Washington, DC,- 11 juin 2025- Par Yves Cajuste, InfoHaïti.net – À la tribune de la Chambre des représentants aujourd’hui, la députée fédérale (MA-07), Ayanna Pressley, a vivement dénoncé les raids de ICE (Services de l’immigration et des douanes) ordonnés par l’administration Trump, qu’elle a qualifiés d’« enlèvements organisés » visant les immigrants sur le sol américain.
Dans ses propos, elle a décrit une série de scènes bouleversantes vécues par ses concitoyens du 7e district du Massachusetts, notamment à Chelsea et East Boston, en appelant à une mobilisation nationale contre ce qu’elle considère comme une dérive autoritaire.
« Je prends la parole aujourd’hui au nom de nos voisins, de nos membres de la communauté, de nos frères et sœurs immigrés qui sont ciblés et enlevés, arrachés à leurs enfants, disparus alors qu’ils se rendaient à l’église, au travail ou à l’école », a déclaré Ayanna Pressley devant ses collègues dans la capitale fédérale. Elle a évoqué des enfants en larmes, traumatisés à l’idée de rentrer chez eux et de ne plus retrouver leurs parents, des personnes âgées portant sur elles toutes leurs prescriptions par crainte d’être déportées sans accès aux soins, et des familles entières bouleversées par la peur permanente.
Selon la députée fle, cette politique de terreur instaurée par l’administration Trump ne vise nullement à protéger la population mais à instiller la peur et à consolider un pouvoir autoritaire. « La terreur ne rend personne plus en sécurité. Elle fait l’inverse : elle sème le chaos, elle nourrit la peur et entretient le désordre. » Elle a également mis en cause les méthodes utilisées par les agents fédéraux, notamment le recours à des véhicules banalisés, l’arrestation de parents devant leurs enfants, et l’utilisation de la violence physique.
Pressley a partagé plusieurs témoignages, dont celui de Kenia, une mère de Chelsea, qui se rendait à une messe de la fête des Mères avec son mari Daniel et leurs trois enfants lorsque leur véhicule a été intercepté brutalement par des agents de l’ICE. « Ils ont brisé la vitre, extirpé Daniel de force et plaqué son visage sur le trottoir, sous les yeux horrifiés de ses enfants », a-t-elle raconté. Un autre cas cité est celui de Mercedes, résidente d’East Boston, dont le mari José – pourtant bénéficiaire du Statut de protection temporaire (TPS) – a été arrêté sur son lieu de travail. Les agents de l’ICE (Service de l’immigration et des douanes) lui ont alors déclaré que « seules les personnes nées ici ont des droits ».
Pour la députée fédérale, ces abus ne sont pas des cas isolés, mais les manifestations d’une politique systémique. « Ce sont de vraies personnes. Des travailleurs, des pères et mères de famille, des enfants, des étudiants, des aînés. Des êtres humains qui enrichissent nos communautés, qui contribuent à notre pays », a-t-elle affirmé. Pressley a ainsi appelé à rejeter collectivement les attaques contre les immigrés, qu’elle décrit comme une agression envers l’ensemble du tissu social américain.
Elle a également élargi son propos à la situation actuelle à Los Angeles, dénonçant la décision de Donald Trump de déployer la Garde nationale et les Marines, sans l’accord du gouverneur, pour réprimer les manifestations pacifiques qui s’y déroulent. « De chez moi dans le Massachusetts 7, où des mères pleurent sur mon épaule pour que leurs maris rentrent à la maison, jusqu’à Los Angeles, où Trump envoie l’armée contre ceux qui recherchent la justice, la souffrance infligée par cette Maison-Blanche hostile se fait sentir partout », a-t-elle insisté.
La députée a conclu son intervention par un appel à la solidarité et à la résistance. « Un extrémisme qui marche vers le fascisme est le problème de tout le monde. Faites-moi confiance : si vous ne souffrez pas encore, vous souffrirez bientôt. Nous devons rejeter ces attaques, voir l’humanité de nos voisins et nous lever ensemble. Les immigrants rendent notre pays meilleur. Les immigrants font la grandeur de l’Amérique. Et ils méritent d’appeler ce pays leur maison. »
Contexte : manifestations à Los Angeles et militarisation de la réponse fédérale
À Los Angeles, des milliers de manifestants sont descendus dans la rue pour dénoncer les récentes vagues d’arrestations arbitraires par l’ICE, mais aussi les nouvelles restrictions migratoires promulguées par l’administration Trump, ainsi que les violences policières récurrentes dans les quartiers défavorisés. Les rassemblements ont été accueillis par un déploiement militaire ordonné directement par la Maison-Blanche, sans concertation préalable avec les autorités de l’État de Californie.
La décision de fédéraliser la Garde nationale et de faire intervenir les Marines a été immédiatement dénoncée par le gouverneur Gavin Newsom comme une « violation grave de la Constitution » et un acte de « provocation délibérée » contre la population. La maire de Los Angeles, Karen Bass, a également exprimé son opposition ferme, rappelant que la ville avait mis en place des dispositifs de désescalade et de médiation. « Nous n’avons pas besoin d’un renfort militaire. Ce dont nous avons besoin, c’est de dialogue, de justice sociale et de respect de la démocratie », a-t-elle déclaré. Pour de nombreux élus et responsables locaux, cette démonstration de force marque une nouvelle étape dans la dérive autoritaire du gouvernement fédéral, aux dépens des droits fondamentaux et de la souveraineté des États.