Haïti : Changement à la tête du Conseil Présidentiel de Transition sur fond de tension sécuritaire

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Laurent Saint-Cyr, Président du Conseil Présidentiel de TRansition (CPT), Haiti)

Port-au-Prince – Par la Rédaction d’InfoHaïti.net

Le 7 août 2025 a marqué une nouvelle étape dans la gouvernance transitionnelle en Haïti avec l’installation de Laurent Saint-Cyr à la tête du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), en remplacement de Fritz Alphonse Jean. Cette passation de pouvoir, organisée à la villa d’accueil, s’est déroulée dans un climat de forte tension sécuritaire, alors que la capitale fait face à une intensification des offensives de groupes armés.

Un nouveau leadership affiché

Représentant du secteur privé des affaires, Laurent Saint-Cyr a déclaré vouloir instaurer un « nouveau leadership » au sein du CPT, estimant que « l’heure n’est plus aux beaux discours ». Il a invité le Premier ministre et son gouvernement à concentrer leurs efforts sur l’obtention de résultats concrets, notamment dans la lutte contre l’insécurité et la relance de l’économie nationale. Il a insisté sur l’importance pour le Conseil de fonctionner de manière harmonieuse et dans l’intérêt collectif, en réaffirmant que l’organisation d’un référendum constitutionnel et d’élections demeure une priorité.

Des sympathisants présents lors de son investiture ont exprimé leur satisfaction, y voyant une opportunité de corriger les dysfonctionnements internes qui freinent la transition. Ils attendent du CPT qu’il rétablisse la sécurité, apporte des réponses à la crise humanitaire et engage le processus électoral.

Le bilan de Fritz Alphonse Jean

Dans son discours de départ, Fritz Alphonse Jean a présenté le bilan de son mandat, mettant en avant des initiatives dans les domaines sécuritaire et administratif. Il a évoqué la signature de contrats avec diverses institutions et la mise en place de formations destinées aux agents de la Police nationale d’Haïti (PNH). Il a salué l’arrivée de son successeur, tout en soulignant les défis persistants auxquels le CPT doit faire face.

Une installation sous haute tension

La cérémonie d’installation a été marquée par un contexte sécuritaire particulièrement tendu. Des menaces émanant de la coalition de gangs« Viv Ansanm » ont entraîné un ralentissement des activités dans plusieurs quartiers de la zone métropolitaine, notamment à Delmas et Bourdon. Cette situation n’a toutefois suscité que peu de réactions parmi les populations déplacées, dont la préoccupation majeure reste le retour dans leurs quartiers d’origine.

Offensive coordonnée contre Port-au-Prince

Depuis la veille de l’installation, Port-au-Prince est confrontée à une stratégie d’encerclement menée par la coalition « Viv Ansanm ». Des attaques simultanées ont été signalées dans plusieurs zones, dont Delmas 31, Pacot et Pernier, accompagnées d’explosions de drones et de tirs nourris. Les assaillants, lourdement armés, ont ciblé des localités telles que Gracien, Charitable et Pernier 17, semblant coordonner leurs actions pour harceler les brigadiers et les forces de l’ordre sur plusieurs fronts.

Selon des sources policières, trois individus armés auraient été tués lors des échanges de tirs, sans perte humaine signalée du côté des forces de sécurité au soir du 7 août.

 

Pertes matérielles pour la Mission Multinationale

En parallèle, la commune de Kenscoff a été le théâtre de violents affrontements entre les forces de sécurité et des groupes armés. La Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS) a confirmé la perte de deux véhicules blindés lors d’une opération de patrouille dans la zone de Morne Tranchant.

 

Selon Jack Ombaka, porte-parole de la MMAS, les blindés sont tombés dans des tranchées creusées par les assaillants, avant d’être incendiés à l’aide de cocktails Molotov. Trois membres d’équipage ont été blessés. L’opération visait à sécuriser la population locale, prise pour cible par une attaque armée.