CHELSEA, MASSACHUSETTS – 16 Juin 2025 – Par la rédaction d’InfoHaïti.net – À l’occasion d’une assemblée publique organisée dans les locaux de l’organisation communautaire La Colaborativa, la députée fédérale Ayanna Pressley (7e district du Massachusetts) a exprimé de vives inquiétudes face à la montée des violences politiques aux États-Unis et aux dérives autoritaires de l’administration Trump.
Elle a réitéré son engagement en faveur des familles immigrées confrontées à des politiques qu’elle qualifie de répressives et contraires aux principes démocratiques.
Entourée de responsables communautaires, du gestionnaire municipal de Chelsea Fidel Maltez, de membres de la Chelsea Black Community et de plusieurs élus locaux, Mme Pressley a dénoncé ce qu’elle décrit comme une « stratégie de terreur et d’intimidation » mise en œuvre par le président Donald Trump.
Dès les premières minutes de son allocution, la députée a exprimé sa profonde émotion après les violences qui ont coûté la vie à la représentante du Minnesota Melissa Hortman et à son époux, victimes d’une attaque armée récente. « Ce sont des serviteurs publics, des gens qui ont consacré leur vie à bâtir des communautés plus sûres. Il doit y avoir un tollé, une indignation générale, une condamnation ferme », a-t-elle déclaré.
Mme Pressley a par ailleurs mis en garde contre une concentration inquiétante de pouvoir et d’actes arbitraires qui, selon elle, traduisent une volonté assumée d’instaurer un régime autoritaire. Elle a qualifié de « style Corée du Nord » le récent défilé militaire organisé à Washington, soulignant le caractère ostentatoire et intimidant d’un tel événement dans une démocratie.
La députée fédérale du 7ème District du Massachusetts à la Chambre des Représentants a cité plusieurs cas récents d’atteintes aux droits des élus : déploiement illégal de la Garde nationale contre des manifestants pacifiques en Californie, inculpation d’une élue noire du Congrès pour l’exercice de ses fonctions, interpellation musclée d’un sénateur latino pour avoir posé une question. Pour elle, ces faits démontrent une instrumentalisation de l’appareil sécuritaire à des fins politiques.
Elle a également condamné les méthodes employées par les agents du service américain de l’immigration et des douanes (ICE), qui interviennent parfois sans mandat et sans identification, dans ce qu’elle considère comme des opérations arbitraires et abusives. Illustrant ses propos, elle a évoqué le cas de Mahmoud Khalil, ressortissant syrien détenu en Louisiane, qu’elle a rencontré en détention :
« Mahmoud m’a dit : ‘J’ai grandi en Syrie sous Assad. Je sais ce que c’est de vivre sous un régime autoritaire. Et c’est exactement ce que je vis ici.’ »
Dans son intervention, Ayanna Pressley a tenu à rappeler plus loin l’impact direct de ces politiques à Chelsea, où plusieurs familles immigrées ont été victimes de descentes policières. Elle a relaté l’arrestation de Daniel, interpellé devant ses enfants alors qu’il se rendait à la messe avec son épouse le jour de la fête des mères. D’autres jeunes, tels que Belizario Benito Vasques et Geovani de la Cruz Catalan, tous deux élèves ou récents diplômés, ont été arrêtés sans charges, ni procédure judiciaire établie.
« Ce que vit cette communauté, c’est de la terreur d’État », a affirmé Mme Pressley, avant d’ajouter : « La cruauté est le but. »
Mme Pressley a insisté sur les risques que représente cette orientation politique, dénonçant des « violations totales de nos droits constitutionnels, sans bon sens ni compassion ». Selon elle, la rhétorique sécuritaire masque une stratégie de chaos politique menée par « l’occupant le plus hors-la-loi du Bureau ovale ».
« Trump veut un pays où le peuple est ignorant, indifférent à la souffrance de ses voisins, et inactif. Mais votre présence ici ce soir prouve le contraire », a-t-elle déclaré à l’auditoire.
Elle a également dénoncé les politiques économiques du président Trump, notamment un projet de loi visant à réduire ou supprimer des dispositifs tels que l’assurance maladie, l’aide alimentaire et la sécurité sociale, menaçant jusqu’à 16 millions de bénéficiaires. Elle a dénoncé « un agenda anti-liberté », ajoutant : « Ils veulent contrôler votre corps, vos mots, vos lectures, vos déplacements. »
Un appel à l’engagement collectif
Tout en rappelant qu’elle représente un État progressiste, Mme Pressley a souligné que nul n’est à l’abri. Les coupes budgétaires proposées, selon elle, visent aussi les services publics, les programmes éducatifs, la recherche scientifique et les droits des minorités. « Ne croyez pas un instant que nous sommes à l’abri », a-t-elle averti.
Elle a conclu son discours par un appel à l’unité et à l’action collective :
« Vous n’avez pas besoin d’être députée, ni de diriger une organisation. Apportez simplement votre don. Quel qu’il soit. »
Elle a enfin invité les personnes présentes à solliciter son bureau pour tout dossier relevant des affaires fédérales – qu’il s’agisse d’immigration, de logement ou de protection sociale – et à repartir avec des fiches d’information.
« Il ne s’agit pas seulement de survivre aux quatre prochaines années. Il s’agit de définir les cent prochaines. Le travail de reconstruction sera immense, et il faudra nous y atteler ensemble. »