Thursday, March 28, 2024
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Etats-Unis – L’Après George Floyd : l’Amérique saura-t-elle faire le bon choix entre le genou gauche de Derek Chauvin et le genou droit de Colin Kaepernick ?

Vendredi 5 juin, des dizaines de milliers de personnes étaient encore dans les rues de nombreuses  villes américaines pour la 11ème journée consécutive pour exprimer leur indignation et leur colère après le meutre de George Floyd à Minneapolis (Minnesota). Les affrontements entre manifestants et agents de la police municipale appuyés dans certains états par la Garde Nationale (forces armées) et des troupes anti-émeutes lourdement armées, des actes de vandalisme, de pillage et d’incendie des magasins …..
Tout pouvait laisser croire que l’Amérique était à un tournant décisif de son histoire. La diffusion en boucle sur les principales chaînes de télévision et les millions de partages sur les réseaux sociaux de la vidéo des dernières minutes de la vie d’un Afro-Américain impuissant  (I Can’t Breathe) sous le genou d’un policier ont projeté à l’échelle planétaire l’image d’une Amérique qui n’arrive pas à se défaire de son passé “Jim Crow”. Sur le plan national, cette vidéo répugnante a déclenché une sorte de traumatisme psychique chez ces minorités victimes ou témoins de brutalités policières ou d’un acte de racisme. Comment répondre à cette question d’un jeune adolescent noir : Why did he kill him ? (Pourquoi l’a-t-il tué ? Des millions de jeunes américains vont vivre avec ce traumatisme..

Sur les plateaux de télévision, la colère faisait rage sauf sur “Trump TV. Tout était permis. A l’unisson, commerntateurs, invités spéciaux spécialistes des questions raciales aux Etats-Unis, analystes et activistes politiques, professeurs d’universités, représentants des communautés minoritaires, athletes de la NBA, de la NFL …  et bien sûr femmes et hommes politiques (au pouvoir depuis des dizaines d’années à Washington) parlent de “racisme institutionnel” et flottent l’idée de “changement de système” dont ils sont à la fois les artisans, les bénéficiaires et surtout les gardiens. GIVE  US A BREAK. NOU PRAN MOUNN POU EGARE !

Ce langage “insurrectionnel” distillé dans cette presse américaine brusquement militante et entièrement gagnée à la cause “des minorités noires” joint à l’ampleur des rassemblements de manifestants (noirs, blancs, jeunes et vieux) déterminés à défier les forces publiques et même l’occupant du Bureau Oval a fait bouger les lignes de la justice  du Minnesota dans ce dossier explosif. Révocation, arrestation et mise en accusation de Derek Chauvin pour meutre au 3ème degré dans un premier temps puis au 2ème degré quelques jours après, et finalement implication (pour complicités de meutre)  des trois autres officiers qui avaient participé aux opérations ayant conduit à cette tragédie.
La Citadelle  (Wall Street) ne s’est pas effrondrée

Généralement, les marchés financiers réagissent négativement aux troubles sociaux  susceptibles de créer un climat d’incertitude chez les les investisseurs. La semaine dernière (1er au 5 juin), toutes les conditions étaient réunies pour une dégringolade même partielle de la bourse : des rues américaines en ébulition, des face à face musclés entre manifestants et détenteurs du monopole de la violence légitime, les conflits publics entre les représentants des différents échelons du pouvoir politique (Donald Trump contre les gouverneurs, Gouverneur Cuomo face au maire de Blasio), un ministre de la Défense (Mark Esper) qui défie le Commandant en Chef en refusant d’exécuter l’ordre inconstitutionnel de déployer des unités des Forces militaires pour “rétablir la Loi et l’Ordre” particulièrement dans le voisinage du 1600 Pensylvanaia Avenue,  les “claques” d’anciens Officiels du Pentagone dont le Général Jim Mattis (Ex-Ministre de la Défense de DT)    .

