Washington, 25 mai 2025 – Par la rédaction d’InfoHaïti.net – Le diplomate surinamien Albert Ramchand Ramdin a officiellement pris ses fonctions ce 25 mai comme Secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA). Son arrivée marque un tournant : il est le premier dirigeant de cette organisation issu d’un pays membre de la CARICOM. Mais au-delà de la symbolique, Ramdin s’est immédiatement distingué par la priorité accordée à la crise en Haïti, qu’il qualifie de situation « si grave » qu’il faut avant tout « rétablir un semblant de normalité ».
Dans une interview accordée à des médias basés dans la capitale fédérale américaine, Ramdin s’est prononcé sur l’ampleur du drame haïtien. « On ne peut pas attendre grand-chose pour l’instant. La situation se détériore rapidement », a-t-il déclaré, évoquant une spirale de violences, de déplacements forcés et d’effondrement institutionnel. Il cite en particulier les données de l’ONU selon lesquelles plus de 5 600 personnes ont été tuées par des gangs en 2024 et plus d’un million ont été déplacées.
Pour Ramdin, l’OEA ne peut plus se contenter de déclarations de principe. Il appelle à une réponse coordonnée, centrée d’abord sur l’aide humanitaire, puis sur le renforcement des institutions de base : hôpitaux, écoles, justice. Le diplomate met toutefois en garde contre une vision purement militaire : « Déployer des troupes ne suffit pas. Il ne faut pas laisser les gangs prendre le contrôle du pays, car c’est bien leur intention. »
Le nouveau chef de l’OEA salue l’initiative de la mission policière menée par le Kenya, qui rassemble actuellement environ 1 000 agents venus de six pays. Mais il reconnaît que ce contingent est très en deçà de l’objectif initial de 2 500 agents, et que son efficacité reste limitée sur le terrain.
Vers une nouvelle approche politique
Au-delà des urgences sécuritaires, Ramdin insiste sur la nécessité d’un consensus politique national : « Il faut commencer par un processus de construction du consensus avant même de parler d’élections », a-t-il affirmé. Cette déclaration marque un changement de ton, plus pragmatique, face à l’incapacité persistante des acteurs haïtiens à s’accorder sur une transition politique crédible.
Ramdin n’est pas étranger au dossier haïtien. Il a dirigé dans le passé le Groupe des amis d’Haïti au sein de l’OEA et connaît les dynamiques internes du pays comme les fragilités de l’engagement international. Il affirme qu’il consacrera « beaucoup de temps à Haïti », soulignant que seule une implication diplomatique constante et honnête pourra créer les conditions d’une sortie de crise.
Un appel à la solidarité régionale
Le nouveau Secrétaire général insiste également sur le rôle des pays capables de fournir un appui logistique et policier, appelant à une solidarité régionale renforcée. « On ne peut pas résoudre les problèmes seuls. Il faut travailler ensemble », a-t-il plaidé, tout en reconnaissant que les États membres veulent voir un retour sur leur investissement financier. Dans ce contexte, Ramdin promet une gestion plus efficace des ressources de l’OEA.
En parallèle, il entamera un dialogue renforcé avec l’administration américaine, dont le soutien reste crucial pour la survie financière de l’organisation. Il affirme avoir déjà établi un contact solide avec le secrétaire d’État Marco Rubio, favorable à un rôle accru des États-Unis dans la région, y compris en Haïti.
Une vision pour l’ensemble des Amériques
Dans sa déclaration officielle de prise de fonction, publiée le 26 mai 2025 (réf. E-028/25), Albert Ramdin a exposé les grandes lignes de sa vision :
« Aujourd’hui, avec une profonde humilité et un sens aigu des responsabilités, je commence mon mandat en tant que Secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA). J’accepte cette fonction non en tant qu’individu, mais en tant que serviteur dévoué des peuples des Amériques. »
Il appelle à réimaginer les idéaux fondateurs de l’OEA dans un esprit d’unité et de coopération renforcée :
« Nous devons renforcer les liens entre nos nations, nos institutions et, plus important encore, entre nos peuples. Nous sommes plus forts lorsque nous restons unis. Ensemble, nous pouvons affronter les défis de notre temps avec lucidité et courage. »
Ramdin affirme vouloir diriger une OEA plus inclusive et efficace, en engageant non seulement les États membres, mais aussi la société civile, les communautés autochtones, le secteur privé et surtout la jeunesse. Il reconnaît que le chemin sera ardu :
« Le véritable progrès exige du temps, de la confiance et des efforts soutenus. Mais je crois sincèrement que c’est possible, et que cela en vaut la peine. »
« L’OEA a son importance. Et nous ferons entendre notre voix avec confiance et clarté, en démontrant notre légitimité par nos résultats. »