Face aux menaces fédérales, MICHELLE WU martèle à nouveau : « BOSTON NE RECULERA PAS »

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Boston, 19 Août 2025 – REPORTAGE de YVES CAJUSTE, InfoHaïti.net

La conférence de presse tenue ce matin devant l’Hôtel de ville par la maire Michelle Wu a débuté par un segment culturel marqué animé  par l’artiste mexicaine Veronica Robles et l’intervention du pasteur Jeffrey Brown de la Twelfth Baptist Church. Tous deux ont insisté sur l’importance de la diversité, de l’inclusion et des partenariats communautaires dans le maintien de la cohésion sociale et de la sécurité à Boston.

Michelle Wu est ensuite intervenue pour répondre à la lettre du Département fédéral de la Justice concernant les « villes sanctuaires ». Elle a réaffirmé l’engagement de Boston à protéger ses communautés et à poursuivre une politique fondée sur la sécurité communautaire, la dignité et l’inclusion. Entourée d’élus, de responsables syndicaux, religieux et d’associations de défense des droits civiques et des communautés ethno-culturelles, elle a souligné que la ville maintiendra ses politiques locales de soutien aux résidents, quels que soient leur statut migratoire ou leurs origines.

Michelle Wu : « Boston ne reculera pas »

Michelle Wu a rappelé le rôle historique de Boston dans la vie politique et sociale américaine. Elle a dénoncé ce qu’elle a décrit comme des pressions fédérales sur les municipalités et a souligné que la ville mise sur la police de proximité et sur des investissements locaux pour renforcer la cohésion et la sécurité.

Elle a présenté plusieurs exemples d’actions municipales récentes :

  • 10 000 emplois d’été rémunérés pour les jeunes,
  • 1 000 nouvelles places gratuites en maternelle,
  • plus de 27 000 nids-de-poule réparés et 80 miles de rues repavées,
  • des partenariats éducatifs pour former des résidents dans les secteurs des sciences de la vie et de l’énergie propre.

La maire a aussi annoncé que Boston préparait un recours juridique pour obtenir davantage de transparence de la part  du Service de l’immigration et des douane (ICE), dans le cadre d’une demande d’accès à l’information restée sans réponse.

Sénateur (fédéral) Ed Markey

Ed Markey : « Le Massachusetts ne se laissera pas intimider »

Prenant la parole, le sénateur Ed Markey a exprimé son soutien à Michelle Wu. Il a rappelé que, selon lui, la Constitution américaine protège les États et les villes contre toute contrainte fédérale dans l’application des politiques migratoires.

Il a insisté sur la diversité des quartiers de Boston et sur l’importance des communautés immigrées dans la vie économique et sociale de la ville. Évoquant l’histoire de Boston, il a établi un parallèle entre les luttes passées pour l’autonomie locale et les débats actuels.

Ruthzee Louijeune, Présidente du Conseil municipal de Boston

Ruthzee Louijeune : « C’est notre ville »

La présidente du Conseil municipal, Ruthzee Louijeune, a rappelé que Boston se veut une ville inclusive. Elle a affirmé que les habitants, qu’ils soient installés depuis plusieurs générations ou nouvellement arrivés, y trouvent leur place.

Louijeune a insisté sur l’appartenance de tous les habitants de Boston, qu’ils soient Américains depuis plusieurs générations ou nouveaux arrivants. « Nous sommes une ville pour tout le monde. Pour le Bostonien de cinquième génération comme pour celui qui vient d’arriver. »

Elle a particulièrement mis en avant la contribution des communautés immigrées à l’économie et à la vie civique de Boston : « Nos immigrants payent des impôts, travaillent dans nos hôpitaux, enseignent dans nos écoles, et participent à rendre notre ville plus sûre chaque jour. »

Ruthzee Louijeune a aussi rappelé la richesse culturelle et identitaire représentée au Conseil municipal lui-même, composé d’élus aux origines irlandaises, italiennes, mexicaines, dominicaines, haïtiennes, jamaïcaines ou encore juives. Saluant la communauté haïtienne de Boston, Louijeune a souligné son importance dans le tissu social de la ville. « Nous ne sommes pas une ville parfaite », a-t-elle reconnu, « mais chaque jour, nous travaillons à l’améliorer, et nous n’avons aucune leçon à recevoir d’un gouvernement fédéral défaillant. »

Aaron Michlewitz, président de la commission des Finances à la Chambre des représentants du Massachusetts,

Aaron Michlewitz : « Les faits sont de notre côté »

Aaron Michlewitz, président de la commission des Finances à la Chambre des représentants du Massachusetts, a souligné que le Commonwealth figure parmi les États présentant les taux de violence armée les plus faibles du pays. Il a rappelé les investissements réalisés par l’État et la ville en matière de santé mentale et de prévention, présentant Boston comme un modèle de gestion locale de la sécurité publique. Selon lui, les données disponibles confirment la solidité et la stabilité de la ville sur le plan sécuritaire.