Sur le plan économique, le taux de chômage  (3,5% au début de cette année), principal indicateur de la santé de Wall Street était à son niveau le plus haut depuis 1940 soit 14,7%  (-20,5 millions d’emplois au mois d’Avril dernier).

Pourtant, en dépit de ces clignotants rouges, sur CNBC, Bloomberg News, experts financiers, Investisseurs, chefs d’entreprises semblaient naviguer sur les eaux d’une mer calme loin des émotions justifées de manifestants dans les rues d’une Amérique en ébulition depuis deux semaines. Aucune raison de paniquer quand les trois principaux indicateurs financiers américains sont tous à la hausse.  Sur le site web de Bloomberg News (Vendredi 6 Juin), on lit ce qui suit:  ” A New York, le S&P 500 a gagné 48 points. Le Dow Jones a progressé de 455 points. Le Nasdaq a grimpé de 141 points. En un mot pour la semaine allant du 1er au 5 Juin, le Dow Jones est monté de 2,6%, le Nasdaq de 6% et le S&P 500 de 3,5%”.
Wall Street (branché  plutôt “pharma”)  est donc resté indifférent aux bruits de la rue et aux propositions  politiciennes des politiques qui ne pensent qu’aux élections législative et présidentielle de novembre prochain. Pour s’en rendre compte, il suffisait de regarder en cette fin de semaine les émissions spécialisés dans l’analyse économique pour se faire une idée des réelles préoccupations et des centres d’intérêts des milieux financiers américains : reprise progressive des activités commerciales et industrielles dans presque tous les 50 Etats et surtout une possible fusion entre le numéro 1 de l’industrie pharmaceutique au Royame -Uni ( $140 milliards de dollars de capitalisation boursière) et Gilead Sciences basée en Californie aux Etats-Unis dont l’un des médicaments vient d’obtenir de la FDA (Food and Drug Administration) l’autorisation pour des essais cliniques sur des patients atteints de Covid-19.
La colère contre les brutalités policières et les inégalités raciales sont plus que justifiées

De quelle police parle-t-on ? Aux Etats-Unis, système fédéral oblige, il n’rxite pas une police nationale mais plutôt une police municipale dont le Chef est choisi par le Maire et/ou le Conseil municipal (branche législative locale), la police des Comtés dont le Chef est un Shériff (général élu), la police des Etats (State Police) relevant de l’autorité des Gouverneurs et  au niveau fédéral une pléade d’instutions policières (près d’une vingtaine) relevant des  ministères de la Justice (FBI, Federal Bureau of Investigation), de la Sécurité intérieure (ICE,  Immigration and Customs Enforcement) …. Le Congrès, la Cour Suprême ont leur propre police.

En dépit de cette multitude d’institutions policières, les Etats-Unis n’est pas pour autant un “Etat Policier”, un état dans lequel la police est autonome, indépendante des pouvoirs politique et législatif. C’est un détail d’importance si on veut apréhender les complexités des mécanisme de fonctionnement et de financement de la police muncipale, responsable de la quasi-totalité des violences, des meutres, des profilages ethnique et racial   (on n’en parle peu fort malheureusement), des perquisitions illégales  , sans compter les contrôle au faciès …..  perpétrés contre les minorités.
Ce n’est pas pour la première fois qu’un noir meurt asphyxié par un policier blanc. Il y a, à peine 6 ans  (juillet 2014), Eric Garner ( 46 ans) est tué de façon violente par un agent de la police municipale de New-York presque dans les mêmes conditions prononçant à la fin de sa vie les mêmes paroles que la victime du Minneapolis : “Je ne peux plus respirer”. Pour l’Afro-Américain, l’histoire est un perpétuel recommencement.

