Tuesday, April 23, 2024
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Revitalisation de la filière artisanale en Haïti : il faut cesser les beaux discours et passer aux actes

«Women in production » des 25-26 juin au Miami-Beach Convention Center en Floride.
Cet optimisme, on l’a retrouvé chez presque toutes ces vaillantes artisanes qui croient en leur capacité de délivrer des produits compétitifs répondant aux demandes de la clientèle internationale.

Cependant au-delà du talent, de l’esprit créatif de nos artisans, de l’unicité de ces biens culturels, des facteurs  d’ordre structurel, institutionnel, organisationnel et financier peuvent compromettre l’expansion de ce secteur dominé jusqu’à présent par de modestes entreprises familiales.

Chez nous en Haïti, ils sont des milliers à exercer un métier d’art manuel dans des domaines les plus variés : peinture, sculpture (en bois, métal ou papier mâché), broderie, décoration intérieure, habillement, ameublement etc ….Le montant total des ventes de produits en provenance de ce secteur varie entre 500,000 et 2 millions de dollars l’an, selon une étude effectuée en 2006 par l’Agence Américaine pour le Développement International (USAID). La plupart des produits artisanaux sont écoulés sur le marché nord-américain en Floride tout particulièrement à travers des importateurs/détaillants, des importateurs/distributeurs, des détaillants individuels

Certains artisans plus ou moins organisés vendent directement aux consommateurs soit en Haïti ou à l’étranger en participant de temps à autre à des expositions artisanales.

Au cours de ces dernières années, on a entendu de beaux discours, de belles idées après l’organisation de chaque foire artisanale (celles de Femmes en Démocratie au Parc Historique de la Canne à Sucre depuis 2004, celles du gouvernement haïtien à l’occasion du 1er Mai notamment), mais les conditions de vie de nos artisans n’ont pas beaucoup changé. Principal handicap : absence de l’encadrement de l’état faute d’une politique nationale de développement de ce secteur. Et ce n’est pas la louable initiative de la Chambre Haïtiano-Américaine de la Floride  d’inviter une cinquantaine d’exposantes à Miami, le carrefour commercial des Amériques, pour répéter Mme Danielle St-Lôt, qui viendra changer la donne. L’événement du week-end écoulé a ouvert, certes, certaines portes à nos artisanes mais les problèmes d’expansion de ce secteur  restent les mêmes.

Les slogans ne suffisent pas. Il faut investir dans la formation professionnelle en créant des écoles de métiers, regrouper les artisans, renforcer leur capacité de production par l’accès à des crédits préférentiels, préparer un guide national des produits de ce secteur, organiser des marchés nationaux et régionaux de distribution, encourager le réseautage entre artisans et investisseurs-membres des associations industrielles du pays, intégrer l’artisanat dans le cadre d’une politique de développement et de promotion touristique ….

En un mot, l’état doit prendre en main la revitalisation de l’artisanat haïtien qui a le potentiel de créer des dizaines de milliers d’emplois directs et durables dans un pays où « degaje ak brase »  tendent à se substituer à une politique de l’emploi.  A l’heure de la reconstruction (genre CIRH), et de création de fonds, il n’est pas tellement difficile de transférer un pourcentage des millions  alloués à nos ONG pour l’organisation de séminaires et le paiement des salaires d’experts étrangers  à un BNDA (Bureau National de Développement de l’Artisanat) qui pourrait être géré par un bureau de l’artisanat fonctionnant sous la tutelle d’une secrétairerie d’état de la petite entreprise. BNDA, Bureau National de Développement de l’Artisanat, une institution étatique  à créer avec l’aval du parlement haïtien.

Ecoutez notre entretien avec la propriétaire de Vèvè Collection, Phélicia Dell, lors de la foire artisanale « Women in production » des 25-26 juin au Miami-Beach Convention Center en Floride.

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