Brockton (Massachusetts) – PAR YVES CAJUSTE – Dans un discours historique et chargé d’émotion, le président américain Joe Biden (dont le mandat s’achève au mois de Janvier prochain) a prononcé hier mardi 24 Septembre son dernier discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies, marquant l’aboutissement de cinq décennies de service public.
Sa carrière politique l’a vu traverser des crises allant de la guerre froide à la crise climatique, et de la lutte contre l’apartheid (1991) aux défis actuels au Moyen-Orient. « Je ne suis pas entré dans la vie publique par désespoir, mais par optimisme », a déclaré Biden à l’assemblée. Cet optimisme, a-t-il affirmé, a été la force directrice tout au long de sa carrière, malgré les difficultés rencontrées par les États-Unis et le monde.
Le discours de Biden n’était pas seulement une réflexion sur le passé, mais un appel à l’action pour les futurs dirigeants politiques qui auront à façonner l’avenir de l’humanité. Il a souligné la nécessité d’une unité mondiale pour relever les défis actuels, en particulier alors que le monde est confronté à des menaces telles que la guerre, la faim, le terrorisme et l’évolution rapide de l’intelligence artificielle. En évoquant des moments clés de l’histoire, de la fin de la guerre du Vietnam (1975) à la transition pacifique de l’apartheid en Afrique du Sud avec l’abrogation de abrogeant la dernière loi raciale le 30 juin 1991, Biden a rappelé aux dirigeants mondiaux présents à cette 79eme Assemblée Générale de l’Onu New-York le pouvoir de la résilience et de la coopération.
Soutenir l’Ukraine : un test de détermination mondiale
L’un des points majeurs du discours de Biden a été la guerre en cours en Ukraine. Il a félicité la communauté internationale pour sa fermeté face à « l’agression russe » et a appelé les dirigeants mondiaux à continuer de soutenir l’Ukraine jusqu’à ce qu’une paix juste et durable soit instaurée. « La guerre de Poutine a échoué dans son objectif principal. Il a voulu détruire l’Ukraine, mais l’Ukraine est toujours libre », a déclaré Biden en soulignant plus loin l’unité sans précédent de l’OTAN, avec l’inclusion de la Finlande (Avril 2023) et de la Suède (7 Mars 2024) en tant que membres, renforçant cette alliance militaire créée, il y a 75 ans à la fin de la Guerre Mondiale. Pour Biden, le combat de l’Ukraine est emblématique de la lutte plus large pour préserver les principes de la Charte des Nations Unies, en particulier contre une agression incontrôlée.
L’appel passionné de Biden en faveur d’une Ukraine souveraine a trouvé un fort écho auprès de nombreux dirigeants présents à cette 79eme Assemblée Générale de l’Onu. « Nous ne pouvons pas nous lasser. Nous ne pouvons pas détourner le regard », a-t-il insisté, soulignant que l’avenir de la démocratie mondiale est lié à la survie de l’Ukraine.
Le défi de la gestion des relations sino-américaines
Si l’Ukraine représentait une position morale claire pour Biden, son approche envers la Chine était marquée à la fois par la prudence et le pragmatisme. Reconnaissant la rivalité entre les deux puissances, Biden a souligné la nécessité d’une gestion responsable de la concurrence. Il a cité la récente coopération entre les États-Unis et la Chine pour endiguer le flux de stupéfiants synthétiques comme un exemple du type d’engagement constructif possible entre les deux nations.
Cependant, Biden n’a pas hésité à critiquer les actions de la Chine en mer de Chine méridionale et à travers le détroit de Taiwan. « Nous sommes prêts à coopérer sur les défis urgents pour le bien de notre peuple et des peuples du monde entier », a déclaré Biden, précisant que si les États-Unis recherchent une collaboration lorsque cela est possible, ils continueraient à lutter contre la concurrence économique déloyale et la coercition militaire chinoises.
