Monday, June 16, 2025
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Libérée après plus de six semaines de détention par ICE, la doctorante Rümeysa Öztürk accueillie à Boston par la députée fédérale Pressley et le sénateur Markey

«Aujourd’hui marque …. une victoire pour Rumeysa, pour le droit au procès équitable, et pour notre démocratie. »

Boston, Samedi 10 Mai 2025 – Par YVES CAJUSTE – InfoHaïti.net  – Rümeysa Öztürk, doctorante à l’Université Tufts (Medford, Massachusetts) et résidente de Somerville, a été accueillie vendredi à l’aéroport international Logan de Boston par la députée fédérale Ayanna Pressley (MA-07) et le sénateur Edward J. Markey (D-MA), à son retour d’un centre de détention de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) en Louisiane. Elle avait été libérée la veille sous caution par un juge fédéral du Vermont, après plus de six semaines de détention que ses avocats qualifient d’illégale.

Une conférence de presse a réuni Mme Öztürk, son équipe juridique et des représentants de l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) du Massachusetts. À cette occasion, la députée Pressley a salué cette libération, qu’elle a qualifiée de victoire en matière de droits fondamentaux : « Aujourd’hui marque une étape importante – une victoire pour Rumeysa, pour le droit à un procès équitable, et pour notre démocratie. »

Mme Öztürk a été interpellée le 25 mars à Somerville par des agents de l’ICE en civil, puis transférée à plus de 2 000 kilomètres de là, dans un centre de détention situé en zone rurale en Louisiane. Elle y affirme avoir été privée de soins médicaux appropriés, malgré de violentes crises d’asthme. « Elle n’aurait jamais dû être arrachée à sa communauté ni envoyée aussi loin dans des conditions aussi inhumaines », a dénoncé la députée Pressley.

Celle-ci a rappelé que l’arrestation faisait suite à un éditorial rédigé par Mme Öztürk, dans lequel elle exprimait ses préoccupations concernant la situation à Gaza. D’après ses avocats, ce texte aurait servi de prétexte à la révocation de son visa et à sa mise en détention. « Elle a exercé son droit fondamental garanti par le Premier Amendement. Et pour cela, elle a été réduite au silence, détenue et punie », a souligné Mme Pressley.

Accompagnée du sénateur Edward Markey et du représentant James McGovern, la députée Pressley s’était rendue en Louisiane pour visiter les centres de détention de Basile et de Jena. Elle y a constaté des conditions qu’elle a qualifiées de dégradantes : absence de soins médicaux, alimentation insuffisante, et manque d’aménagements pour les pratiques religieuses. « Ce que nous avons vu était tout simplement inadmissible », a-t-elle déclaré.

Malgré ces conditions éprouvantes, Mme Öztürk a fait preuve, selon la députée, d’une force morale remarquable. Lors de leur rencontre, elle a tenu à attirer l’attention sur les autres femmes détenues, sur leurs souffrances, et sur la peur d’être oubliées. « Les femmes ici ont pleuré à haute voix : Dieu nous a-t-il oubliées ? Le monde nous a-t-il oubliées ? », a-t-elle confié à la délégation.

À son arrivée à l’aéroport de Boston, Mme Pressley a remis à Mme Öztürk un galet poli portant le mot « espoir » gravé, qu’elle gardait depuis plusieurs semaines : « Je voulais qu’elle sache que nous ne l’avions pas oubliée, et que nous continuerions à nous battre pour elle jusqu’à sa libération. »

Mme Pressley a profité de la conférence pour établir un parallèle entre l’incarcération de masse et la politique migratoire américaine. « Si l’incarcération de masse vous importe, vous ne pouvez ignorer la déportation de masse. Ces centres de détention sont exploités par des entreprises privées qui en retirent des profits », a-t-elle souligné.

Elle a également dénoncé ce qu’elle qualifie de « tentative coordonnée pour intimider et réduire au silence ceux qui osent parler contre l’injustice », tout en adressant un message clair à l’administration actuelle : « Vos efforts pour réduire Rumeysa au silence, pour écraser la dissidence et miner nos droits fondamentaux, sont rejetés. »

Mme Öztürk reste toutefois visée par une procédure d’expulsion, et sa libération sous caution ne signifie pas la fin du combat judiciaire. La députée Pressley a appelé à poursuivre la mobilisation : « Le combat n’est pas terminé. Nous ne relâcherons pas nos efforts tant que Rumeysa ne sera pas entièrement exonérée, que son visa ne sera pas rétabli, et qu’elle ne pourra reprendre ses études ainsi que son engagement auprès de notre communauté. »

Mme Pressley a également salué l’élan de solidarité qui s’est manifesté tout au long de cette affaire, qu’il soit venu des voisins, des étudiants, des juristes ou des élus : « Le Massachusetts ne vous a jamais oubliée, pas une seule minute. »

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