René Préval : le froid calculateur
Mine de rien, René Préval est en passe de boucler son second quinquennat présidentiel, ce qu’aucun autre dirigeant haïtien de l’ère moderne n’a évidemment réussi à faire. Sans être brillant (loin de là), ni efficace dans ses actions, René Préval est parvenu à mâter l’opposition pour, à chaque fois, se sortir des situations les plus délicates et compliquées. On dirait même qu’il aime les crises ; les défis ne lui font pas peur et il prend plaisir à ‘’user’’ les têtes bien pleines et les têtes bien faites de notre paysage politique; partisans et adversaires.
René Préval : le froid calculateur
Mine de rien, René Préval est en passe de boucler son second quinquennat présidentiel, ce qu’aucun autre dirigeant haïtien de l’ère moderne n’a évidemment réussi à faire. Sans être brillant (loin de là), ni efficace dans ses actions, René Préval est parvenu à mâter l’opposition pour, à chaque fois, se sortir des situations les plus délicates et compliquées. On dirait même qu’il aime les crises ; les défis ne lui font pas peur et il prend plaisir à ‘’user’’ les têtes bien pleines et les têtes bien faites de notre paysage politique; partisans et adversaires.
Regardez un Jacques Edouard Alexis par exemple ; intellectuel de grand calibre, lauréat de sa promotion d’agronomes et fondateur de la prestigieuse Université Quisquéya; il s’est sacrifié pour le chef au point de passer pour un quidam à la primature alors que son état de service et son niveau de compétence plaideraient pour un bilan bien meilleur que celui auquel le pays a eu droit. Le bonhomme qui se croyait dans les bonnes grâces de Ti René malgré le fait qu’il a eu à réciter la mauvaise partie de l’hymne (mourir est beau), laissant la délice à celui-ci (bêchons joyeux), il n’a laissé apparaître le moindre regret, le moindre remords, se confortant dans un fauteuil de « prince héritier du trône » ; aujourd’hui, la très envieuse candidature de l’INITE à la présidentielle est en passe de lui échapper (il devrait se choisir un autre emblème qui pourrait être Solidarité pour se présenter) et il veut toujours pas faire les gros titres de la Presse ; il veut toujours pas cracher le morceau (sa déception) et faire tomber ce lourd fardeau d’amertume et de coups bas qu’il a gardé trop longtemps sur le cœur.
Idem pour son successeur à la Villa d’Accueil. Mme Michelle Duvivier Pierre Louis est arrivée à la primature avec une réputation de femme cultivée et grande gestionnaire et FOKAL est la preuve vivante d’une réussite qui n’a laissé personne indifférente (nationaux et étrangers compris) ; on disait même qu’elle saura tenir tête au président pour l’avoir connu même dans la vie civile et la grande complicité qui a existé entre les deux éviterait qu’on n’ait un nouveau « béni oui oui » à la Villa d’Accueil, pensait-on car, la constitution fait de ce personnage le vrai chef du gouvernement et non un simple exécutant des quatre volontés du chef du palais national. Il n’en est rien de tout cela et l’ombre de René Préval planait sur chacune des déclarations ou actions de celle dont la communauté internationale allait plus tard amèrement pleurer le départ. Qui pis est, la fronde est partie de la coalition présidentielle même (animal qu’on va amener à l’abattoir, dira même Joseph Lambert à propos de l’interpellation de Mme Pierre Louis au sénat).
Tout comme Jacques Edouard Alexis, elle n’a pipé mot à propos de cet échec qui n’est pas vraiment sien mais, qu’on lui a fait porter. Aujourd’hui, elle était, elle aussi, en course pour porter l’étendard de l’INITE à la présidentielle. Un nouveau revers est en perspective et on n’est pas sûr qu’il y aurait tempête politique après. Sacré René Préval !
L’opposition ? Elle est annihilée, réduite à un pot de chagrin et la dernière initiative de la bande au sénateur Youri Latortue (Evalière Beauplan, Steven Benoît, Esdras Fabien, David Genesté etc.…) de partir à la recherche d’un nouveau leadership comme alternative au pouvoir Préval est bien la preuve que le chef de l’Etat est celui qui maîtrise le mieux le jeu politique dans son pays. Préval a en effet eu l’audace de ne faire aucune concession sur des exigences de l’opposition ; il n’a voulu changer même pas un membre du CEP décrié et accusé de suspicion de partialité en faveur de la plateforme présidentielle ; il a joué à l’usure avec l’opposition, du moins ce qui en restait et il est encore en passe de gagner le pari. Ils (leaders de l’Opposition) abandonnent un à un le navire de la contestation pour monter dans le train électoral comme des enfants pris en faute. Il va quand même rester des irréductibles comme Evans Paul, Turneb Delpé, René Julien, Edmonde Supplice Beauzile….ou des militants comme Hervé Saintilus qui ont commis le pêché de « faire la politique » dans un pays peu ou mal préparé pour ça !