Ottawa – INFOHAITI.NET – Le Canada et les États-Unis ont temporairement évité une crise commerciale après que le président américain Donald Trump et le premier ministre canadien Justin Trudeau se sont entendus pour reporter de 30 jours l’application des nouveaux tarifs douaniers américains. L’annonce a été faite par Justin Trudeau sur le réseau X après deux appels téléphoniques avec Trump. Un sursis similaire a été accordé au Mexique plus tôt dans la journée.
Un report de dernière minute
Les nouveaux tarifs américains devaient entrer en vigueur mardi à minuit, avec une première vague de contre-tarifs canadiens appliquée simultanément. En échange de ce report, le Canada s’est engagé à prendre plusieurs mesures répondant aux préoccupations de Trump concernant la sécurité à la frontière et le trafic de fentanyl.
Parmi ces engagements figurent :
- La nomination d’un « tsar » du fentanyl pour coordonner les efforts contre le trafic de cette drogue.
- L’ajout de cartels mexicains à la liste des entités terroristes.
- Une surveillance continue de la frontière et la création d’une force de frappe conjointe contre le crime organisé.
- Un investissement de 200 millions de dollars dans les services de renseignement.
Donald Trump a salué ces engagements et annoncé sur Truth Social que les tarifs seraient suspendus pendant 30 jours pour permettre des discussions économiques avec le Canada.
Un revirement après des mois de tensions
Ce sursis intervient après plusieurs tentatives de Justin Trudeau pour entrer en contact avec Trump depuis son investiture le 20 janvier. L’initiative du Canada semble avoir convaincu les provinces canadiennes de suspendre leurs mesures de représailles : François Legault et Doug Ford ont ainsi annulé le retrait des produits américains des magasins d’alcools du Québec et de l’Ontario.
Le Mexique également concerné
Le président mexicain Claudia Sheinbaum a obtenu un report des tarifs de 25 % en s’engageant à déployer 10 000 soldats à la frontière pour lutter contre le trafic de fentanyl et l’immigration illégale.
Une série de reports et d’incertitudes
- Ce n’est pas la première fois que Trump repousse la mise en place de ses tarifs :
- Le 25 novembre, il avait promis leur application dès le premier jour de son retour à la présidence.
- Le 20 janvier, jour de son investiture, il annonçait leur entrée en vigueur au 1er février.
- Avant cette date, une fuite médiatique parlait du 1er mars, mais la Maison-Blanche a ensuite confirmé la date du 1er février.
- Finalement, samedi dernier, Trump a signé un décret exécutif instaurant des tarifs de 25 % sur les importations canadiennes, à l’exception du secteur énergétique (taxé à 10 %).
Le fentanyl, un prétexte ?
Le fentanyl est un des principaux arguments de Trump pour justifier ces tarifs. Son décret mentionne à huit reprises le rôle du Canada dans ce trafic, affirmant que la quantité passée via la frontière canadienne pourrait tuer 9,5 millions d’Américains.
Cependant, selon plusieurs experts, cette justification est infondée : seulement 1 % du fentanyl entrant aux États-Unis provient du Canada. Certains politiciens canadiens estiment que Trump utilise cette excuse pour s’attaquer à la souveraineté du Canada.
Justin Trudeau a confié aux chefs de l’opposition qu’il devenait évident que rien de plus ne pouvait être fait pour améliorer la sécurité frontalière. De son côté, Trump a plusieurs fois affirmé que Canada et Mexique ne pourraient rien faire pour éviter ces tarifs et a même suggéré que le Canada devienne le 51e État américain.
Le report des tarifs douaniers offre un répit à l’économie canadienne et aux relations commerciales avec les États-Unis. Toutefois, avec un président américain imprévisible et des justifications contestées, l’avenir de ces tarifs demeure incertain. Le gouvernement Trudeau devra trouver des solutions durables pour éviter une guerre commerciale avec son principal partenaire économique