Boston, 14 mai 2025 – Par YVES CAJUSTE, InfoHaïti.net – La ville de Boston a confirmé aujourd’hui, pour la douzième année consécutive, le maintien de sa note de crédit AAA, la plus haute possible, décernée par les agences Moody’s Investors Service et S&P Global Ratings. Cette annonce a été faite lors d’une conférence de presse tenue ce matin à l’hôtel de ville par la maire Michelle Wu, entourée de la directrice fdes Finances Ashley Groffenberger, du commissaire à l’évaluation foncière Nicholas Ariniello, et de la présidente du conseil municipal Ruthzee Louijeune.
Cette distinction intervient à la veille de l’émission de 500 millions de dollars d’obligations générales, qui permettront de financer près de 200 projets d’infrastructure à travers la ville. Elle reflète la solidité de la gestion budgétaire de Boston à un moment où de nombreuses autres grandes villes américaines font face à des difficultés croissantes liées à l’instabilité économique nationale.
Une stabilité budgétaire saluée par les agences de notation financière
Dans ses premiers propos, la maire Michelle Wu a exprimé sa satisfaction :
« Je suis très heureuse d’annoncer que Boston vient de se voir attribuer une note de crédit AAA par Moody’s et S&P », a déclaré Michelle Wu. « C’est la douzième année consécutive que la ville obtient cette reconnaissance. Cela témoigne de la solidité de notre économie locale, de la stabilité de notre assiette fiscale et de la qualité de nos services publics. »
Elle a souligné que cette note élevée permet à Boston d’emprunter à des taux préférentiels, ce qui représente des économies de plusieurs millions de dollars pour les contribuables. « Grâce à cela, nous pouvons investir davantage dans nos écoles, nos casernes de pompiers, nos routes et nos infrastructures côtières », a-t-elle ajouté.
Une riposte face à l’instabilité fédérale
Michelle Wu a saisi l’occasion de cette bonne nouvelle pour l’économie de Boston pour dénoncer l’instabilité provoquée, selon elle, par les orientations économiques de l’administration Trump :
« Alors que le gouvernement fédéral entretient un climat d’instabilité économique, Boston demeure résolue à protéger ses communautés », a-t-elle affirmé.
Elle a rappelé que la ville avait pris part à un recours en justice contre la décision de Washington d’annuler plus de 3,5 milliards de dollars de financements destinés au logement, dont 48 millions pour Boston. Elle a également mentionné une déclaration commune déposée auprès de la justice, cosignée par plus de 40 maires, pour contester les coupes dans le financement de la recherche médicale, un secteur vital pour l’économie de la ville.
Ashley Groffenberger : « Le Super Bowl des finances »
Prenant la parole, la directrice des Finances de la ville de Boston, Ashley Groffenberger, a qualifié l’attribution de la note AAA de « Super Bowl de la finance municipale » :
« Malgré la volatilité des marchés, l’instabilité des tarifs douaniers et les signes de ralentissement de l’économie américaine, Boston continue de faire preuve de rigueur et de leadership budgétaire. »
Elle a souligné que les agences de notation avaient salué le rôle moteur de Boston dans l’économie régionale, sa gestion proactive, ses solides réserves financières et la stabilité de ses recettes. Le maintien de cette note devrait permettre, selon elle, jusqu’à 500 millions de dollars d’économies à long terme grâce à des conditions d’emprunt plus avantageuses.
Les obligations ainsi émises serviront notamment à financer la construction ou la rénovation d’écoles, de bibliothèques, de centres communautaires et de piscines, ainsi que l’aménagement de parcs, d’aires de jeux et de projets de rénovation énergétique.
« Ce n’est pas seulement une question de budget, c’est le reflet d’une culture exigeante de gestion, souvent discrète mais essentielle », a-t-elle conclu, en remerciant les équipes juridiques, le service du Trésor et les conseillers financiers de la ville.
Baisse des valeurs immobilières “commerciales” : un indicateur sous surveillance
Interrogée par la presse sur la chute des prix dans l’immobilier “commercial” — certains actifs s’échangeant à moins de 50 % de leur valeur antérieure —, la mairesse Michelle Wu a adopté un ton mesuré, tout en se voulant rassurante.
Elle a insisté sur la diversité des sous-marchés immobiliers à Boston :
« Il n’existe pas un seul centre-ville à Boston. Le Financial District, le Seaport ou encore Back Bay évoluent chacun selon des dynamiques propres. Le Seaport, par exemple, affiche une performance particulièrement solide. »
Mme Wu a précisé que le taux global de vacance dans l’immobilier commercial s’établit actuellement à 14,5 %, un niveau inférieur à celui observé dans d’autres grandes métropoles comme New York, San Francisco ou Chicago. Elle a également souligné que le taux de vacance des commerces de détail est le plus bas parmi les grandes villes américaines comparables, à seulement 2,2 %.
