Washington D.C. – INFOHAITI.NET . PAR YVES CAJUSTE. La maire de Boston, Michelle Wu, a pris la parole devant le House Committee on Oversight and Government Reform pour défendre la politique de Boston en tant que ville sanctuaire. Dans ses propos liminaires, elle a souligné les succès de sa ville en matière de sécurité, d’inclusion et de prospérité, tout en critiquant la politique fédérale qui, selon elle, compromet la confiance et la cohésion sociale.
Une ville modèle en matière de sécurité et de prospérité
Michelle Wu a dábord mis en avant les succès de Boston en matière de sécurité publique.
“Je suis ici pour représenter Boston — ses policiers, ses agents publics offrant les premiers secours, ses fonctionnaires… mais aussi ses leaders religieux, ses enseignants, ses parents et ses voisins — qui travaillent ensemble chaque jour pour faire de notre ville la métropole la plus sécurisée du pays.”
Elle a rappelé qu’au cours de chaque année de son mandat, Boston a atteint un niveau historiquement bas de violences armées.
“L’année dernière, nous avons enregistré le plus faible nombre d’homicides depuis 70 ans. Ce sont des faits.”
Ces résultats impressionnants, selon elle, ne sont pas dus au hasard, mais à des politiques publiques bien choisies et inclusives.
“Derrière ces records de sécurité se cachent des investissements sans précédent : un nombre historique de jeunes en emplois d’été rémunérés, le plus grand accès à l’éducation préscolaire gratuite pour les familles, et la plus grande production de logements abordables depuis une génération.”
Michelle WU a souligné que Boston s’engage dans des solutions de long terme qui favorisent la prospérité et réduisent la criminalité.
“Nous avons investi dans les opportunités qui construisent un avenir meilleur et éliminent la criminalité à la racine.”
La confiance, clé de la sécurité publique
Wu a insisté sur le fait que la politique de Boston repose sur une coopération efficace entre la police municipale, les forces de l’État et les agences fédérales pour la résolution des crimes. Cependant, elle a rappelé que l’immigration relève de la compétence fédérale et que la loi du Massachusetts ainsi que le Boston Trust Act précisent clairement que la police municipale ne doit pas se substituer aux services d’immigration.
“Nos agents se concentrent sur la prévention et la résolution des crimes, et non sur l’application des lois fédérales en matière d’immigration. Nous sommes la ville où le taux de criminalité est le plus bas parmi les grandes villes des États-Unis parce que nos lois encouragent la confiance et la coopération.”
Elle a souligné que cette confiance est essentielle pour garantir la sécurité de tous :
“Nos agents ont bâti des relations de confiance au fil des décennies. Et tous nos résidents savent qu’ils peuvent appeler le 911 en cas d’urgence ou pour signaler un crime, sans crainte de représailles liées à leur statut migratoire.”
Cependant, elle a dénoncé la politique actuelle de l’administration fédérale qui, selon elle, sape cette confiance et alimente la peur.
“Depuis un mois, j’ai rencontré des résidents, des leaders religieux et des travailleurs sociaux. Tous m’ont dit la même chose : peur et frustration.”
Elle a partagé plusieurs témoignages édifiants :
- Des pasteurs dont les églises sont à moitié vides le dimanche.
- Des médecins dont les patients manquent leurs rendez-vous médicaux.
- Des enseignants dont les élèves cessent de venir en classe.
- Des voisins qui ont peur de signaler des crimes.
- Des victimes de violence qui n’osent plus appeler la police.
“Cette administration fédérale pousse des travailleurs honnêtes, des contribuables, des citoyens respectueux des lois à vivre dans la peur. Mais une ville qui a peur n’est pas une ville en sécurité. Un pays gouverné par la peur n’est pas la terre de la liberté.”
Boston, une ville d’immigrants et de champions
La maire de Boston a replacé le débat sur les villes sanctuaires dans une perspective historique, rappelant que Boston a toujours été une ville d’accueil.
