DEDHAM (Massachusetts)- 1er décembre 2025- PAR YVES CAJUSTE, InfoHaïti.net L’administration Healey-Driscoll a dévoilé ce matin à l’auditorium du lycée de Dedham un nouveau cadre de fin d’études secondaires destiné à transformer l’expérience du lycée dans le Commonwealth. Fruit d’un travail avec le K-12 Statewide Graduation Council, ce cadre, considéré comme le plus ambitieux de l’État, renforce les exigences académiques et abandonne progressivement les tests très contraignants.
Le cadre, qui reste à finaliser, prévoit un socle commun de matières obligatoires, un système d’évaluations fondé sur les cours suivis, ainsi que la suppression progressive de l’examen MCAS (Massachusetts Comprehensive Assessment System) de 10ᵉ année comme condition d’obtention du diplôme. Aucun test unique ne fera obstacle à l’obtention du diplôme», assure l’administration.
« Repenser le lycée »
Dans son discours à Dedham High School ce matin, la gouverneure Maura Healey a replacé la réforme dans le contexte de l’histoire éducative du Massachusetts. « Ici, vous êtes la maison de la première école financée par des contribuables dans le pays », a-t-elle rappelé, en évoquant les célébrations du 250ᵉ anniversaire des États-Unis.
Elle a insisté sur l’enjeu de la réforme : « C’est un moment décisif pour l’avenir de nos lycées. Nous voulons que chaque élève quitte l’école prêt à réussir, qu’il poursuive des études, entre dans les métiers, l’armée ou toute autre voie. »»
La gouverneure a présenté la réforme comme un changement de philosophie :
« Nous abandonnons les tests très contraignants pour privilégier une logique d’exigences élevées. Ce n’est pas élever des barrières, c’est construire des ponts vers l’avenir. »
Elle a affirmé que l’État entend préserver sa position de leader national : « Nous comptons préserver notre position de tête et continuer à soutenir chaque élève et chaque communauté. »
Un diplôme plus cohérent
Le cadre repose sur trois piliers principaux :
– un tronc commun de cours obligatoires, notamment en STEM et compétences linguistiques ;
– des évaluations alignées sur les cours, permettant d’éliminer graduellement le MCAS comme examen de fin d’études ;
– Un projet de fin d’études, sous forme de projet majeur ou de portfolio, permettra aux élèves de démontrer leurs compétences de différentes manière.
Chaque lycéen devra également compléter un plan de carrière et d’études, ainsi que les formulaires d’aide financière FAFSA et MAFSA. Tous recevront par ailleurs une formation en littératie financière. « « Chaque élève du Massachusetts sera initié à la gestion financière et à des choix responsables. » a souligné Healey.
Selon elle, la réforme vise à renforcer les pratiques déjà efficaces :
« L’objectif est de s’appuyer sur ce qui fonctionne déjà. Il ne s’agit pas de créer un nouveau système, mais d’étendre et de renforcer les pratiques qui ont fait leurs preuves. »
Healey a salué la contribution du Graduation Council, composé d’enseignants, de parents, d’élèves, de dirigeants syndicaux, de responsables communautaires et de représentants du monde économique. « Grâce à vous, nous construisons le prochain chapitre du leadership éducatif du Massachusetts. Et ce n’est que le début », a-t-elle déclaré.
Dr Patrick Tutwiler : « Préparer les élèves pour la vie qu’ils imaginent »
Le secrétaire à l’Éducation, Dr Patrick Tutwiler, a souligné que la réforme répond à un besoin profond d’évolution du lycée. « Les écoles élémentaires ont évolué. Les collèges aussi. Mais le lycée, beaucoup moins », a-t-il observé.
Ancien enseignant et principal de lycée, Dr Tutwiler a rappelé que la question centrale du Graduation Council a été :
« Qu’est-ce que cela signifie de préparer chaque lycéen du Massachusetts pour l’avenir qu’il souhaite et pour la vie qu’il imagine pour lui-même ? »
Il a présenté les éléments structurants du cadre :
– un accès élargi aux formations professionnelles, avec davantage de places dans les filières techniques et de métiers ;
– l’essor des “Innovation Career Pathways”, désormais proposées dans près de 30 % des lycées ;
– le développement de l’Early College, permettant aux élèves d’obtenir des crédits universitaires dès le lycée ;
– l’utilisation de l’outil MyCAP, qui aide les élèves à structurer leur parcours académique et professionnel.
« Ce n’est pas réinventer ce qui fonctionne. C’est amplifier les pratiques fortes déjà présentes dans nos districts », a-t-il précisé, citant Salem, Springfield, Taunton et Chicopee.
Le Secrétaire à l’Education du Massachusetts a également insisté sur la participation du public :
« Des milliers de résidents ont participé aux réunions publiques et aux enquêtes, donnant à ce cadre une assise solidement ancrée dans la réalité des écoles. »
Il a résumé l’esprit de la réforme en soulignant qu’elle repose sur « des attentes ambitieuses, une vision claire et cohérente, et un profond respect pour le travail accompli chaque jour dans les salles de classe ».
Commissaire Petro Martinez : « Ce qui vous passionne doit guider votre parcours »
Le commissaire de l’Éducation élémentaire et secondaire, Pedro Martinez, a insisté sur la cohérence du dispositif :
Pedro Martinez a insisté sur la cohérence du dispositif : « Ce cadre ne fonctionne pas par pièces détachées. Il forme un ensemble, et chaque élève doit pouvoir bénéficier du même éventail d’expériences. »
Il a expliqué que la réforme doit permettre aux élèves de faire des choix éclairés, en lien avec leurs aspirations réelles :
« Les élèves me demandent souvent quel est le meilleur parcours. La vraie question, c’est ce qui les passionne et comment nous pouvons les aider à transformer cette passion en projet. »
Le commissaire a souligné la nécessité d’aligner les cours sur les critères d’admission universitaire, de diversifier les projets de fin d’études et de renforcer la formation en littératie financière. « C’est la demande numéro un des parents, des élèves et des enseignants », a-t-il rappelé.
Il a également évoqué un enjeu central du nouveau cadre : éviter que des élèves motivés se retrouvent limités par manque d’information ou de préparation. « Il n’y a rien de plus cruel que de faire tout ce qu’on attend de vous et de découvrir, au moment de quitter le lycée, que certaines portes vous sont fermées », a-t-il déploré.
Martinez a conclu en saluant la contribution des communautés scolaires :
« Vous êtes la raison pour laquelle le Massachusetts est numéro un dans le pays, et la raison pour laquelle il le restera. »
L’annonce de cette réforme s’inscrit dans la continuité du référendum de 2024, lorsque les électeurs du Massachusetts ont approuvé la suppression du MCAS (Massachusetts Comprehensive Assessment System) comme condition obligatoire pour obtenir le diplôme. Ce vote historique a ouvert la voie à une refonte en profondeur du lycée. Le nouveau cadre présenté par l’administration Healey-Driscoll concrétise cette transition en proposant une alternative fondée sur des évaluations de cours et des standards plus cohérents.





