Nations unies, New-York (22 Septembre 2025 (InfoHaïti.net) – Le Président français Emmanuel Macron a annoncé cet après-midi à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies la reconnaissance officielle de l’État de Palestine par la France, un geste qualifié d’« historique » et présenté comme une étape décisive vers la paix au Proche-Orient.
« Le temps est venu », a martelé le président français, répétant à plusieurs reprises cette formule pour souligner l’urgence d’un règlement politique après près de deux ans de guerre à Gaza. « Le temps est venu d’arrêter la guerre, les bombardements, les massacres et les populations en fuite. Le temps de la paix est venu car nous sommes à quelques instants de ne plus pouvoir la saisir. »
Rappelant que l’ONU avait décidé en 1947 du partage de la Palestine mandataire en deux États, l’un juif et l’autre arabe, Emmanuel Macron a dénoncé le caractère « inachevé » de cette promesse. « La communauté internationale a reconnu l’État d’Israël, mais l’État arabe n’a jamais vu le jour. Nous portons une responsabilité collective dans cet échec », a-t-il déclaré.
Le chef de l’État a salué « l’accomplissement du destin » du peuple juif à travers la création d’Israël, après des millénaires de persécutions. Mais il a estimé que la dignité et l’autodétermination du peuple palestinien avaient été trop longtemps niées. « La reconnaissance des droits légitimes du peuple palestinien n’enlève rien à ceux du peuple israélien », a-t-il affirmé.
Macron est revenu longuement sur l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, qualifiée de « pire attaque terroriste » de l’histoire d’Israël. « La barbarie du Hamas a stupéfié le monde », a-t-il dit, rappelant le bilan de 1 224 morts et plus de 4 800 blessés. « Nous ne justifierons jamais le terrorisme. Une vie vaut une vie. »
Il a salué la mémoire des 51 Français tués ce jour-là et répété son engagement à combattre sans relâche l’antisémitisme. Mais il a également souligné l’immense prix payé par les Palestiniens dans les offensives israéliennes à Gaza : « Des centaines de milliers de civils palestiniens, déplacés, affamés, traumatisés, voient leurs vies détruites. Rien ne justifie la poursuite de cette guerre. »
Le président français a présenté la reconnaissance de la Palestine comme partie intégrante d’un « plan de paix et de sécurité pour tous », élaboré conjointement avec l’Arabie saoudite et adopté à une large majorité par l’Assemblée générale.
Ce plan prévoit trois étapes :
- L’urgence humanitaire avec la libération des otages et la fin immédiate des opérations militaires à Gaza ;
- La stabilisation par une administration de transition intégrant l’Autorité palestinienne et la formation accélérée de forces de sécurité palestiniennes ;
- La reconstruction de Gaza, appuyée par une mission internationale de soutien civil et sécuritaire.
« La France est prête à contribuer à une telle mission », a assuré Emmanuel Macron, proposant d’ouvrir une ambassade à Ramallah une fois un cessez-le-feu établi et les otages libérés.
La France n’est pas seule : plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, le Canada, la Belgique, le Portugal et le Luxembourg, ont annoncé le même jour leur reconnaissance de l’État de Palestine. « Nous avons choisi la responsabilité et la paix », a souligné Macron, rappelant que l’Espagne, l’Irlande et la Norvège avaient déjà franchi ce pas en 2024.
Le président français a appelé les États arabes et musulmans n’ayant pas encore reconnu Israël à le faire « dès lors qu’un État palestinien aura été établi ».
Emmanuel Macron a insisté sur le caractère « équilibré » de son initiative : « Jamais la France n’a manqué à Israël quand sa sécurité était en jeu. » Il a souligné que cette reconnaissance constituait « une défaite pour le Hamas et pour tous ceux qui attisent la haine antisémite ».
Mais il a également posé des conditions claires aux Palestiniens : « L’Autorité palestinienne doit se rénover en profondeur, exclure le Hamas de la gouvernance, lutter contre les discours de haine et offrir un cadre démocratique renouvelé. »
Le discours de Macron intervient alors que la guerre se poursuit à Gaza malgré l’affaiblissement militaire du Hamas. Les hostilités ont déjà fait plus de 40 000 morts (plus de 200,000 selon certains) côté palestinien, et provoqué un déplacement massif de population. En Cisjordanie, la colonisation israélienne progresse rapidement, faisant craindre une annexion de facto.
« Une solution à deux États reste la seule issue. Si nous ne la saisissons pas maintenant, la paix sera impossible pour longtemps », a averti Macron, évoquant le risque de voir les accords d’Abraham et de Camp David « remis en cause » par la situation actuelle.
La politique française en toile de fond
Ce geste diplomatique intervient dans un contexte politique national tendu. Nommé début septembre, le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu risque de ne pas obtenir l’approbation de l’Assemblée nationale. La gauche, emmenée par Jean-Luc Mélenchon, et l’extrême droite de Marine Le Pen et Laurent Bartella, réclament soit la dissolution du Parlement, soit la démission pure et simple du président Macron.
La fragilité de l’exécutif français jette une ombre sur la portée de cette annonce internationale. Si le gouvernement n’est pas confirmé, la France pourrait entrer dans une crise institutionnelle majeure, compliquant sa capacité à peser sur la scène mondiale.
Un geste sous tension internationale
Au-delà de la guerre à Gaza, le Proche-Orient reste en ébullition. La poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie accentue les tensions et rend toute solution politique plus difficile. Les Palestiniens dénoncent une politique d’occupation qui sape les bases mêmes d’un futur État viable.
Parallèlement, l’Europe est confrontée aux menaces répétées de la Russie, qui multiplie ses démonstrations militaires aux frontières de plusieurs pays membres de l’OTAN. De Varsovie à Vilnius, les gouvernements appellent à une vigilance renforcée. Dans ce contexte, l’initiative française sur la Palestine apparaît comme une tentative de réaffirmer la place de Paris dans une architecture internationale de plus en plus instable.