BOSTON, 24 Octobre 2025 (YVES CAJUSTE, InfoHaïti.net) – Au bureau de Project Bread à East Boston, le sénateur démocrate du Massachusetts Ed Markey et la députée fédérale (MA-07) Ayanna Pressley ont tenu une conférence de presse pour dénoncer la suspension imminente du programme fédéral SNAP (Supplemental Nutrition Assistance Program), menacé par la paralysie du gouvernement provoquée par le bras de fer budgétaire à Washington.
Selon les estimations officielles, plus de 42 millions d’Américains, dont 1,1 million dans le Massachusetts, risquent de perdre leurs prestations alimentaires si le financement n’est pas rétabli avant le 1er novembre.
La rencontre, organisée dans les locaux de Project Bread – organisation emblématique de la lutte contre la faim – a réuni plusieurs figures locales, dont la sénatrice d’État Lydie Edward, ainsi que des responsables du Food Bank of Western Massachusetts, de Children’s Services of Roxbury et du Salem Pantry. Tous ont appelé à une action urgente pour protéger les familles vulnérables.
«Une politique de Robin des Bois à l’envers »
Ouvrant la conférence, le sénateur Ed Markey a accusé l’administration Trump et les républicains du mouvement MAGA d’être responsables d’une crise « morale et humanitaire » sans précédent. Il a dénoncé « un projet de loi monstrueux adopté sans un seul vote démocrate » qui, selon lui, prive des millions d’Américains de soins de santé et d’aides essentielles.
Markey a évoqué « une politique de Robin des Bois à l’envers » : « Ils volent les pauvres pour enrichir les millionnaires et les milliardaires », a-t-il affirmé, avant de qualifier la situation de « faillite morale totale ». Le sénateur a rappelé que près d’un tiers des foyers du Massachusetts rencontrent aujourd’hui des difficultés à se nourrir correctement. « Un enfant sur trois vit la faim, saute un repas ou passe une journée entière sans manger », a-t-il déploré.
Selon lui, 1,1 million de citoyens du Massachusetts perdront leurs prestations SNAP le 1er novembre, dont 260 000 personnes âgées, 312 000 personnes handicapées et 350 000 enfants. « Il n’y a aucune raison pour qu’une grand-mère saute un repas ou qu’un enfant cache sa faim à l’école », a-t-il insisté.
Citant le Dr Paul Farmer, figure humanitaire originaire du Massachusetts, Markey a déclaré : « Si j’ai faim, c’est un problème matériel. Si quelqu’un d’autre a faim, c’est un problème spirituel. Donald Trump et les républicains sont spirituellement vides. » Il a ajouté : « Dans le pays le plus riche du monde, le problème n’est pas le manque de nourriture, mais le manque de conscience. »
« Une crise fabriquée, évitable et inhumaine »
Prenant la parole à son tour, la députée fédérale Ayanna Pressley a salué la mobilisation des associations tout en dénonçant la responsabilité directe du président Trump. « Cette souffrance n’est pas naturelle, elle est fabriquée », a-t-elle martelé. « Nous vivons une crise de la faim créée de toutes pièces par des choix politiques empreints de mépris et d’inhumanité. »
Pressley a relaté sa visite récente dans une école de Roxbury où les infirmières constatent que « la faim est la première raison pour laquelle les enfants viennent les voir ». « Un enfant affamé ne peut pas apprendre », a-t-elle ajouté.
Pour la représentante du Massachusetts au Congrès, la crise actuelle traduit un « déficit d’empathie » plus qu’un manque de ressources. « Ce n’est pas une question d’argent, c’est une question de conscience », a-t-elle souligné. Elle a qualifié les coupes budgétaires du gouvernement fédéral de « violence politique », citant Coretta Scott King : « Affamer un enfant est un acte de violence. »
Ayanna Pressley a dénoncé ce qu’elle appelle une « famine légiférée » : « Nos familles affrontent une falaise historique – le 1er novembre, pour la première fois, une administration pourrait ne pas financer le SNAP. » Elle a accusé les républicains du Congrès de « fuir leurs responsabilités » et de préférer « partir en vacances plutôt que de négocier la réouverture du gouvernement ».
Un appel à la conscience et à l’action
Face aux journalistes, Markey et Pressley ont répondu à plusieurs questions sur les efforts de coordination avec des partenaires privés. La Congresswoman Pressley a indiqué avoir demandé à National Grid de suspendre les coupures d’électricité et d’accorder des facilités de paiement aux familles touchées. « Nous faisons tout pour arrêter la souffrance et atténuer les dommages », a-t-elle affirmé.
Interrogé sur les blocages parlementaires, le sénateur Markey a répliqué : « Les républicains refusent de négocier » tout en accusant le président Trump d’avoir « démantelé l’État fédéral depuis le 20 janvier ».
Pressley a évoqué les travailleurs fédéraux sous contrat, souvent « les moins bien payés et sans garantie de salaire » pendant la fermeture. Elle a rappelé qu’un projet de loi bipartisan – le Fair Pay for Federal Contractors Act – vise à leur garantir une compensation équitable.
La conférence s’est conclue sur un message de détermination. « La nourriture n’est pas un privilège, c’est un droit », a déclaré Ayanna Pressley. « Et nous ne cesserons de nous battre tant que ce droit ne sera pas garanti pour tous. »
Le sénateur Markey a repris ces mots : « Les républicains pourraient mettre fin à cette crise par un seul vote. Restaurer les soins de santé, restaurer la nourriture et rouvrir le gouvernement. Une seule décision. Mais ils refusent. »