Maire WU a mis en avant l’implantation récente de grandes entreprises telles que LEGO, Genentech et Roche, illustrant l’attrait persistant de Boston pour les sièges sociaux et les centres d’innovation. Elle a également mentionné les efforts en cours pour transformer des espaces de bureaux vacants en logements, avec près de 700 unités résidentielles en cours de planification.
Abondant dans le même sens que Michelle Wu, la directrice fdes Finances de la ville de Boston Ashley Groffenberger a précisé :
« Pour le moment, les changements dans les valeurs commerciales ne sont pas assez significatifs pour provoquer une chute brutale des recettes fiscales, mais le rééquilibrage entre secteurs est réel. »
Fiscalité : vigilance sur les répercussions pour les ménages
Michelle Wu a reconnu que la dépréciation des actifs immobiliers commerciaux pourrait, en vertu du cadre fiscal en vigueur dans le Massachusetts, entraîner une recomposition de la charge fiscale au détriment des propriétaires résidentiels.
Pour anticiper un transfert de charge fiscale, la Ville propose un encadrement législatif
Afin de limiter les effets potentiels d’un transfert de charge fiscale du secteur commercial vers les ménages, la maire Michelle Wu a indiqué avoir redéposé une proposition de loi visant à stabiliser la fiscalité foncière résidentielle. L’objectif est de garantir une prévisibilité budgétaire et une protection durable pour les contribuables résidentiels, dans un contexte de repli des valeurs immobilières commerciales et de volatilité du marché.
Évaluation foncière : un mécanisme amortisseur
Le commissaire à l’évaluation foncière de la ville, Nicholas Ariniello, a précisé que les récentes transactions ne seront prises en compte qu’à partir de l’année fiscale 2027, dont la date d’évaluation de référence est fixée au 1er janvier 2025.
« Le processus est structuré de manière à nous laisser le temps de collecter l’ensemble des données de marché, d’analyser les tendances à moyen terme, et d’éviter de tirer des conclusions à partir de ventes ponctuelles », a-t-il expliqué.
Il a souligné le rôle régulateur de ce système d’évaluation différée, qui contribue à lisser les fluctuations du marché et à renforcer la crédibilité financière de la ville. Ce mécanisme, selon lui, constitue un levier de stabilité fiscale apprécié par les agences de notation et les investisseurs institutionnels, car il limite les variations brutales de recettes fiscales locales.
Ruthzee Louijeune : « Boston fait preuve de leadership »
Ruthzee Louijeune, présidente du conseil municipal, a exprimé son soutien à l’administration de la mairesse Wu et a souligné la qualité de sa gestion.:
« L’obtention de cette note ne relève pas du hasard. Elle résulte d’une gouvernance éclairée, d’un engagement constant envers l’ensemble des quartiers de la ville, et d’une volonté affirmée de faire de Boston une métropole à la fois prospère et inclusive. »
La présidente du conseil municipal a souligné que peu de grandes villes américaines peuvent se prévaloir d’une notation AAA, notamment celles dont le modèle fiscal repose moins fortement sur les recettes issues de la fiscalité foncière. Elle a également rappelé que cette reconnaissance s’inscrit dans un contexte d’efforts soutenus en matière d’investissement public, en particulier dans le secteur du logement, afin de répondre à la crise actuelle de l’accessibilité résidentielle. Elle a enfin plaidé en faveur d’une distribution plus équitable des bénéfices de la croissance économique, appelant à renforcer les mécanismes de redistribution au bénéfice de l’ensemble des communautés bostoniennes.
Des quartiers dynamiques au cœur de la stratégie
La mairesse Michelle Wu a clôturé la conférence de presse en soulignant l’importance des centres commerciaux de quartier, citant notamment West Roxbury, où elle avait rencontré plus tôt une association de commerçants.
« En renforçant nos rues commerçantes, en soutenant les petites entreprises locales et en adaptant nos règles de zonage, nous veillons à ce que la croissance économique bénéficie à tous les quartiers — pas uniquement au centre-ville », a-t-elle déclaré.
Michelle Wu a également réaffirmé la nécessité pour la Ville de Boston de disposer des instruments législatifs adéquats afin d’anticiper les évolutions économiques et de protéger les résidents, en particulier sur le plan fiscal.
