Thursday, April 25, 2024
HomeHAITISportsFootball -Tournoi Vétéran Diaspora : Henry Francillon la vedette

Football -Tournoi Vétéran Diaspora : Henry Francillon la vedette

Les fans et joueurs de football haïtiens de Boston ont retrouvé Almont Park après dix ans de séparation. Ce furent aussi de grandes retrouvailles entre anciens marquées par la présence de Henry Francillon.

L’édition 2012 du tournoi des vétérans de la diaspora haïtienne  d’Amérique du Nord les 7 et 8 juillet à Almont Park, Boston, a été marquée par la présence assidue de Henri Francillon durant les deux jours. L’ancien portier international, 1965-1977, légende authentique du football haïtien, debout derrière un petit bleacher  de deux rangées, a attiré toutes les attentions.

Combien ont-ils été à s’offrir le plaisir et la fierté de presser ces mains qui, tant de fois, ont soulevé l’admiration d’étrangers et Haïtiens par leur fermeté et leur habileté à bloquer, repousser, capter des ballons dangereux pour le but haïtien ? Et des photos ? Et des autographes ? Mais aussi des regards obliques de jeunes qui passent, timides, avant de se retourner et dire leur part de satisfaction de découvrir enfin  cette figure dont leur parlent les journaux jaunis, leurs parents et vieux parents avec affection et nostalgie. Allons pour quelques dizaines.

Les cheveux, cendrés par les jours, mais toujours fixés aussi profondément sur le front que du temps des sixties, coiffent la face encore fraîche, dont quelques sillons, néanmoins, disent un peu les 65 ans de l’ancien ange gardien d’Haïti. Et alors, se refait le football haïtien. Les grands arrières : Faublas, Morin, Legros ; les grands milieux de terrain : Coby, Louisdhon, Singer ; les grands attaquants : Lucien Pierre (Ti Pyè Victory), Phénol, Chardin, et des dizaines d’autres qui, pour des raisons diverses, ne pouvaient être de l’aventure de Port-au-Prince 1973 et Munich 1974. Des souvenirs à la pelle distribués presque sans réserve aux fans essaimés autour de lui. Son passage à Munich 1860.

Des rappels, corrections, ajustements, par Béliotte par exemple, ancien fidèle du stade Sylvio Cator, qui se souvient de la réunion au Bel-Air où Chardin avait fondé l’équipe de vacances « 22 septembre ». Clarel Auguste, arrière latéral gauche du Don Bosco, champion de la Coupe Pradel en 1971, insiste sur les 250 gourdes de prime du match Haïti-Santos de Pelé (0-2). Francillon ne se rappelle pas en avoir touché un centime.  Paul Mentor, Alcindor de l’Aigle Noir, Roland Louis de l’Excelsior, Roosevelt «  Roro » Jean et Jeannot Paul (Don Bosco tous les deux) -le dernier vit au Canada – apportent leur contribution à la mémoire collective.

De l’amertume chez Yonyon d’avoir été rarement compris par les dirigeants de son temps. Politique et football. Menaces après le mauvais match du 21 septembre 69 contre le Salvador,  euphorie malfaisante après le 3-0 de Flor Blanca, San Salvador, où la presse locale voit en lui un ange. Obligé de jouer le match d’appui  à Kingston, la clavicule gauche en bouillie. Et puis le bras gauche douloureux et trop faible pour repousser Obas qui le gêne, et puis le but durant les prolongations de Mon Martinez qui retarde la Coupe du monde haïtienne de quatre ans. Seuls Claude Raymond et Jean Vorbe ont son respect et sa sympathie. À chacun ses doux et mauvais souvenirs, à chacun ses sympathies et antipathies.

Antoine Toussaint « Pa Kole » (Racing 1969-1974) dirige l’équipe de New-York. Tom Pouce n’est pas là. Il est du Masters de New-York qui ne s’entend pas avec Pa Kole. Dommage : problème à régler. Titi Ducoste, Donet Désilus, Gary Méroné, Jean-Claude « Ti Toutou » Saint Germain (Boston et Aigle Noir 1984) traînent leurs 50 ans et plus sur le terrain. Ils sont les seuls vraiment connus parmi les 35-50 ans. Edwige « Doudou Pasarella » Blain et Harold Jean-Baptiste (Aigle Noir 84 aussi) sont, eux, dirigeants du tournoi. Frantz « Fanfan Marengwen » Guillaume (Aigle Noir 1971-1975) Philippe Fauché (Don Bosco 1975-1980) honorent le match de lever de rideau des super vétérans, 55 ans et plus. Boston gagne la finale contre Canada (3-1), et New-York l’emporte aux tirs au but (5-4) face à Miami au match de classement.

Qu’importe ! L’essentiel est de maintenir la chaîne. Julio Midy et Edner Milien relancent leur antienne Mathelier-Gérald Romulus, et les plus jeunes, Jude Dorvil de Carioca en tête, refusent d’accepter que Jean-Jo Mathelier est supérieur à Jean-Roland. Conflit générationnel.  Chrysler Saint Vil (Racing 1975-1979), passe et repasse dans l’indifférence des plus jeunes. Quand on a fini de reconstruire Francillon des yeux, on retrouve les sandwiches, les chaises pliantes et les gazeuses autour du terrain dans l’ombre des grands peupliers. L’apparition de Gérald Romulus tout juste avant que ne débute le dernier match, provoqua un frisson au sein des tatoués du jeu. Goebels Cadet, buteur contre le Mexique (1-1 en 1981) a le sourire de l’ancien combattant quand il regarde Gérald « Djab Baka » Romulus saluer avec révérence Yonyon qui s’empresse, l’accolade finie, d’envoyer ses salutations à Phillipe, Vorbe donc,  par un fan de sa connaissance de retour bientôt au pays.

Par ce bonjour à Phillipe, tous les fans autour de Yonyon  se rappellent un chapitre du début de ces retrouvailles : «Claude Barthélemy, Phillipe Vorbe et lui partageaient toujours la chambre de concentration ». C’est donc ainsi que ce fut l’ancien ailier du Racing qui passa  le combiné de téléphone à Francillon à la demande de  François Duvalier dans l’après-midi de début octobre de la catastrophe du 0-1 contre le Salvador à Kingston, Jamaïque.

La légende Francillon suivit son cours en 1973 à Port-au-Prince et à Munich où elle termina meilleur gardien du premier tour malgré les scores lourds qui ne peuvent éteindre la brillance du gardien et ses partenaires dans nos mémoires.

Patrice Dumont

patricedumont21@hotmail.com

- Advertisment -

LES PLUS RECENTES