Pour la seule année 2014 avant Eric Garner, 10 autres Afro-Américains (sans armes) ont été abattus par des policiers:

30 Avril 2014: Dans un parc à Milwakee,  Dontre Hamilton (31 ans) a été tué de 14 balles par l’agent Christopher Manney;
5 Août, 2014:  Dans un Walmart  à Dayton, Ohio, John Crawford III (22 ans) a été abattus= par deux officiers de police  Sean Williams et David Darkow;
9 Aoû 2014 à Ferguson dans le Missouri, Michael Brown Jr. (18 ans) tué par le policier Darren Wilson;
11 Aoû 2014 : A Florence en Californie,  Ezell Ford (25 ans, souffrant de maladie mentale) tué de 3 balles dont une au dos par deux officiers  Sharlton Wampler et Antonio Villegas;
12 Aoû 2014 : A Victorville en Californie,  Dante Parker (36 ans) est décédé en garde à vue après avoir été assommé à plusieurs reprises par un Taser (pistolet à impulsion électrique) dans le comté de San Bernardino.
13 Novembre  2014:  A Cleveland dans l’Ohio, Tanisha Anderson (36 ans)  est décédée après que des agents de la police municipale auraient violemment  sa tête contre .la chaussée (en béton). Tanisha souffrait de trouble bipolaire et de schizophrénie;
20 Novembre 2014: Akai Gurley (28 ans) a été tué (accidentellement selon la NYPD, alors qu’il se trouvait dans les escaliers d’un appartement de Logements Sociaux à Brooklyn, New-York;
22 Novembre 2014:  A Cleveland dans l’Ohio, Tamir Rice  (12 ans) est tué de deux balles dans l’abdomen par les policiers Timothy Loehmann et Frank Garmback. L’enfant portait un faux pistolet (jouet)
2 Décembre 2014: A Phoenix dans l’Arizona, Rumain Brisbon (34 ans) abbatu par un policier. Il était en possession d’un flacon de médicaments;
30 décembre2014: Jerame Reid, 36 ans, a été abattu par des policiers à Bridgeton, dans le New Jersey. Il était passager dans une voiture conduite par son ami interpellé par la police.

Des 10 meurtres cités plus haut, il faut retenir trois choses: les victimes étaient tous des noirs sans armes, leurs bourreaux des policiers blancs et dans la majorité des cas ces derniers étaient reconnus ou bien non coupables ou la justice a conclu à une mort accidentelle.

Il est important de souligner qu’en 2014, le premier président noir des Etats-Unis Barack Obama était encore à la Maison Blanche.
Nous avons évoqué ces cas de meurtres (médiatisés faut-il le préciser) d’Afro-Américains pour cette courte période allant d’Avril à Décembre 2014 (seulement 8 mois) non pas pour naviguer comme tout le monde dans la direction du vent mais plutôt dans un souci d’aider à mieux  comprendre les sentiments d’indignation et de colère de ces dizaines de milliers de personnes qui faisant fi de tous les protocoles sanitaires ont foulé le macadam au cours de ces deux dernières semaines non pas pour se faire justice mais pour porter cette dernière à appliquer la loi à travers un simple message : “BLACK LIVES MATTER”. (LES VIES DES NOIRS COMPTENT)

En marge de ces méga-rassemblements, des casses, des incendies, des pillages (à condamner) mais de là à parler d’anarchie, c’est vouloir décriminaliser la violence répugnante avec laquelle l’officier Derek Chauvin a donné la mort à George Floyd dans une Amérique “morale” qui protège de façon presque puritaine les droits des animaux.
56 ans après la signature de la loi garantissant  l’égalité de tous les droits aux Etat-Unis, le premier droit (le droit à la vie) est loin d’être garanti par la justice républicaine quand un policier blanc (à l’heure des caméras mobiles omni-présentes) prend tout son temps (8 minutes 46 secondes) et tout son calme pour asphyxier, en plein jour, George Floyd à l’aide de son genou sous les regards médusés de passants impuissants. Ce qui a fait dire à un commentateur décryptant l’actualité que  “si les petits-enfants de ceux qui ont combattu aux côtés Martin Luther King sont encore dans les rues pour les mêmes raisons. il faut réévaluer les stratégies de lutte”.

