Haïti : André Jonas-Vladimir Paraison nommé directeur général a.i. de la Police nationale dans un contexte de crise sécuritaire majeure

0

Port-au-Prince, 8 août 2025 – Par la rédaction d’InfoHaïti.net

Face à une détérioration sans précédent de la situation sécuritaire, le Conseil présidentiel de transition (CPT) a procédé ce vendredi  à la nomination et à l’installation d’André Jonas-Vladimir Paraison en qualité de directeur général par intérim de la Police nationale d’Haïti (PNH), en remplacement de Normil Rameau.

La cérémonie officielle, organisée en présence des membres du CPT, du Premier Ministre Alix Didier Fils-Aimé et de plusieurs membres de son gouvernement, a été l’occasion de réaffirmer la nécessité d’une réponse immédiate et coordonnée à l’essor de la violence des gangs armés et à l’instabilité qui affecte durablement le pays.

Laurent Saint-Cyr : la sécurité comme fondement de la transition

Dans son discours, le président du CPT, Laurent Saint-Cyr, a rappelé que la sécurité constitue la pierre angulaire de l’ensemble du processus de transition. “Les voix de 12 millions d’hommes et de femmes s’élèvent pour réclamer une seule chose : la sécurité. Des milliers de familles aspirent à reconstruire leur vie, et cela ne peut se faire qu’avec la sécurité”, a-t-il souligné.

Il a insisté sur les répercussions directes de l’insécurité sur les infrastructures éducatives, sanitaires, économiques et sociales, citant notamment près de 500 000 enfants déplacés, privés d’accès à la protection, à l’éducation et aux loisirs. Selon lui, l’absence d’un climat sûr compromet de manière critique les réformes institutionnelles, la relance économique et la tenue des élections.

Le président du CPT a justifié la décision de changement à la tête de la PNH par “l’urgence et la nécessité d’insuffler un nouvel élan” à l’institution, tout en exprimant sa reconnaissance à Normil Rameau pour avoir exercé ses fonctions dans des circonstances “particulièrement difficiles”. S’adressant à son successeur, il a déclaré : “Vous n’avez pas le luxe de tâtonner. Dès que vous franchirez cette porte, prenez toutes les mesures nécessaires pour rétablir la sécurité, avec l’appui des Forces armées d’Haïti et de la mission nationale d’appui à la sécurité.”

André Jonas-Vladimir Paraison : un engagement de longue date au service de la sécurité publique

Avec plus de trois décennies d’expérience au sein de la PNH, André Jonas-Vladimir Parison a occupé divers postes opérationnels et stratégiques, tant en province qu’à Port-au-Prince. Il a également exercé les fonctions de coordonnateur à la sécurité du Palais national.

Dans son allocution, il a d’abord rendu hommage aux policiers tombés dans l’exercice de leurs fonctions, avant d’exprimer sa solidarité envers les déplacés et les victimes des violences armées. Il a dressé un tableau sombre de la situation nationale, évoquant la paralysie des écoles, des hôpitaux, du secteur touristique, ainsi que la dégradation des activités économiques et culturelles. Il a souligné que ces conditions poussent de nombreux jeunes professionnels à quitter le pays.

Nous faisons face à des violences sexuelles, à une recrue massive de mineurs dans les rangs des gangs, et à l’effondrement de secteurs essentiels de la vie nationale”, a-t-il déclaré. Affirmant sa détermination, il a promis de “s’attaquer à ce problème de front, avec tous les moyens que le gouvernement et nos partenaires mettront à disposition”.

Axes prioritaires et stratégie opérationnelle

Le nouveau directeur général a.i. a présenté plusieurs orientations stratégiques destinées à renforcer l’efficacité de la PNH :

  • Rétablir la sécurité dans l’ensemble du territoire national, avec un accent particulier sur les zones les plus touchées par les violences armées.
  • Renforcer les capacités de renseignement pour anticiper et neutraliser les menaces criminelles.
  • Adapter la formation policière aux réalités du terrain et accroître l’effectif opérationnel.
  • Améliorer la communication institutionnelle et renforcer la coopération avec les médias pour consolider la confiance de la population.
  • Mettre en œuvre un plan de développement institutionnel à long terme pour moderniser la PNH.
  • Instaurer un dialogue structuré avec les syndicats policiers afin de répondre aux revendications légitimes et d’assurer une gestion transparente des ressources humaines et matérielles.

Pour M. Paraison, la PNH représente “un maillon essentiel de la chaîne de sécurité nationale” et doit s’intégrer à une politique globale, coordonnée avec l’ensemble des institutions de l’État. Il a appelé à une mobilisation conjointe du gouvernement, du secteur privé, de la société civile et des citoyens : “Nous n’avons pas de pays de rechange. C’est à nous de le préserver.”