Par Yves Cajuste, pour InfoHaïti.net
Boston, 11 juillet 2025 — Une soirée de collecte de fonds en appui à la candidature de Moises Rodrigues à la mairie de Brockton s’est tenue vendredi soir au restaurant Cesaria, établissement emblématique du quartier de Dorchester. L’événement, organisé par John Barros — ancien directeur du développement économique de la Ville de Boston de 2014 à 2021 —, a rassemblé des supporters et amis venus de Brockton, Boston et des localités avoisinantes.
Au-delà de son caractère convivial, la soirée a surtout permis au candidat Rodrigues de présenter les grandes lignes de son programme et d’exposer sa vision pour une ville qu’il juge à un tournant décisif.
Un hommage au parcours communautaire de Moises Rodrigues
Prenant la parole en ouverture de la soirée, John Barros a salué l’engagement de longue date de Moises Rodrigues au service de sa communauté, bien avant son entrée en politique. « Moises est le genre de personne que l’on peut appeler à toute heure. Il répondra présent, peu importe la situation ou la personne concernée », a-t-il déclaré. Évoquant leur collaboration dans des cadres associatifs et religieux, Barros a décrit un homme impliqué, discret et constant, toujours prêt à servir, y compris lors d’événements communautaires de grande envergure.
« Il aime sa ville. Il aime Brockton. Et c’est précisément cet amour de la communauté qui le rend apte à exercer les responsabilités de maire, à un moment où la ville a besoin d’un leadership solide », a-t-il poursuivi.
Une expérience municipale solide au service d’un changement structurel
Moises Rodrigues, qui a pris la parole à la suite de cette présentation, a d’abord tenu à remercier les organisateurs et les propriétaires du restaurant Cesaria, « une institution qui promeut fièrement la culture capverdienne dans la région ». Il a souligné l’importance de soutenir les entreprises qui, selon lui, « soutiennent nos communautés depuis de nombreuses années ».
L’ancien assistant du maire James E. Harrington, conseiller municipal élu depuis douze ans, et maire par intérim pendant 7 mois en 2018 après le décès de Bill Carpenter, a ensuite rappelé son attachement à la ville de Brockton et sa connaissance approfondie des enjeux municipaux. Il a toutefois dressé un constat alarmant de la situation actuelle. « Aujourd’hui, Brockton est l’une des villes les plus négligées du Massachusetts. Nos rues sont sales, et notre niveau d’insécurité rivalise avec celui de Boston, alors que notre population est six fois moins importante. Ce constat est inacceptable », a-t-il affirmé.
Sécurité, salubrité et qualité de vie : les piliers de son programme
Le candidat a précisé que ses priorités s’articulent autour de trois axes : la sécurité publique, la propreté urbaine et l’amélioration des conditions de vie. « Les habitants de Brockton souhaitent simplement bénéficier d’un environnement sûr, de rues propres, d’écoles de qualité et d’un cadre de vie où ils peuvent évoluer avec dignité et fierté », a-t-il résumé.
Moises Rodrigues a notamment alerté sur la montée de la violence domestique, qu’il qualifie de « pandémie silencieuse ». À ses yeux, il est urgent que les pouvoirs publics s’emparent de cette problématique avec la même énergie que celle déployée face à la crise sanitaire du COVID-19. « Cette forme de violence détruit nos familles, notre avenir et notre cohésion sociale. Elle mérite une réponse concertée, durable et structurée. »
Responsabiliser les propriétaires et lutter contre la spéculation
Moises Rodrigues s’est également exprimé sur la question de l’insalubrité et de la spéculation immobilière. Il a dénoncé la multiplication des propriétaires absents, qui résident hors de l’État, encaissent les loyers à distance et négligent l’entretien de leurs immeubles. « Cette absence de responsabilité contribue à la dégradation de nos quartiers. Nous devons mettre fin à ces pratiques. »
Il a annoncé son intention de renforcer la réglementation municipale à l’encontre des propriétaires négligents : « Vous entretenez vos biens ou vous les vendez à des acteurs qui le feront. Ce laxisme a assez duré. » Le candidat a également dénoncé la hausse exponentielle des loyers — évoquant des montants allant jusqu’à 3 000 dollars pour un appartement de trois chambres — qu’il qualifie d’« aberrants ».
Une réponse ferme et humaine au sans-abrisme
Concernant la crise du sans-abrisme, Moises Rodrigues a proposé une approche duale, mêlant soutien social et responsabilité individuelle. Il a indiqué que selon les données disponibles, une majorité des personnes sans domicile fixe à Brockton ne sont pas originaires de la ville. « Nous allons proposer de l’aide, mais ceux qui la refusent ne peuvent pas occuper durablement l’espace public, au détriment des familles et des enfants », a-t-il averti.
Appuyant son propos, il a évoqué un incident marquant : un enfant de cinq ans ayant ramené à la maison des seringues usagées ramassées en chemin vers l’école. « Qui se soucie de cet enfant ? Moi, je le ferai. Et je prendrai des mesures. »
Une gouvernance participative et inclusive
Moises Rodrigues a réaffirmé sa volonté de rompre avec une approche centralisée du pouvoir municipal. « Si cette élection repose uniquement sur ma personne, je ne pourrai accomplir que très peu de choses. En revanche, si elle repose sur l’intelligence collective, alors tout devient possible », a-t-il expliqué.
Il a plaidé pour la création de deux structures consultatives : un Conseil des affaires, réunissant entrepreneurs locaux, acteurs économiques et membres de la chambre de commerce, et un Conseil communautaire, composé de représentants des différentes communautés ethniques et culturelles de la ville. Ces entités auront pour rôle de conseiller la future administration municipale et de favoriser un dialogue régulier avec les résidents de la ville de la Brockton.
Appel à l’unité des communautés de Brockton
Dans une ville marquée par la diversité, le candidat entend rassembler. Il a appelé à une large coalition citoyenne impliquant les communautés , afro-américaine, anglo-saxonne, capverdienne, haïtienne et latino-américaine et. « Brockton est malade. Et si nous ne faisons rien, nous risquons de ne plus avoir de ville à léguer à nos enfants », a-t-il lancé.
Reconnaissant qu’aucune autorité municipale ne peut à elle seule résoudre tous les problèmes, il a insisté sur l’importance de l’engagement collectif : familles, associations, chefs religieux, éducateurs, entrepreneurs — « tous doivent être partie prenante de la solution ».
Une élection décisive pour l’avenir de la ville
La soirée s’est conclue par un appel à la mobilisation à l’approche des élections primaires du 16 septembre 2025. « Cette élection n’est pas une simple échéance électorale. C’est une élection pour la survie de Brockton », a martelé Moises Rodrigues.
Utilisant une métaphore nautique, il a résumé son diagnostic : « Aujourd’hui, le navire Brockton dérive sans capitaine. Il est temps de reprendre la barre, de lui redonner une direction et de retrouver notre cap collectif. »
Un engagement tourné vers la jeunesse et les générations futures
Enfin, Moises Rodrigues a clairement exprimé que sa candidature est guidée par une ambition intergénérationnelle. « Je ne me présente pas pour moi. Je me présente pour ces enfants qui méritent une ville digne, propre, sûre, et porteuse d’opportunités », a-t-il déclaré.
Il a conclu en s’adressant directement à ses supporteurs : « J’ai besoin de votre énergie, de vos idées, de votre engagement. Ensemble, nous pouvons faire renaître Brockton. »
UN EXTRAIT DE CETTE SOIREE DE SOUTIEN A MOISES RODRIGUES, CANDIDAT A LA MAIRIE DE BROCKTON DANS LE MASSACHUSETTS
