Elections/Controverses : à quoi peut vraiment servir le recomptage annoncé par l’OEA ?
Ramdin, le secrétaire général adjoint de l’Organisation des Etats américains a informé ce mercredi que l’Organisation hémisphérique a obtenu du président René Préval l’entière liberté pour avoir accès à tous les bureaux et dossiers liés aux élections et surtout aux résultats controversés de ce scrutin tenu le 28 Novembre dernier.
Elections/Controverses : à quoi peut vraiment servir le recomptage annoncé par l’OEA ?
Ramdin, le secrétaire général adjoint de l’Organisation des Etats américains a informé ce mercredi que l’Organisation hémisphérique a obtenu du président René Préval l’entière liberté pour avoir accès à tous les bureaux et dossiers liés aux élections et surtout aux résultats controversés de ce scrutin tenu le 28 Novembre dernier. Le diplomate surinamien a précisé que ceci était la condition nécessaire pour que l’OEA accepte la demande du chef d’Etat haïtien. De fait, cette équipe d’experts dont la venue a été plusieurs fois reportée devait arriver sans faille le jour même (aujourd’hui) et entamer son travail de titan le lendemain. Mais, la vraie question est celle-ci ! Y a-t-il gros à miser sur cette mission ? La réponse n’est pas simple. Haïti est dans une impasse, le président René Préval avec. L’on se rend en effet compte aujourd’hui comment il est difficile de se passer du “blanc” même quand nous sommes d’accord qu’il est responsable en partie de nos maux et de nos misères (lisez l’interview de Ricardo Seteinfus).Il a dit qu’il ne donnerait plus un sou et que l’on doit se débrouiller pour trouver une solution à partir de ce premier tour (pourtant bon pour la poubelle). Le groupe des 12 a certes de bonnes intentions démocratiques et si on était maitre de nos finances et de nos dépenses, il n’y aurait même pas de discussion sur sa proposition mais, hélas, il n’a que ses palabres et ses jérémiades et on avait mis le groupe en garde bien avant qu’il ne s’engage dans ces élections. René Préval, en dépit d’une manifestation de bonne fois lors de ses différentes interventions publiques depuis le fiasco du premier tour des législatives et présidentielles, le pays ne croit pas du tout dans sa sincérité et croit même qu’il est personnellement responsable. Mme Manigat le croit aussi puisqu’elle a parlé d’un deuxième tour sans Préval (un gouvernement de Transition qui le réaliserait dans les 45 jours). De plus, l’OEA et le CARICOM, et c’est de notoriété publique, ne jouissent pas d’une bonne presse en Haïti (Repensez seulement au peu d’enthousiasme qu’avait suscité dans le pays l’annonce de la mission d’observation électorale de ces deux organisations avec le fameux Colin Granderson à sa tête). D’ailleurs, personne n’avait pris au sérieux le rapport de la commission de l’OEA qui avait misé sur la faisabilité des élections après le séisme du 12 Janvier alors qu’il était matériellement impossible d’épurer les listes électorales et le problème des déplacés (dans des tentes loin de leur environnement social , familial et même géographique) n’avait même pas été abordé (Le COV s’est d’ailleurs révélé un vrai fiasco; même Jude Célestin n’a pas trouvé son nom sur la liste dans le lieu qu’il s’est choisi pour voter).
L’Organisation hémisphérique qui, par son histoire (toujours dépendante des Etats-Unis qui sont d’ailleurs son principal contributeur) ne s’est jamais montrée à la hauteur des grands défis et les différents gouvernements haïtiens ont toujours trouvé la bonne formule pour la faire “pondre” des rapports conformes à leurs intérêts (JB Aristide est passé maitre en la matière). Pourquoi croit-on que ça va être différent aujourd’hui ? D’autant que l’INITE semble détenir des arguments solides (mêmes s’ils sont peut-être fabriqués) pour prétendre à la victoire ou au pire au second tour auquel les résultats officiels l’avait d’ailleurs déjà invité. Ils l’ont dit (les ténors du parti au pouvoir), avec les procès-verbaux qu’ils ont en mains, les résultats auraient du être 52,9%.
De fait, depuis la mi-journée de ce tristement célèbre 28 Novembre 2010, ils étaient assez rares les mandataires des partis et candidats de l’Opposition dans les bureaux de vote et tout le monde connait la chanson: les copies des procès-verbaux sont remis aux mandataires des candidats arrivant 1er et second dans les bureaux. Michel Martelly par exemple (puisque la contestation est partie de son camp) n’a pas aujourd’hui d’arguments légaux pour s’opposer à la magouille et Mme Manigat n’ en a pas non plus mais, il semble qu’il sera plutôt difficile de l’écarter vu qu’ils n’avaient pas poussé l’audace jusque là sur le premier coup. Repons Paysan et le chanteur populaire n’auront peut-être que la rue pour se faire entendre si encore la solution se prend sans eux.
Mais encore, il va falloir trouver les ressources (?) pour remettre du monde sur le béton et là encore, on le sait, c’est une arme à double tranchant. Personne ne peut dire avec exactitude et conviction que les mouvements bruyants et violents de la première nuit et des deux journées qui avaient suivi la publication des résultats n’avaient fait que du bien à Sweet Micky.