Boston, Massachusetts, 19 Novembre 2025 — (PAR YVES CAJUSTE, Managing Editor of Infoaiti.net ) – Lors d’une table ronde organisée au State House par Valentina A. Bowser, Directrice des Medias Multiculturels au bureau de la gouverneure Maura Healey, cinq hauts responsables du Département de la Santé et des Services sociaux ont détaillé les priorités sanitaires, sociales et migratoires du Commonwealth dans un contexte politique national incertain.
De la vaccination à l’accès aux droits pour les migrants, en passant par les défis de l’assurance santé et des programmes d’assistance, chacun a livré une vision claire de l’urgence d’agir.

Dr Kiame Mahaniah — Secrétaire à la Santé et aux Services sociaux
Médecin dans le Massachusetts depuis 2003 et désormais secrétaire à la Santé et aux Services sociaux, le Dr Kiame Mahaniah continue de recevoir des patients à Lynn malgré ses nouvelles responsabilités. Sa trajectoire personnelle, marquée par un parcours multiculturel, reflète selon lui la diversité du Commonwealth. « J’ai deux enfants adultes, je suis marié à une Allemande et mes enfants vivent aujourd’hui en Allemagne, » a-t-il expliqué, rappelant que son engagement professionnel a toujours été guidé par la volonté « de servir les plus vulnérables ».
Avec humour, il a évoqué son apprentissage de l’espagnol, devenu essentiel dans sa pratique. « Je commence à parler très vite en espagnol, puis je m’excuse : “parezco dominicano, pero no soy”, » a-t-il raconté. Une phrase qu’il répète souvent, même s’il reconnaît : « Je n’ai pas encore le vocabulaire pour parler de sujets très complexes dans cette langue. »
Formé comme médecin de premier recours, il a passé les quinze dernières années à combiner soins primaires et traitement des addictions, « particulièrement la dépendance aux opioïdes ». Ce double rôle de clinicien et promoteur des politiques de santé publique s’inscrit naturellement dans ses nouvelles responsabilités. « Mon objectif a toujours été de ramener des ressources et du pouvoir dans des communautés longtemps privées de ces outils, » a-t-il souligné.
Le secrétaire a conclu en saluant le travail de ses collaborateurs. « J’ai une excellente équipe. Tout s’enchaîne très bien, » a-t-il affirmé, soulignant la cohésion et l’efficacité de son département.

Le Dr Robbie Goldstein, infectiologue et commissaire du Département de la Santé publique (DPH), a livré l’intervention la plus technique de la table ronde, rappelant d’emblée l’étendue de la mission de son agence. « Nous devons penser aux 7,1 millions d’habitants du Massachusetts, du premier au dernier jour de leur vie, » a-t-il déclaré. Contrairement à d’autres organismes de l’administration Healey-Driscoll, le DPH « ne se concentre pas sur une population spécifique » mais « agit pour tous, sans exception ».
Il a centré son message sur la vaccination, rappelant que « les vaccins sont sûrs » et « efficaces », tout en dénonçant l’« incertitude profonde » créée par certaines prises de position au niveau fédéral. Sans citer de nom, il a fustigé les déclarations du secrétaire fédéral à la Santé qui a « mis en doute l’efficacité et la sécurité des vaccins sans aucune donnée, aucune preuve, aucun document », compliquant selon lui le travail des autorités sanitaires.
Face à ce contexte, le Massachusetts a dû réagir rapidement. Parmi les mesures prises, l’État a émis un ordre permanent permettant à tous les pharmaciens d’administrer le vaccin contre la COVID-19, afin que « les gens puissent entrer dans leur pharmacie locale et recevoir un vaccin, aussi simplement que cela ». Le DPH a également travaillé avec la Division of Insurance pour garantir que les vaccins recommandés par l’agence soient entièrement couverts par les assurances, « sans frais pour les assurés ».
Le commissaire a aussi insisté sur la coordination régionale menée à travers la « Northeast Public Health Collaborative », réunissant des responsables sanitaires du Maryland au Maine. « Nous avons examiné les données ensemble. Nous avons consulté les sociétés savantes. Puis nous avons émis des recommandations universelles, » a-t-il expliqué. Ces recommandations préconisent la vaccination contre la COVID-19 à partir de l’âge de six mois, avec une priorité pour les populations vulnérables, et rappellent également la nécessité du vaccin contre la grippe.
L’arrivée de l’hiver rend ces démarches d’autant plus urgentes. « C’est maintenant le moment de se faire vacciner : fin novembre, début décembre. Nous voulons voir les chiffres grimper, » a-t-il déclaré en prévoyant une hausse des cas de grippe dans les semaines à venir, suivie d’un rebond du COVID-19. « La vaccination est le mur de protection dont nous avons besoin pour garder nos communautés et notre système de santé en sécurité. »
Enfin, le Dr Goldstein a rappelé que la stratégie du DPH s’étend bien au-delà de la pandémie. « Nous allons appliquer la même rigueur pour la rougeole, les oreillons, la rubéole, la varicelle, l’hépatite B et la polio, » a-t-il conclu, évoquant une approche globale et durable fondée sur les données scientifiques.
Première mesure : une directive permanente autorisant tous les pharmaciens du Massachusetts à administrer le vaccin contre la COVID-19.
« Les gens doivent pouvoir entrer dans leur pharmacie locale et recevoir un vaccin. C’est aussi simple que cela, » a-t-il expliqué. Une nouvelle réglementation du Board of Registration in Pharmacy a aussi élargi les capacités vaccinales des pharmaciens.
Deuxième axe : le travail avec la Division of Insurance. « Nous avons publié des directives conjointes exigeant que toutes les assurances de l’État couvrent les vaccins recommandés par le Département de la Santé Publique, » a rappelé le commissaire. « Résultat : le vaccin sera entièrement couvert, sans reste à charge pour les assurés. »