Militarisation des Départements de police dans le cadre de la luttte contre les stupéfiants et le Terrorisme international

Les institutions policières américaines  à tous les niveaux (fédéral, Etat, comté, municipal) ont connu de profondes transformations structurelles au cours de ces cinq dernières décenies.

En tout premier lieu, il faudrait mentionner l’impact de la création en 1973 sous l’Admistration de Richard Nixon de la DEA (Agence fédérale de l’Application des Lois sur les Stupéfiants) sur le financement et même la réorganisation des structures policières. En effet avec l’initiative-phare (WAR on DRUGS) visant à mettre fin à la consommation, la distribution et le commerce illicite de stupféfiants, le gouvernement fédéral, à travers la DEA a développé des programmes de formation pour les policiers à travers tout le territoire  quand ce ne sont pas tout simplement des unités spécialisées qui sont créées dans les grandes villes comme New-York, Los Angeles, Miami, Chicago, San Francisco, Boston et à la frontière avec le Mexique. Dasn le cadre de cette coopération, les municipalités reçoivent des subventions financières, des véhicules, des équipements (moyens de communication, engins explosifs, armes de guerre et munitions, et parfois des hélicoptères ….).
Pendant l’Administration de Ronald Reagan (1980-1988) les unités SWAT (Special Weapons And Tactics (en français : armes et tactiques spéciales) ont vu le jour et contribué à la militarisation des départements de police jusqu’au niveau local. Pour mener des opérations conjointes contre les narcotrafiquants ou présumés avec les unités spécialisées de la DEA (pratiquement des militaires), les forces de police locales se devaient de maîtriser et utiliser les mêmes armes lourdes.
Puis arrivent les attentats du 11 Septembre 2001. L’Amérique et ses institutions se sentent fragiles. La peur de vivre une nouvelle fois des moments aussi traumatisants débouche sur la création du département de la sécurité Intérieure (Homeland Security) et avec elle une militarisation plus poussée de toutes les institutions policières à travers le pays dans le cadre de la lutte contre le terrorisme international.
De Georges W Bush à Donald Trump en passant par Obama, les surplus d’équipements militaires du Pentagone étaient offerts à des prix préférentiels ou tout simplement donnés en dons dans le cadre de la coopération entre le Département de la Sécurité Intérieure, le Pentagone et les forces de police des Etats, des comtés et des villes et villages. En Août 2014, suite au déploiement d’armements lourds dans les rues des Ferguson (Missouri) par la police locale après le meutre de Michael Brown (18 ans), le président Obama avait demandé à Eric Holder de diligenter une enquête sur les programmes de coopération entre le Pentagone et les polices locales.  Deux mois plus tard, les Démocrates avaient perdu la majorité au Sénat rendant impossible toute initiative de légiférer avec un Mitchell McConnell Jr  (Kentucky) comme leader de la Majorité.
Pourquoi des policiers continuent de tuer impunément des Afro-Américains ?

Le racisme aux-Etats-unis est une sorte de virus en mutation. Il est réel, partout dans la vie de tous les jours des Afro-Américains, des minorités en général. Le racisme est complexe dans ses différentes manifestations.  Nous en parlerons prochainement.

Pour comprendre le comportement quelque peu “cow-boy” des flics aux Etats-Unis il faut se rappeler que dans ce pays celui ou celle qui porte l’uniforme n’est pas un (e) citoyen (ne) ordinaire, simple membre d’une police municipale ou gradué (e) de West Point, académie militaire de l’armée de terre américaine basée dans l’Etat de New-York.  Dans les espaces publics, ils ne doivent , en aucun cas, faire la queue. Sur les plateaux de télévision, les présentateurs n’oublieront jamais de conclure leur intertview par ” THANK YOU SIR OR MADAM FOR YOUR SERVICE”. C’est le respect absolu pour ceux et celles qui ont été déployés sur un champ de bataille ou dans une base militaire à l’étranger. Les vignettes autocollantes (NAVY, US ARMY …) placardées sur les vitres de véhicules dans les rues américaines  traduisent la fierté de l’américain à s’associer à cette élite. Quand un/e adolescent-e est accepté-e à West Point, ses parents organisent “a public party” pour célébrer cet “accomplishment” avec les amis du quartier.