Moyen-Orient : à la recherche de la stabilité au milieu du chaos
Dans son dernier discours à l’Assemblée Générale de l’Onu, le Président américain Joe Biden a également abordé la détérioration de la situation au Moyen-Orient, en particulier le conflit entre Israël et le Hamas. Il a décrit l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 comme un tournant, tant pour Israël que pour la région. « Des milliers de terroristes armés du Hamas ont envahi un État souverain, massacrant plus de 1 200 personnes », a souligné Biden, la voix pleine d’émotion en évoquant la dévastation. Il a également reconnu la souffrance des civils à Gaza, soulignant que les Palestiniens innocents n’avaient pas demandé la guerre déclenchée par le Hamas.
Biden a révélé que son administration, avec le Qatar et l’Égypte, avait négocié un accord de cessez-le-feu qui avait été approuvé par le Conseil de sécurité de l’ONU. Il a souligné l’importance de ce moment, en déclarant : « Le moment est venu pour les parties de finaliser ses conditions, de ramener les otages chez eux et d’assurer la sécurité d’Israël et de Gaza. »
Crises humanitaires et changement climatique : une action mondiale urgente est nécessaire
Au-delà des conflits immédiats, Biden a averti que le monde ne devait pas perdre de vue les crises humanitaires plus vastes. Il a souligné la guerre civile au Soudan, où huit millions de personnes sont au bord de la famine, et a appelé à une réponse internationale unie pour mettre fin à la violence et apporter de l’aide à ceux qui en ont besoin. « Le monde doit cesser d’armer les généraux, parler d’une seule voix et leur dire d’arrêter de déchirer ce pays », a-t-il exhorté.
Le changement climatique a été un autre point majeur du discours de Biden. Il a rappelé aux dirigeants mondiaux l’investissement historique que son administration a consenti dans l’énergie renouvelable et la santé mondiale, notamment plus de 150 milliards de dollars pour les objectifs de développement durable. « Nous avons pris la mesure climatique la plus ambitieuse de l’histoire », a martelé Biden, soulignant l’engagement des États-Unis à réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Il a également souligné la nécessité d’une action collective, en déclarant : « Notre tâche, notre test, est de nous assurer que les forces qui nous unissent sont plus fortes que celles qui nous séparent. »
Les promesses et les dangers de l’intelligence artificielle
La partie la plus avant-gardiste du discours de Biden a peut-être porté sur le développement rapide de l’intelligence artificielle (IA). Il a reconnu que l’IA avait le potentiel de transformer les industries et d’améliorer la vie des gens, mais il a également mis en garde contre les risques profonds qu’elle pose. De la désinformation aux armes biologiques, Biden a décrit l’IA comme une arme à double tranchant qui doit être gérée avec précaution. « Rien n’est certain quant à la manière dont l’IA évoluera ou sera déployée », a-t-il déclaré, appelant à un effort mondial pour établir des normes et des réglementations qui garantissent que l’IA serve les meilleurs intérêts de l’humanité.
Réformer l’ONU et étendre sa portée
Le dernier point majeur du discours du Président américain a été un appel à la réforme de l’Organisation des Nations Unies, en particulier du Conseil de Sécurité. Il a fait valoir que l’ONU doit s’adapter pour refléter les réalités mondiales d’aujourd’hui et a appelé à élargir la composition du Conseil de Sécurité pour inclure davantage de voix et de points de vue. « L’ONU doit se remettre à sa tâche de faire la paix », a déclaré Biden, décrivant sa vision d’une organisation internationale plus inclusive et plus efficace.
Une vision pour l’avenir
A la fin de son discours, le Président Biden a laissé entrevoir une note d’espoir, malgré les nombreux défis auxquels le monde est aujourd’hui confronté. Il a évoqué sa décision de ne pas briguer un second mandat, en déclarant : « Autant j’aime mon travail, autant j’aime mon pays. » Pour Biden, se retirer était un témoignage de sa conviction de l’importance du changement générationnel et de la nécessité d’un nouveau leadership pour faire face aux défis futurs. Pour terminer, Biden a exprimé sa foi inébranlable dans le pouvoir de la démocratie, citant Nelson Mandela : « Cela semble toujours impossible jusqu’à ce que ce soit fait. » Son appel à travailler ensemble résonnait à la fois comme un adieu et un cri de ralliement pour l’unité mondiale.
YVES CAJUSTE
BROCKTON, MASSACHUSETTS