Troisième pilier : Le Massachusetts a également participé à l’élaboration de recommandations régionales fondées sur les données, en coordination avec la « Northeast Public Health Collaborative », qui réunit des responsables sanitaires du Maryland au Maine. « Nous avons examiné les données ensemble. Nous avons consulté les sociétés savantes. Puis nous avons émis des recommandations universelles, » a expliqué le commissaire.
Ces recommandations préconisent la vaccination contre la COVID-19 pour toutes les personnes âgées de six mois et plus, avec une priorité pour les publics les plus vulnérables : les plus de 65 ans, les enfants de 6 mois à 2 ans et les personnes souffrant de maladies chroniques. Le DPH rappelle également l’importance du vaccin contre la grippe. « Tout le monde de six mois et plus devrait recevoir le vaccin contre la grippe, » a insisté Dr. Goldstein.
Le commissaire a souligné l’urgence de la situation à l’approche de l’hiver. « C’est maintenant le moment de se faire vacciner : fin novembre, début décembre. Nous voulons voir les chiffres grimper, » a-t-il déclaré, évoquant une hausse attendue des cas de grippe dans les prochaines semaines, suivie d’un rebond probable des infections au COVID-19. « La vaccination est le mur de protection dont nous avons besoin pour garder nos communautés et notre système de santé en sécurité. »
Enfin, il a rappelé que la stratégie vaccinale du DPH dépasse largement le cadre de la pandémie. « Nous allons appliquer la même rigueur pour la rougeole, les oreillons, la rubéole, la varicelle, l’hépatite B et la polio, » a-t-il ajouté, en référence à une approche globale et durable fondée sur les preuves scientifiques.

Audrey Gasteier — Directrice exécutive du Massachusetts Health Connector
La directrice exécutive du Health Connector, Audrey Gasteier, a axé son intervention sur les enjeux d’accès à la couverture santé alors que le Massachusetts est entré dans une période d’inscription cruciale. « Nous sommes l’échange officiel d’assurance santé de l’État. Nous couvrons aujourd’hui 400 000 personnes, » a-t-elle rappelé.
Elle a insisté sur l’ouverture de la période d’« open enrollment », fenêtre d’inscription permettant aux personnes non couvertes d’adhérer à un plan. « Nous avons ouvert le 1er novembre et l’inscription se poursuit jusqu’au 23 janvier. Mais la date clé, c’est le 23 décembre, » a-t-elle déclaré. « Si vous voulez être couvert dès le 1er janvier, vous devez choisir un plan et effectuer votre paiement avant cette date. »
Gasteier a souligné que la plupart des nouveaux inscrits bénéficient d’aides financières. « Nous avons des subventions fédérales et étatiques qui rendent la couverture abordable, » a-t-elle indiqué. Elle a appelé les assurés actuels à mettre à jour leurs informations — naissance, mariage, changement de revenus — car « c’est essentiel pour garantir le bon niveau d’aide ».
Elle a également rappelé le rôle des « navigators », répartis dans les centres communautaires et disponibles en 30 langues. « Ils sont un outil extraordinaire pour accompagner les personnes dans l’inscription ou le maintien de leur couverture, » a-t-elle souligné.
La responsable a toutefois averti que des changements fédéraux récents auront des conséquences importantes. Le « One Big Beautiful Bill Act » prive 37 000 immigrants légalement présents — n’ayant pas encore atteint les cinq ans de résidence requis pour Medicaid — de subventions fédérales. « C’est très regrettable. Nous continuons de plaider pour ce groupe, » a-t-elle affirmé.
Autre défi : l’expiration des crédits d’impôt bonifiés mis en place pendant la pandémie. « Le gouvernement fédéral n’a pas prolongé ces crédits. Certains verront leurs primes augmenter, » a-t-elle expliqué. Malgré cela, elle assure que le Health Connector reste mobilisé. « Nous faisons tout pour qu’ils restent couverts. Ils peuvent comparer les plans. Nous voulons que chacun conserve la sécurité qu’apporte une assurance. »