Ce “culte à l’uniforme” ancré dans la société américaine est un facteur extrêmement important qu’il faut prendre en considération en analysant les rapports entre la police et le public en général.
Du gardien de l’ordre public municipal aux missions de sécurité nationale

De nouvelles missions ont été assignées aux institutions policières américaines depuis près d’un demi-siècle par l’Exécutif et le Législatif (fédéral et Etat) dans le cadre de la lutte (armée) contre les stupéfiants (création de la DEA en 1973) et le terrorisme international ( conséquences des attentats du 11 septembre 2001). Du simple maintien de l’ordre public en général au niveau de la commune, le policier municipal s’est vu confier de nouvelles tâches de sécurité liées au narco-traffic et au terrorisme. Le salaire de ce fonctionnaire municipal ne dépend donc plus uniquement du maigre budget communal mais aussi des subventions et allocations  “sécurisées” par les représentants des Etats au Congrès (Sénat et Chambre des Représentants).
Jusqu’à la fin des années 60 – début des années 70,(avant la création de la DEA, le policier municipal circulait très souvent à pied avec son pistolet, ses menottes, son walkie-talkie (radio de communication). Dans les petites villes de 50,000 habitants, seuls le Chef de la police et quelques officiers supérieurs avaient droit à un véhicule de service. De nos jours, les Mairies peuvent compter sur le “fédéral” pour couvrir, ne serait-ce que partiellement, les dépenses liées à l’achat de leur tout-terrain. Rares étaient les municipalités à disposer au sein de sa police des unités anti-émeutes (ces costauds flics en noir) armées de mitraillettes automatiques gros-calibre, de lanceurs de gaz lacrimogènes, du TASER (pistolet à impulsion électrique). Cette arme non-léthale a été utilisée à plusieurs reprises contre les manifestants à Atlanta, Los Angeles, New-York, Minnesota etc …. par des policiers municipaux provenant d’unités spécialisées.

Au cours de ces 25 dernières années, deux présidents démocrates Bill Clinton et Barack Obama ont tenté de donner un visage humain aux programmes de coopération militaire entre le fédéral et le municipal mais lors des législatives de 1994 et de 2014, les électeurs américains ont voté pour le label “Tough on Crime” en confiant la majorité aux républicains de la Chambre des Représentants  avec Newt Gingrich comme chef de fille et du Sénat conduit par Mitch McConnell.

C’est donc une nouvelle police municipale militarisée (au point de vue formation et équipements) qui opère dans les rues américaines. Son Chef jouit de beaucoup de prestige auprès des élites politiques et économiques. Bill Bratton, actuel analyste des questions de sécurité nationale sur MSNBC, est l’un de ces anciens chefs de police les plus respectés des Etats-Unis.

Ce natif de Dorchester (Massachusetts) a dirigé trois des plus importants Départements de Police des Etats-Unis : BPD (Boston en 1993), NYPD (New-York de 1994 à 1996 et de 2014 à 2016) et LAPD (Los Angeles entre 2002 et 2009). Sur la carte de visite de M. Bratton ce n’est pas son diplôme d’études avancées de  Harvard Kennedy School of Government qui fait de lui “ce Grand Stratège ”  mais plutôt son passé de Vétéran de la Guerre du Vietnam et surtout la baisse du taux de criminalité notamment à New-York et à Los Angeles où il a été FLIC en Chef. M. Bratton était à la tête de la NYPD quand Akai Gurley (28 ans) a été “accidentellement tué” (selon la version officielle) par un policier à Brooklyn (New-York).