“Le mois prochain, Boston célébrera les 250 ans de l’indépendance américaine. Et chaque année de son histoire, Boston a accueilli le monde entier sur ses rives.”
- Elle a évoqué les différentes vagues d’immigration qui ont façonné la ville :
- Les Anglais fuyant les persécutions religieuses.
- Les Irlandais chassés par la famine.
Les familles venues d’Haïti, de la République dominicaine, du Cap-Vert, du Vietnam et de tant d’autres pays. Wu a insisté sur le fait que Boston doit son succès aux immigrants et non à leur exclusion.
“Nous avons les meilleurs soins de santé, les plus grandes universités, les innovateurs les plus avancés et… les champions de la NBA en 2024, les Boston Celtics !”
Elle a appuyé son argumentation par des exemples frappants :
- Un signataire sur sept de la Déclaration d’indépendance était un immigrant.
- Un joueur sur cinq des quatre dernières équipes des Red Sox championnes de la Série mondiale était un immigrant.
- Parmi les professeurs de l’Université de Boston ayant reçu un prix Nobel, tous sauf un étaient immigrants.
Aujourd’hui, un quart des habitants de Boston sont nés à l’étranger.
“La plupart travaillent. Beaucoup élèvent des enfants. Tous ont choisi ce pays comme leur foyer, parce qu’ils croient que, ici, leur passé ne limite pas leur avenir, que la force de leur caractère importe plus que la couleur de leur passeport, et que la détermination au travail l’emporte sur le lieu de naissance.”
Un message d’unité et d’espoir
Pour conclure son discours, Michelle Wu a adressé un message à ses concitoyens de Boston :
“À tous mes voisins de Boston, sachez ceci : Vous avez votre place ici. Boston es tu hogar. Boston se lakay ou. 這是你的家. This is our city.
Nous sommes la ville où le taux de criminalité est le plus bas aux Etats Unis parce que nous protégeons tout le monde.”

L’audition de la maire de Boston, Michelle Wu, par le Comité de surveillance et de réforme de la Chambre des représentants des États-Unis, dans le cadre d’une session consacrée aux politiques des villes sanctuaires, s’inscrit dans un contexte politique marqué par des tensions croissantes sur les questions d’immigration et de coopération entre les autorités locales et fédérales dans l’application des lois migratoires, notamment depuis le retour du président Donald Trump à la Maison-Blanche.
Les politiques des “villes sanctuaires” font référence aux municipalités qui limitent leur collaboration avec les autorités fédérales sur les questions d’immigration, dans le but de favoriser la confiance avec les communautés immigrées et d’assurer la sécurité publique. Les critiques, notamment parmi les membres du Parti républicain, estiment que ces politiques entravent l’application efficace des lois fédérales et compromettent la sécurité nationale. L’administration du président Donald Trump a intensifié les actions contre ces municipalités, cherchant à renforcer les mesures d’expulsion et à contester légalement les politiques des villes sanctuaires.
Lors de cette audition aujourdhui, Michelle Wu a été invitée à s’exprimer aux côtés d’autres maires de grandes villes américaines ayant des politiques similaires. Parmi les autres intervenants figuraient : Eric Adams, maire de New York, Brandon Johnson, maire de Chicago et Mike Johnston, maire de Denver
Ces dirigeants municipaux ont partagé leurs perspectives et défendu les positions de leurs villes respectives concernant les politiques d’immigration et leur impact sur la sécurité et le bien-être de leurs communautés.
Hier, à Washington, la maire Michelle Wu a reçu, lors d’une conférence de presse, le soutien de plusieurs membres de la délégation du Massachusetts, notamment les sénateurs Ed Markey et Elizabeth Warren, ainsi que les représentants fédéraux Jim McGovern, Katherine Clark, Stephen Lynch et Ayanna Pressley. Ces élus ont exprimé leur solidarité avec la maire et ont réaffirmé leur engagement en faveur des valeurs d’inclusion et de justice sociale qui définissent Boston.
YVES CAJUSTE