«Nous devons montrer ce que nous, démocrates, faisons concrètement pour améliorer la vie des gens. »
Boston, 29 avril 2025 – InfoHaiti.net – Organisé par le réseau américain MEDIASTOUCH, un town hall virtuel réunissant quatre gouverneurs démocrates – Maura Healey (Massachusetts), J.B. Pritzker (Illinois), Tim Walz (Minnesota) et Kathy Hochul (New York) a été diffusé hier soir en direct pour faire le point sur les 100 premiers jours du président Donald Trump à la Maison-Blanche. Durant cette émission, les dirigeants des États invités ont répondu à des questions posées par des citoyens, avec un accent particulier sur les conséquences concrètes des premières décisions du président sur leurs États respectifs.
Intervenant depuis le Massachusetts, la gouverneure Maura Healey a livré une évaluation sans appel de cette nouvelle administration, qu’elle qualifie de « bien pire que Trump 1 ».
« Le seul domaine sur lequel il a basé sa campagne, l’économie, est un échec total », a déclaré d’emblée Healey. « Il ne fait qu’aggraver le coût de la vie, rendre les choses plus difficiles pour les résidents, les entreprises, pour l’économie en général. »
Ancienne procureure générale du Massachusetts, Maura Healey a rappelé avoir intenté des centaines de poursuites judiciaires contre l’administration Trump lors de son premier mandat présidentiel. « Et je peux vous dire que cette administration est bien plus dangereuse que la précédente. Les cent premiers jours le prouvent amplement. »
Elle a dénoncé plusieurs décisions récentes ayant un impact direct sur le Massachusetts. « Nous avons vu ici, dans le Massachusetts, le licenciement de médecins et d’infirmières dans nos hôpitaux pour anciens combattants, ce qui a pour effet de priver nos vétérans de soins essentiels. »
Maura Healey a aussi évoqué les coupes budgétaires affectant les institutions de recherche de l’État. « Cela signifie que des chercheurs engagés dans des projets vitaux sur l’ALS, Alzheimer, ou le cancer sont contraints d’interrompre leurs essais cliniques. »
Sur le plan économique, la gouverneure a cité les tarifs douaniers imposés par Trump comme un obstacle majeur à ses efforts pour résoudre la crise du logement. « J’ai fait adopter un plan de 5 milliards de dollars pour construire davantage de logements. Et que fait Donald Trump ? Il impose des tarifs sur le bois en provenance du Canada, sur le gypse venu du Mexique… tout ce dont nous avons besoin pour construire. Il complique les choses alors que nous essayons de faire baisser les coûts. »
Elle a également fustigé l’impact des décisions présidentielles sur l’inflation : « J’ai entendu Trump ce soir encore mentir à la télévision. Il disait que les prix avaient baissé, mais les œufs coûtent toujours plus de six dollars la douzaine. C’est la réalité. »
S’exprimant sur les questions d’éducation et de recherche universitaire, Maura Healey a mis en garde contre les effets néfastes des politiques migratoires de l’administration Trump. « Le Massachusetts accueille environ 100 000 étudiants étrangers. Beaucoup viennent pour faire de la recherche, créer des entreprises. Ils gagnent des prix Nobel, fondent des startups. »
Elle a dénoncé les mesures répressives du Département de la Sécurité intérieure (DHS) contre les étudiants étrangers : « Ce soir encore, on a appris que le DHS avait agi de manière illégale sur les visas étudiants. Résultat : certains étudiants font leurs valises et quittent le pays. »
Pour Healey, le vrai bénéficiaire de ces politiques anti-immigration est… la Chine. « La Chine recrute nos scientifiques. Elle leur dit : “Trump coupe vos financements ? Venez chez nous, on vous installe un laboratoire, une équipe.” Si ça continue, c’est en Chine que les inventions verront le jour. »
La gouverneure a souligné l’importance de faire entendre une autre voix : « Il faut dénoncer ce qui se passe, expliquer aux Américains les conséquences concrètes des décisions de Trump dans chaque État. Et en parallèle, montrer ce que nous faisons, nous, gouverneurs démocrates, pour rendre nos États plus compétitifs, plus sûrs, avec plus d’opportunités. »
Elle a notamment rappelé que le Massachusetts se classe actuellement numéro un aux États-Unis en matière d’éducation, de soins de santé et d’innovation.