Dans l’Amérique d’aujourd’hui, le succès d’un Maire et même d’un Gouverneur est étroitement lié parfois à celui des forces de sécurité de la ville ou de l’Etat. En campagne, tout candidat est prêt à tout promettre pour assurer le support des syndicats de police. Une fois élu, le choix d’un Chef de police est la plus importante décision d’un nouveau Maire et non celui de surintendant des écoles publiques. Généralement, la sécurité est le second poste budgétaire (en terme d’allocations financières) de toute administration municpale parfois loin devant le financement des services de santé publique (quand ces derniers sont offerts).

Le policier municpal qui assassine impunément fait partie d’un système répressif dont il ne représente que le bras armé. Loin de nous ici l’intention de déculpabiliser de véritables monstres, des assassins qui doivent être sanctionnés avec la plus grande rigueur mais nous n’allons pas nous engager dans cette voie facile qui consiste à diaboliser tous les policiers blancs des  institutions policières qui nous protègent. De l’autre côté, les débordements en tous genres enregistrés lors des manif de protestation contre les inégalités raciales et les brutalités policières traduisent  le ras-le-bol des minorités décidées à tracer les voies de leur propre destinée après les fausses promesses faites à leurs parents et leurs grands-parents. Les traiter d’anarchistes, c’est ignorer la profondeur des séquelles des inégalités raciale, sociale et économique sur lesquelles moins une minorité (moins de 1%) construite leurs richesses d’une génération à une autre.

Les faux partisans d’un changement de système

Ce qui dérange dans ce débat “fourretout” après le meurtre par asphyxie de George Floyd c’est l’hypocrisie des politiques à des postes d’influence à Washington et ou niveau local depuis plus d’un quart de siècle qui veulent nous vendre maintenant l’évangile du changement. Qu’avez-vous fait ou tenter de faire après 10, 20 30 ans en termes de propositions de loi pour ouvrir des portes pour les minorités ?

Dans la série des revirements, le plus répugnant est celui du Commissaire de la NFL (National Football League) Roger Goodell qui a présenté dans un communiqué rendu public le 5 juin dernier ses excuses aux athlètes qui avaient supporté Colin Kaepernick (quarterback  de l’équipe de San Francisco 49ers) qui,  lors d’un match en Août 2016, s’était agenouillé pendant l’hymne national américain pour protester contre le racisme et les brutalités policières dont sont victimes les minorités aux Etats-Unis.
“Goodell s’excuse auprès des joueurs de ne pas les avoir écoutés plus tôt. Il les encourage à manifester pacifiquement et dénonce le racisme. Il dit que la ligue fera partie du «comment aller de l’avant et  pour une famille de la NFL meilleure et plus unie».

Le geste de protestation de  Colin Kaepernick a été suivi par de nombreux joueurs de la NFL et soulevé des débats houleux dans la société américaine. Barack Obama, alors président des Etats-Unis, défend la position de Kaepernick, affirmant que “c’est son droit constitutionnel”. Lâché par son équipe (San Francisco 49ers) et la NFL, Kaepernick a joué son dernier match professionel le 1er janvier 2017.

Sacrifié à l’autel d’un faux-patriotisme (DT arrive à la Maison-Blanche quelques semaines plus tard avec son Make America Great Again), Colin Kaepernick est considéré comme le précurseur d’un vaste mouvement qui peut aller au-delà des élections de Novembre prochain. De Minneapolis à Washington DC, de Paris à Sydney, de Londres à Tokyo, de la place Tahir à Bagdad à Bogota, le geste de Kaepernick est exécuté pendant 8 minutes 46 secondes, le temps qu’a duré l’angoisse de George Floyd sous le genou meurtrier de Derek Chauvin.

 

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