Friday, April 19, 2024
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Football : Convivialité et sécurité dans nos stades

À Léogâne, les dimanches 16 et 23 octobre, la Police a dû tirer en l’air pour protéger les arbitres des matchs Cavaly-Tempête et Valencia-America des Cayes. Dans les deux cas, les équipes léogânaises ont perdu 0-1. Dans les deux cas les deux terrains n’offrent aucune garantie de sécurité. Dans les deux cas, le public, chauvin, s’est jugé flopé par l’arbitre. Le samedi 22 octobre aussi, l’arbitre du match Racing Cavaly (1-1) au stade Sylvio Cator a été frappé par des fans déchaînés au milieu desquels ferraillait un policier. On ne finirait pas d’énumérer ces incidents qui ternissent l’image de ce sport.

Les violences que subissent des gens censés paisibles en quête de loisirs sains bouleversent la conscience des gens de bonne volonté. La société a le droit et le devoir de se donner des balises contre ces dérives. Doivent être interpelés la Police, les mairies, le ministère à la Jeunesse et au sport et certainement la Fédération Haïtienne de Football.

Faut-il le rappeler ?, il n’y a pas un seul match de football à l’issue duquel quelques récriminations ne s’expriment contre l’arbitre. En Inde ou au Honduras, au Botswana ou au Cap-Vert. Mais bon, tout au moins, la planète football bénéficie aujourd’hui des services télévisuels qui lui apportent tous les grands matchs qui, il y a 30 ans, n’étaient disponibles qu’une fois par mois. Et là, les bons exemples pleuvent.

Le sport, c’est l’homme. C’est aussi un lieu : le stade, condensé de toutes les émotions. En cela, il doit être accueillant et sécurisant. Même au temps où notre hospitalité était légendaire, il n’était pas rare que Cayens et Aquinois, Petit-Goâviens et Léogânais, Cabaretiens et Archelois en viennent à s’échanger d’amères politesses du genre bris de voitures, violences corporelles. La mondialisation de l’information a apporté dans nos esprits, malheureusement, en plus des progrès réels de pans entiers de l’humanité, les vilénies hooliganesques de certains bords, Buenos-Aires, Liverpool, Paris, Birmingham, Marseille, Rio. Il faut donc prévenir les violences.

Il faut, par des dispositions strictes et promptes, interdire  tout match officiel sur un terrain dont le public n’est pas séparé de l’aire de jeu par un grillage assez haut pour rendre l’accès du terrain par les intrus, sinon impossible, du moins fort difficile. Dans cette aire, ne seront admis que les officiels, c’est-à-dire joueurs, entraîneurs, soigneurs, arbitres. Si le terrain dispose de vestiaires, la route qui y conduit doit être aussi stérilisée par rapport aux espaces réservés au public. On veillera aussi à ce qu’aucun objet contendant ou tranchant, ou qui puisse servir de projectile : pieux, pierre, bouteille en cristal, ciseaux,  couteaux, ne franchisse la clôture du parc ou du stade.

Les règlements sont clairs : l’équipe visiteuse doit arriver dans la ville où se joue le match trois heures avant le coup d’envoi, et être au stade deux heures avant. Il ne devrait pas être trop difficile de faire respecter cet article. Mais souvent, à la vérité tout le temps, l’équipe visiteuse fait escale à quelques kilomètres du lieu du match ; elle est superbement ignorée par les dirigeants locaux, se voitmême interdite de stade si les locaux n’y sont pas encore entrés. A la barrière, elle doit faire face à une poudre, une feuille, des odeurs toxiques. En quoi serait-il si difficile qu’un club de football sollicite les services d’un espace plus ou moins grand, école, piste de danse, presbytère, hôtel, commissariat, pour la réception des adversaires ? L’image de sportifs mangeant et s’habillant au bord de la route est insupportable. Développer le sport passe aussi par la sportivité autour et sur le terrain.

Le rôle de la police, à la demande de la fédération et des autorités municipales est d’accompagner l’équipe visiteuse depuis son arrivée dans la ville jusqu’à sa sortie. Elle protégera les deux groupes de joueurs avec le même niveau de vigilance, comme elle le fera pour tout spectateur, local ou visiteur.

Si la fédération l’exige, elle obtiendra des deux groupes de dirigeants, les présidents, éventuellement autres officiels, à s’asseoir côte à côte dans un espace aménagé pour eux qui sont les maîtres d’œuvre. Demandera-t-on à nos présidents d’être aussi froids, réservés, retenus, que les Florentino Perez, Galliani, Rossell ou Abramovitch ? Là n’est pas la question. L’exemple de convivialité à donner aux fans, comme les joueurs au sein de leurs équipes respectives, dépendent les uns des autres, et les équipes, de l’une de l’autre, si tant est que le sport n’aurait même pas existé si l’idée d’accepter et encourager l’existence de l’autre n’avait jamais effleuré l’esprit de l’humanité. 

Accepte-t-on que le sport est important en soi par sa charge sanitaire, émotionnelle et sociale ? Peut-on croire à sa consommation au moindre frais, à pas de frais du tout ?

Insistons : il est inacceptable que six cents personnes, mille ou plus, se réunissent quelque part dans une ville dans l’indifférence des autorités municipales. En général, si le maire assiste au match, ce n’est guère pour faire son travail mais à titre de fan de sport. D’ailleurs, ce n’est guère sa présence en tant que telle qui est importante, mais celle de l’institution faîtière de la ville. Les policiers en tenue de travail n’ont pas de parti. Ils ne viennent pas assister au match ; ils viennent protéger. Le terrain appartient aux joueurs et aux arbitres. À personne d’autre.Un terrain de sport n’a jamais été l’équivalent d’une savane. Il doit être aménagé de manière à le rendre agréable pour tous. Les commissaires de match et les journalistes ont la grande responsabilité de rendre compte. Toute complaisance envers le public, les arbitres ou dirigeants plombe leur travail. Dénoncer les dérives est le commencement de la vertu professionnelle et citoyenne.

Et quand la guerre devient nécessaire pour un peuple, il ne le fait pas dans un stade, ni contre les siens.

patricedumont21@hotmail.com

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