Le séisme qui a secoué la moitié sud-ouest d’Haïti samedi matin a causé la mort de 724 personnes, a annoncé la protection civile haïtienne ce dimanche.
Un séisme de magnitude 7,2 a secoué Haïti samedi matin, causant 724 morts, des centaines de blessés et de disparus dans le sud-ouest de l’île, ravivant les terribles souvenirs du grand tremblement de terre de 2010.
Le séisme s’est produit à 8H29 heure locale (14h29 heure belge) à 12 km de la ville de Saint-Louis-du-Sud, située à quelque 160 km de la capitale haïtienne Port-au-Prince, selon les données de l’Institut américain de géophysique (USGS).
Églises, commerces, maisons: quantité de bâtiments se sont effondrés lors de la puissante secousse qui a piégé des centaines d’habitants sous des dalles de béton.
Sans souvent beaucoup de moyens, les habitants se sont pressés pour sortir des victimes blessées dans l’effondrement des édifices, un effort salué par les services de la protection civile. “Les premières interventions, menées tant par les sauveteurs professionnels que par des membres de la population ont permis d’extraire de nombreuses personnes des décombres”, ont-ils indiqué.
Plus de 1.800 personnes ont été blessées lors du séisme et les rares hôpitaux existant dans les régions affectées peinent déjà à fournir les soins d’urgence.
La Belgique fait part de la solidarité envers Haïti
Le ministère des Affaires étrangères fait part de la solidarité de la Belgique envers Haïti. “La Belgique est solidaire de Haïti suite au séisme dévastateur de 7,2 qui a frappé le pays”, a communiqué le ministère des Affaires étrangères dans un message posté sur Twitter dimanche matin. “Nous exprimons nos sincères condoléances aux familles des victimes et souhaitons un prompt rétablissement aux blessés”, poursuit la déclaration.
L’état d’urgence décrété pour un mois
Samedi après-midi, le directeur de la protection civile Jerry Chandler a annoncé à l’AFP qu’au moins trois centres hospitaliers, dans les communes de Pestel, Corailles et Roseaux, étaient saturés.
Le chef du gouvernement, qui a survolé en hélicoptère les zones les plus affectées samedi après-midi, a annoncé que l’état d’urgence avait été déclaré pour un mois sur les quatre départements affectés par la catastrophe.
Du personnel et des médicaments ont déjà été acheminés par le ministère de la santé vers la péninsule sud-ouest mais la logistique d’urgence est mise en péril par l’insécurité structurelle qui mine Haïti depuis des mois.
Sur un peu plus de deux kilomètres, l’unique route reliant la capitale à la moitié sud du pays traverse le quartier pauvre de Martissant totalement sous contrôle des gangs armés depuis début juin, empêchant la libre circulation.
“Nous savons tous que nous avons un problème sur Martissant. Nous avons décidé que cette voie serait perméable c’est-à-dire qu’il faut que toute l’aide puisse passer” a déclaré le premier ministre Ariel Henry lors d’un point de presse samedi soir.
“La police ainsi que les FAD’H (Forces armées d’Haïti, ndlr) sont mobilisées et d’autres moyens sont mobilisés afin que cette aide que nous voulons acheminer à nos frères et soeurs en difficulté puisse arriver”, a ajouté le chef du gouvernement sans fournir davantage d’explications.
Le président américain Joe Biden a fait part samedi de sa “tristesse” face à la catastrophe, offrant l’assistante “immédiate” des Etats-Unis. Il a chargé la directrice de l’agence américaine d’aide internationale (USAID), Samantha Powers, de coordonner cet effort
Dès la fin du séisme, les habitants se sont mobilisés pour tenter de venir en aide et sauver des personnes bloquées sous les débris, comme en témoigne cette vidéo filmée par un habitant de Port-au-Prince. Dans cette séquence filmé au smartphone, on y voit, probablement une maison, qui s’est effondrée sous la force du tremblement de terre. Des cris semblent émaner en dessous des nombreux et imposants débris… Des hommes tentent alors de venir en aide aux personnes restées bloquées à l’intérieur sans attendre l’arrivée des secours, la situation étant plus qu’urgente.
Sur la côte sud, un hôtel de plusieurs étages, baptisé Le Manguier, s’est totalement effondré aux Cayes, troisième ville d’Haïti.
Le corps sans vie de l’ancien sénateur haïtien Gabriel Fortuné, propriétaire de l’hôtel, a été retiré des décombres, selon des témoins. Sa mort a été confirmée par le Premier ministre.
La longue secousse a été ressentie sur l’ensemble du pays. Comptant plus de 200.000 habitants, l’agglomération de Jérémie, à l’extrémité sud-ouest de la péninsule, a souffert d’importants dommages dans le centre-ville, constitué principalement d’anciennes maisons de plain-pied.
“Le toit de la cathédrale est tombé”, a détaillé à l’AFP Job Joseph, habitant de Jérémie. “La grande rue est bloquée (…) C’est là qu’il y a toute l’activité économique de la ville”. “Les gens sont affolés, les parents sont avec leurs enfants dans les bras et quittent la ville car il y a des rumeurs de tsunami”, a abondé Tamas Jean Pierre.
Une alerte au tsunami avait en effet été lancée dans la foulée du séisme par l’Agence nationale océanique et atmosphérique américaine avant d’être rapidement levée.
La ville de Jérémie, surnommée la cité des poètes, est relativement isolée du reste du pays car la route nationale qui traverse l’île n’est pas encore achevée.
“J’étais à l’intérieur de chez moi quand ça a commencé à secouer, j’étais près d’une vitre et je voyais toutes les choses tomber”, a raconté de son côté à l’AFP, Christella Saint Hilaire, 21 ans, qui vit dans la commune de L’Asile, près de l’épicentre du séisme. “Un bout de mur est tombé sur mon dos mais je ne suis pas trop blessée”, a poursuivi la jeune femme. “Plusieurs maisons se sont complètement effondrées.”
Le traumatisme du séisme de 2010
Sur des vidéos partagées en ligne, des riverains ont ainsi filmé des ruines de divers bâtiments en béton, dont une église dans laquelle une cérémonie était apparemment en cours samedi matin dans la commune de Les Anglais, à 200km au sud-ouest de Port-au-Prince.
Le pays le plus pauvre des Amériques garde encore en mémoire le séisme du 12 janvier 2010 qui avait ravagé la capitale et plusieurs villes de province.
Plus de 200.000 personnes avaient été tuées et plus de 300.000 autres avaient été blessées lors de la catastrophe.
Plus d’un million et demi d’Haïtiens s’étaient ensuite retrouvés sans logis, plaçant les autorités et la communauté humanitaire internationale devant le colossal défi d’une reconstruction dans un pays sans cadastre ni règles de bâtisse.
Sans parvenir à relever ce défi de reconstruction, Haïti qui est aussi frappé régulièrement par des ouragans, a en onze ans plongé dans une crise socio-politique aigüe.
Source : Agence France Presse (AFP)