TEGUCIGALPA (Honduras), 12 Octobre 2025 (Par YVES CAJUSTE, InfoHaïti.net – Sous une pluie persistante, la sélection nationale haïtienne a effectué ce dimanche son dernier entrainement avants son affrontement décisif contre le Honduras, lundi soir, pour la quattrième journée des les éliminatoires de la Coupe du monde 2026 de la Zone Concacaf Entre alerte météorologique et ambition intacte, les Grenadiers veulent poursuivre leur marche vers une qualification historique.
Des conditions météorologiques inquiétantes
« Il y a un mauvais temps sur toute la zone de l’Amérique centrale », a confié Jeanty Thecieux, responsable de communication de la Fédération haïtienne de football (FHF) dans une interview exclusive accordée depuis Tegucigalpa à CAMERA MOSAIQUE|InfoHaiti.net
« Depuis notre victoire au Nicaragua, nous faisons face à des pluies continues. Une alerte rouge est même décrétée sur le Honduras. »
Arrivée vendredi soir à Tegucigalpa après le succès 3-0 contre le Nicaragua, la délégation haïtienne a été accueillie par des averses torrentielles. « L’entraînement s’est terminé sous une pluie battante, les joueurs sont montés trempés dans le bus. Même à l’hôtel, il pleuvait sans discontinuer », raconte Thecieux.
Les organisateurs du match ont pris des précautions. « Le stade national dispose d’une bonne pelouse naturelle, mais les autorités ont limité la séance d’entraînement à 30 minutes pour éviter de détériorer le terrain », explique-t-il. « Les officiels ont aussi prévu un plan d’urgence en cas d’orage. »
Selon le protocole, si le match est interrompu par la foudre ou de fortes pluies, les équipes rentreront aux vestiaires pour vingt minutes. « Si après quarante minutes la situation n’est pas rétablie, le match pourrait être reporté au lendemain matin », précise Thecieux.
Un calendrier serré et des enjeux logistiques
Ce scénario inquiète la délégation haïtienne. « La trêve internationale de la FIFA se clôture le 14 octobre. Si le match devait être reprogrammé, plusieurs joueurs ne pourraient pas rester, car ils doivent rejoindre leurs clubs », souligne le porte-parole.
Parmi eux, plusieurs cadres indispensables : Ricardo Adé, défenseur central du club équatorien en demi-finale de la Copa Libertadores ; Johnny Placide, gardien du SC Bastia ; ou encore Frantzdy Pierrot, co-meilleur buteur du championnat grec.
« Ces joueurs sont essentiels à leurs clubs, et tout retard dans la programmation du match poserait de gros problèmes », ajoute-t-il. « Certains, comme Duckens Nazon, doivent voyager loin. Nazon doit rejoindre l’Iran, mais il ne peut pas transiter par les États-Unis. Il devra faire un long détour. »
Une atmosphère soudée et disciplinée
Malgré ces aléas, l’ambiance au sein du groupe reste sereine. « Le moral est bon. Les joueurs sont concentrés et unis autour d’un objectif : qualifier Haïti pour la Coupe du monde », assure Thecieux, qui accompagne les sélections haïtiennes depuis 1996.
« C’est un groupe mature, discipliné, qui sait ce qu’il veut. Tous sont conscients que ce qu’ils vivent peut être historique. »
Depuis la participation unique d’Haïti à la Coupe du monde 1974, chaque génération rêve de répéter cet exploit. « Les joueurs veulent offrir à leur peuple une qualification qui serait un message d’espoir et de fierté », confie-t-il.

Un staff rigoureux et professionnel
Sous la direction du sélectionneur Sébastien Migné, le travail du staff technique est salué pour sa rigueur. « L’encadrement a apporté une structure professionnelle comparable à celle d’un club européen », estime Thecieux. « Tout est planifié : préparation, récupération, suivi médical et mental. Les joueurs sentent cette exigence et s’y adaptent très bien. »
Cette méthode porte ses fruits. Depuis le début de la campagne, Haïti est invaincu et affiche une meilleure stabilité défensive. « Avant, nous craquions souvent en fin de match. Ce n’est plus le cas », analyse le porte-parole. « Migné a su corriger ces faiblesses, en instaurant une discipline collective. »
Une équipe transformée dans son attitude
Autre signe de maturité : le rapport des joueurs à leur image. « Ils tiennent à leur professionnalisme. Ils ne veulent pas être photographiés dans n’importe quel environnement. Ils veulent projeter une image sérieuse, digne de leur statut d’internationaux », confie Thecieux.
Les réseaux sociaux et la médiatisation internationale accentuent cette vigilance. « Les clubs suivent leurs performances et leur attitude. Les joueurs le savent. L’équipe nationale est redevenue une vitrine. »
Cette exigence, jugée parfois excessive, témoigne au contraire d’une conscience nouvelle. « Ce groupe comprend que la sélection n’est pas une simple convocation, mais une responsabilité envers le pays. »
« Si la compétition s’arrêtait aujourd’hui, Haïti serait qualifiée », rappelle Thecieux. « Mais nous savons que rien n’est joué. Le Honduras jouera à domicile, devant un public bouillant, et voudra tout donner. »
Une victoire permettrait à Haïti de se rapprocher encore plus de son rêve mondial. « Les joueurs en sont conscients. Ils veulent gagner pour ne dépendre de personne », insiste-t-il.
Le rêve de tout un peuple
Au-delà de la compétition, c’est une mission nationale. « Les joueurs pensent à leur pays, à la souffrance du peuple haïtien. Une qualification redonnerait un peu de joie à des millions de personnes », déclare le porte-parole.
« Cela fait longtemps que je n’ai pas vu une sélection aussi soudée, aussi disciplinée », conclut Thecieux. « Peu importe la pluie, peu importe la fatigue, ils savent qu’ils jouent plus qu’un match. Ils portent tout un peuple sur leurs épaules. »
Haïti affrontera le Honduras ce lundi au Stade Nacional de Tegucigalpa. En cas de victoire, les Grenadiers conforteraient leur première place dans le groupe C et feraient un grand pas vers le tour final des éliminatoires de la Coupe du monde 2026, prévue aux États-Unis, au Canada et au Mexique.
NOTRE ENTRETIEN AVEC JEANTY THECIEUX, RESPONSABLE DU BUREAU DE COMMUNICATION DE LA FEDERATION HAITIENNE DE FOOTBALL