Jessica Tang, présidente de la Fédération américaine des enseignants du Massachusetts

Jessica Tang : « Une ville syndicale et immigrée »

Jessica Tang, présidente de la Fédération américaine des enseignants du Massachusetts, a insisté sur le rôle des travailleurs immigrés dans l’économie régionale.

Elle a rappelé que 22 % de la main-d’œuvre du Massachusetts est composée d’immigrants et que près de 30 % des entrepreneurs sont d’origine étrangère. Selon elle, leur contribution économique dépasse 17 milliards de dollars en impôts.

Elle a également évoqué l’évolution historique de l’immigration à Boston, depuis les communautés irlandaises et italiennes jusqu’aux arrivées plus récentes, notamment haïtiennes, cap-verdiennes et asiatiques.

Carole Rose, directrice exécutive de l’ACLU du Massachusetts

Carole Rose : « La Constitution est de notre côté »

Carole Rose, directrice exécutive de l’ACLU du Massachusetts, a replacé le débat sur le plan juridique. Elle a rappelé que, selon la jurisprudence de la Cour suprême et le 10ᵉ amendement, les villes ne peuvent pas être contraintes d’exécuter les politiques fédérales.

Elle a souligné que des ordonnances locales, comme la Trust Act, visent à maintenir un climat de confiance entre les habitants et les institutions locales. Elle a également indiqué que l’ACLU a engagé plus d’une centaine de recours contre les mesures de l’administration fédérale.

Kate Dineen, présidente-directrice générale de l’organisation A Better City

Kate Dineen : « Les immigrants sont le moteur de notre économie »

Kate Dineen, présidente-directrice générale de l’organisation A Better City, a insisté sur la contribution économique des communautés immigrées.

Son organisation, qui regroupe environ 130 dirigeants d’entreprises de la région, promeut une ville compétitive et durable. S’appuyant sur des données de Boston Indicators, elle a rappelé que les immigrants génèrent environ 103 milliards de dollars par an, soit 21 % du PIB régional, et représentent 28 % des propriétaires d’entreprises dans le Grand Boston.

Elle a estimé que les incertitudes et la peur fragilisent le climat économique local. Elle a appelé à des politiques permettant de sécuriser la main-d’œuvre et de renforcer la croissance.

Devin Morris, cofondateur et directeur exécutif de l’organisation The Teacher’s Lounge

Devin Morris : Défendre Boston, c’est défendre la démocratie »

Devin Morris, cofondateur et directeur exécutif de l’organisation The Teacher’s Lounge, a indiqué que les attaques visant Boston s’inscrivent dans une dynamique plus large et pourraient se reproduire dans d’autres villes américaines. Il a observé que certains discours associent à tort immigration et criminalité, alors que les données disponibles ne confirment pas cette corrélation.

Il a également estimé que ces menaces détournent l’attention de questions structurelles telles que l’inflation, l’accès aux soins de santé et la protection des droits électoraux. Enfin, il a souligné l’importance de la solidarité entre les communautés et présenté la défense de Boston comme un enjeu lié plus largement à la préservation de la démocratie.

Les autres voix de la matinée

D’autres intervenants ont également pris la parole. Haywood Fennell Sr., défenseur des droits des vétérans, a évoqué le rôle historique de Boston comme ville de résistance.

Michelle Pineda, élève de 12 ans, a raconté son expérience familiale marquée par l’arrestation de son père par  le Service de l’immigration et des douanes (ICE).

Ed Davis, ancien commissaire de police, a rappelé les résultats positifs de la ville en matière de sécurité grâce à une police de proximité.

Il convient de rappeler que le 5 mars 2025, la mairesse Michelle Wu avait comparu devant le House Oversight Committee à Washington, lors d’une audition intitulée “A Hearing with Sanctuary City Mayors”, présidée par le député républicain du Kentucky, James Comer.

Dans une atmosphère particulièrement tendue, elle avait défendu la politique de Boston en matière de sécurité publique, soulignant que la confiance et la coopération entre la police et les communautés constituent les véritables fondements du maintien de l’ordre.

Ses échanges, parfois vifs avec certains élus républicains, avaient mis en évidence les frictions persistantes entre les autorités locales et le pouvoir fédéral, dans un climat politique marqué par le retour du président Donald Trump à la Maison-Blanche en début d’année.

C’est dans ce contexte qu’elle avait lancé une déclaration devenue emblématique : « Boston ne reculera pas », formule reprise ce matin devant l’Hôtel de ville lors de la conférence de presse où, entourée de représentants syndicaux, politiques et communautaires, elle a de nouveau affiché sa détermination à maintenir les politiques locales de protection et d’inclusion.

LA CONFERENCE DE PRESSE DANS SON INTEGRALITE :