirituel qui aura transformé l’image et les priorités de l’Église. Refusant le titre de « François Ier », il avait choisi de porter simplement le nom de François, en hommage explicite à saint François d’Assise, symbole d’humilité et de fraternité universelle.

Une rupture avec les fastes pontificaux

Dès son élection en mars 2013, le ton était donné : « Avant de vous bénir, je vous demande une faveur : priez pour moi », lançait-il à la foule place Saint-Pierre. Loin des attitudes hiératiques, il s’adressait au monde comme un homme ordinaire, fidèle à sa volonté de ramener l’Église auprès des plus humbles.

Son style personnel, marqué par une sobriété radicale, rompait avec les usages pontificaux. Là où son prédécesseur Benoît XVI n’hésitait pas à arborer des vêtements liturgiques richement brodés, François optait pour une soutane blanche simple, vivait dans un petit appartement au Vatican, se déplaçait en voitures modestes et refusait de s’installer dans les palais épiscopaux lorsqu’il était encore archevêque de Buenos Aires.

Dès les premiers mois de son pontificat, il effectuait un geste hautement symbolique : le lavement des pieds de douze détenus dans une prison de Rome, dont deux femmes, rompant avec la tradition ecclésiastique à la fois sur le lieu et les personnes choisies.

Le pape François a voulu une Église « pauvre pour les pauvres ». Il initie les « vendredis de la miséricorde » : des visites mensuelles à des personnes marginalisées — sans-abri, prisonniers, femmes violentées. À son initiative, des douches sont installées pour les sans-abri autour du Vatican, et il multiplie les gestes concrets d’attention envers les laissés-pour-compte.

Cette pastorale de proximité s’inscrit dans une vision plus large d’une Église ouverte, réformée, accueillante. Sous son pontificat, l’écologie entre pour la première fois dans le discours doctrinal avec l’encyclique Laudato si’, publiée en 2015. Il y appelle à la sauvegarde de la « maison commune » face aux excès du capitalisme et à la crise climatique.

Il se positionne également en faveur d’un accueil plus humain des migrants, d’une plus grande inclusion des personnes LGBT+, et d’une réflexion ouverte sur le célibat des prêtres. Des sujets qui, tout au long de son règne, susciteront de profondes tensions au sein de la Curie et du monde catholique.

Un pape de la réconciliation

François aura marqué un tournant dans les relations entre l’Église catholique et les peuples autochtones, notamment au Canada. En juillet 2022, il entreprend un « pèlerinage de pénitence » dans plusieurs provinces canadiennes, qualifiant de « génocide » les sévices infligés dans les pensionnats autochtones administrés par des congrégations catholiques.

S’il se contente de blâmer des « croyants » et non l’Église dans son ensemble, le geste est historique. Il sera suivi, en 2023, d’une déclaration du Vatican rejetant la « doctrine de la découverte », fondement idéologique utilisé pour justifier la colonisation des Amériques.

Ce désir d’unité s’étend également aux autres religions. Sa première visite en Terre Sainte est marquée par sa présence aux côtés d’un rabbin et d’un imam argentins, ses amis de longue date. L’image d’un pape bâtisseur de ponts aura traversé son pontificat.

Une émotion mondiale

À l’annonce de son décès, la place Saint-Pierre à Rome s’est remplie de fidèles et de curieux venus rendre un dernier hommage. « C’est un grand pape qui est parti », affirme Fabio Malvesi, ému, cigarette à la main. Les cloches ont sonné à 10 h 35 dans toutes les églises de Rome. Des bénévoles guident les pèlerins, et les caméras du monde entier se braquent déjà sur le Vatican.

Parmi les fidèles, Cristina Borsetto, venue de Padoue, confie : « Il représentait Dieu, mais il n’était jamais trop éloigné des gens ordinaires. » La tristesse est palpable, notamment chez les Sud-Américains et les jeunes venus vivre l’année jubilaire. Royben Noris, un Vénézuélien de 33 ans, peine à retenir ses larmes : « Hier encore, il était là, sans oxygène, faisant le tour de la place Saint-Pierre. »

L’heure du conclave

La mort du pape ouvre la voie à l’élection de son successeur, dans les quinze à vingt jours. Comme le veut la tradition, seuls les cardinaux de moins de 80 ans peuvent voter lors du conclave, qui se tient à huis clos dans la chapelle Sixtine.

Parmi les prétendants les plus cités : Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille. Proche de François, ce prélat né en Algérie et engagé dans les questions migratoires est apprécié pour sa douceur et son ouverture.

Trois Italiens se détachent également : Pietro Parolin, secrétaire d’État du Vatican, diplomate chevronné ; Matteo Zuppi, archevêque de Bologne, progressiste et proche des cercles sociaux ; et Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, expert du Moyen-Orient.

D’autres noms émergent à l’échelle mondiale. L’Asiatique Luis Antonio Tagle, ancien archevêque de Manille, est charismatique, connecté aux jeunes via les réseaux sociaux. Côté africain, le conservateur Robert Sarah, ancien archevêque de Conakry, reste une figure influente, bien que son âge (80 ans en juin) pourrait le disqualifier.

Une succession délicate

Le pape François laisse derrière lui une Église transformée, mais aussi traversée par des tensions idéologiques profondes. Le choix de son successeur devra concilier la volonté de continuité avec les réformes entreprises et les aspirations plus traditionnalistes d’une partie du clergé.

Quelle que soit l’issue du conclave, François restera dans l’histoire comme un pape qui aura osé rapprocher l’Église des pauvres, du monde et de son temps. Un pontife qui, sans renier la foi, aura rappelé que la charité, l’écoute et l’humilité sont les piliers de toute autorité spirituelle.

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