Répondant à une question d’un citoyen de Virginie sur la démocratie et les libertés civiles, Healey a réaffirmé son engagement à défendre l’État de droit : « Je soutiens pleinement notre procureure générale. À l’époque de Trump, nous avons gagné plus de 85 % des procès. Et aujourd’hui encore, nos procureurs généraux tiennent bon et remportent des victoires face à Trump. »
Mais au-delà des recours judiciaires, la gouverneure dit continuer à agir au niveau local : « Nous avons des lois ici qui protègent l’accès aux soins de santé, le droit à l’avortement, les enfants en situation de handicap. Nous avons renforcé les programmes de nutrition dans les écoles et adopté l’une des meilleures législations du pays pour les anciens combattants. »
Elle insiste sur le rôle crucial des États dans la préservation de la démocratie : « Les gouverneurs sont en première ligne. Nous devons faire appliquer nos lois, défendre les droits de nos citoyens, travailler avec d’autres États et nos procureurs pour contrer l’excès du pouvoir fédéral. »
Healey a aussi exprimé sa colère face aux récentes révélations sur le traitement des étudiants étrangers : « Quand ils révoquent illégalement des visas d’étudiants venus pour étudier et inventer, c’est scandaleux. »
Elle a conclu cette partie de son intervention sur une note historique : « Nous avons lancé les célébrations des 250 ans des États-Unis. La révolution a commencé ici, au Massachusetts, à Concord et Lexington. Et aujourd’hui, notre devoir est de continuer à défendre cette démocratie, jour après jour. »
Interrogée ensuite sur l’emploi des femmes vétérans, Maura Healey a tenu à rappeler l’histoire du rôle des femmes dans l’armée. « Edith Nourse Rogers, première femme élue au Congrès des États-Unis pour le Massachusetts, a ouvert la voie à la présence des femmes dans l’armée. »
Elle a dénoncé la décision de l’administration Trump de supprimer de ses sites officiels les images représentant des femmes et des personnes de couleur dans l’armée. « Le même jour où Trump effaçait ces images, nous honorions Edith Nourse Rogers dans notre Capitole. »
La gouverneure du Massachusetts a défendu le principe de diversité comme pilier de la réussite américaine : « La diversité est une force, pas un défaut. Que ce soit dans les salles de classe, les conseils d’administration ou l’armée, exclure les femmes ou les minorités ne mène à rien. »
Healey a également mis en avant les actions spécifiques de son administration pour les femmes vétérans. « Grâce à notre HERO Act, 30 000 femmes dans le Massachusetts bénéficient de programmes de soutien. Nous avons une secrétaire adjointe aux anciens combattants, une femme, chargée de coordonner ces efforts. »
Sur une note personnelle, elle a rappelé : « Je suis devenue la première personne ouvertement homosexuelle élue procureure générale aux États-Unis, puis la première femme élue gouverneure du Massachusetts. Je ne serais pas là sans les lois antidiscrimination. »
Pour elle, l’offensive actuelle contre la diversité menée par l’administration Trump est une menace directe à ces acquis : « Ce qu’il essaie de faire en rayant la diversité de notre pays est tout simplement inacceptable. »
En conclusion, Maura Healey a réaffirmé la nécessité de dresser un contraste net entre les actions de son administration et celles de Trump : « Je ne pense pas que les gens ont voté pour que leur père n’ait plus accès à un hôpital des anciens combattants. Je ne pense pas qu’ils ont voté pour qu’on licencie les chercheurs qui travaillent sur un traitement contre le cancer. Mais c’est ce qui se passe. »
La gouverneure du Massachusetts a illustré son propos par un exemple concret : « J’ai baissé les impôts dans le Massachusetts, première fois en vingt ans. Et j’ai voulu que les familles, les aînés, sentent cette différence. »
« Nous devons continuer à expliquer ce que Trump fait, et quelles en sont les conséquences réelles pour nos États et nos citoyens. Et nous devons montrer ce que nous, démocrates, faisons concrètement pour améliorer la vie des gens. »
