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Bilan 2016 : Des institutions déplorent une mauvaise gestion du commerce entre Haïti et la République Dominicaine

Par Junior Dérismond
P-au-P, 26 déc. 2016 [AlterPresse] — Les relations commerciales, entre Haïti et la République Dominicaine, ont été mal gérées par l’État haïtien au niveau de la frontière entre les deux pays, critiquent des représentants d’institutions, interviewés par AlterPresse. Il n’y a aucun fléchissement dans la tendance de l’augmentation de l’importation de produits dominicains par Haiti. « 1/3 des produits importés par Haïti des pays étrangers proviennent de la République Dominicaine », souligne l’économiste Bénédique Paul, membre du comité du volet commerce à l’Observatoire binational pour la migration, l’environnement, l’éducation et le commerce (Obmec).

Il évoque une faiblesse du système étatique haïtien à la base du commerce informel dans les zones frontalières.

Déjà, au cours de l’année 2015, Haïti a importé des produits de la République Dominicaine, évalués à un milliard de dollars américains, alors que les chiffres d’exportation étaient de 51 mille dollars, rappelle l’enseignant-chercheur à la Faculté des sciences économiques et administratives (Fsea), de l’Université privée Quisqueya (Uniq).

Bénédique Paul, également directeur du Centre de recherche en gestion et en économie du développement (Creged) à l’Uniq, pense que le commerce informel devrait s’accoupler avec un programme de développement économique et social.

Par ailleurs, plusieurs voix, dans différentes branches économiques, ont dénoncé l’irresponsabilité du président provisoire, Jocelerme Privert et du gouvernement d’Enex Jean-Charles, dans le dossier concernant la mesure d’interdiction d’entrée, par voie terrestre, sur le sol haïtien, de 23 produits dominicains

Cette décision est entrée en vigueur le 15 septembre 2015, sous l’administration du président Michel Joseph Martelly.

Des députés et sénateurs haïtiens, issus des zones frontalières, se sont exprimés en faveur de la levée de l’interdiction des 23 produits dominicains.

Cette interdiction a été suspendue par le gouvernement haïtien, sans la publication d’un document, dénonce Gregory Brandt du Forum économique du secteur privé haïtien.

La non application de la mesure d’interdiction, par voie terrestre, des 23 produits dominicains a entraîné une perte de six cent millions de dollars américains par année, relève-t-il, faisant état d’une compétition déloyale entre les investisseurs, qui paient leurs taxes, et les contrebandiers.

Brandt exhorte l’État à exiger le paiement des taxes au niveau de la frontière haitiano-dominicaine et établir un accord clair avec la République Dominicaine, pouvant permettre la rentrée des produits dominicains uniquement sur les quatre points frontaliers officiels (Malpasse/Malpaso -Jimani, Ouanaminthe/Dajabon, Belladère/Comendador (chef-lieu de Elías Piña, l’une des 32 provinces de la République Dominicaine) et Anse-à-Pitres/Pedernales), où il existe des douanes.

A noter l’existence de differents autres points frontaliers, non officiels (sans présence de services douaniers), entre Haïti et la République Dominicaine, par où transitent divers produits du commerce informel entre les deux pays partagenat l’ile d’Haïti.

« L’État n’a pas de contrôle sur la frontière (…) S’il y avait un bon fonctionnement au niveau de la frontière, l’État n’aurait pas besoin de l’argent des étrangers pour financer ses projets », soutient-il.

« Plus on laisse le temps passer, sans faire une intervention au niveau de la frontière, plus il sera difficile de prendre de bonnes décisions », prévient-il.

« C’est extrêmement mauvais, de la part de nos autorités, de laisser entrer les produits dominicains, sans même un communiqué, annulant l’interdiction des dits produits », a aussi dénoncé, pour sa part, Jean Robert Argant, coordonnateur du Collectif du 4 décembre 2013.

Le fait de permettre l’entrée (sans mesures douanières appropriées) des produits dominicains, sur le sol d’Haïti, dépasse la complaisance.

« L’État n’a aucune vision pour notre pays (…), l’Haïtien n’est pas défendu par les autorités en place », fustige-t-il.

Le Collectif du 4 décembre 2013 plaide en faveur d’une protection de la production nationale ainsi que d’une nouvelle approche de la diplomatie haïtienne vis-à-vis de l’extérieur.

 

Source : AlterPresse.org

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