Cristina Aguilera-Sandoval — Directrice exécutive de l’Office for Refugees and Immigrants (ORI)
La directrice de l’Office for Refugees and Immigrants, Cristina Aguilera-Sandoval, a centré son intervention sur la protection des immigrés face à un climat national marqué par ce qu’elle décrit comme une application « indiscriminate » des lois migratoires. « Nous avons été très occupés. Mais nous nous y étions préparés, » a-t-elle déclaré. L’ORI mène actuellement des réunions régionales afin d’informer les communautés de leurs droits. « Le message est clair : notre gouvernement est engagé à soutenir et protéger les immigrants dans cette situation difficile, » a-t-elle ajouté.
Elle a annoncé le lancement d’un programme majeur : le Massachusetts Access to Counsel Initiative. « Les personnes en détention ou en procédure de renvoi pourront désormais obtenir une assistance juridique, » a-t-elle expliqué. Elle a souligné un élément central : « Ils ne viendront pas alourdir un système déjà saturé : 24 nouveaux professionnels seront spécialement recrutés et formés.
Elle a également présenté le Habeas Project, un dispositif d’urgence qui permet aux personnes détenues de saisir rapidement un coordonnateur chargé de les mettre en relation avec un avocat habilité à déposer un habeas corpus devant un tribunal fédéral du Massachusetts. Ce mécanisme, qui doit intervenir dans les 24 premières heures, vise à empêcher le transfert des détenus hors de l’État avant qu’ils n’aient accès à une défense appropriée et à une audience de caution. Le Massachusetts est devenu un modèle national pour ce type d’intervention, désormais reproduit dans d’autres États.. « Ce mécanisme doit intervenir dans les 24 heures afin que les familles obtiennent une audience de caution équitable, » a-t-elle précisé.
Elle a salué la coopération avec le bureau de la procureure générale Andrea Campbell, qui finance un fonds d’aide juridique pour les audiences de caution. « Nous diffusons largement ces informations, » a-t-elle insisté.
Enfin, elle a mis en avant la « community resource toolkit », un outil numérique rassemblant programmes sociaux, aides publiques, centres de ressources familiales et autres services accessibles, quel que soit le statut migratoire. « Nous voulons que cette information soit entre les mains du plus grand nombre, » a-t-elle conclu.

Michael Cole — Commissaire par intérim du Department of Transitional Assistance (DTA)
Le commissaire par intérim du Department of Transitional Assistance, Michael Cole, a clos la séance en détaillant les efforts de l’État pour soutenir les familles et les bénéficiaires de programmes sociaux. Il a rappelé que le DTA dessert « plus d’un million de personnes chaque mois » à travers 21 bureaux locaux conçus pour refléter les besoins linguistiques et culturels des différentes communautés. « Chaque bureau compte plusieurs employés multilingues. Et si ce n’est pas le cas, nous utilisons des services de traduction pour servir tout le monde, » a-t-il expliqué.
Cole a insisté sur la valeur de l’expérience vécue au sein de son personnel. « Une grande partie de notre personnel a déjà bénéficié de nos programmes. Cette expérience de vie rend notre action plus humaine, » a-t-il souligné.
Revenant sur la période de shutdown fédéral, le commissaire a salué le rôle des médias communautaires. « Nous avons pu communiquer rapidement grâce à vous. Vos informations fiables ont permis d’éviter la panique créée par les rumeurs sur les réseaux sociaux, » a-t-il déclaré.
Il a ensuite décrit les conséquences du « Big Beautiful Bill », qui élargit les obligations de travail pour les bénéficiaires du programme SNAP. Les personnes âgées de 55 à 64 ans devront désormais accomplir un certain nombre d’heures de travail ou de bénévolat pour conserver leurs prestations. « Nous estimons que 99 000 bénéficiaires seront concernés, » a-t-il indiqué.
Cole a assuré que le DTA accompagnera ces personnes. « Nous allons travailler avec les familles pour identifier des exemptions ou les aider à remplir les exigences, » a-t-il dit.
Pour conclure, il a remercié les organisations présentes. « Merci pour les rôles que vous jouez, qu’ils soient bénévoles ou institutionnels, » a-t-il déclaré, saluant la mobilisation collective pour soutenir les populations vulnérables du Massachusetts.
POUR DE PLUS AMPLES INFORMATIONS :
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DTA, SNAP: https://dtaconnect.eohhs.mass.
gov/
Un extrait de la Table-Ronde du Mercredi 19 Novembre au State House :
CAMERA : Mario Arché






