
Boston (Massachusetts), Vendredi 5 septembre, 2025. Par YVES CAJUSTE , InfoHaïti.net –
Le State House du Commonwealth a servi de cadre s à la célébration de la Fête de l’Indépendance du Brésil. L’événement a réuni la lieutenante-gouverneure Kim Driscoll, plusieurs élus d’origine brésilienne — Priscila Sousa (6ᵉ district du comté de Middlesex), Rita Mendes (11ᵉ district du comté de Plymouth) et Antonio “Tony” Cabral (13ᵉ district du comté de Bristol) — ainsi que Farley A. Santos, représentant du 109ᵉ district à la Chambre basse du Connecticut.
Aux côtés des parlementaires, le consul général du Brésil à Boston, Santiago Irazábal Mourão, avait pris part à la cérémonie, tout comme plusieurs membres de l’administration Healey-Driscoll, parmi lesquels Marcony Almeida-Barros, chef de cabinet adjoint pour l’accès et l’égalité des chances, et Yarlennys Villaman, directrice principale des affaires communautaires. Des représentants d’organisations communautaires et associatives complétaient l’assistance, témoignant du rôle central joué par la diaspora brésilienne dans la vie sociale, culturelle et économique du Massachusetts.
Contrairement à l’édition inaugurale de l’an dernier, qui avait mobilisé une foule particulièrement nombreuse, la participation a été plus restreinte cette année. Selon plusieurs observateurs, ce recul s’explique par le climat anxiogène entourant le débat national sur l’immigration, un contexte qui affecte non seulement la communauté brésilienne, mais plus largement l’ensemble des communautés immigrantes.
Au cœur de la cérémonie, une double idée a servi de fil conducteur. D’abord, l’importance démographique et économique des Brésiliens dans l’État — visibles dans les quartiers, les commerces, les hôpitaux, les chantiers et les campus — et, plus largement, dans la Nouvelle-Angleterre. Ensuite, la force de récits personnels qui ancrent les débats publics dans des trajectoires humaines : le passage par l’irrégularité administrative, la maîtrise progressive de l’anglais, l’ascension professionnelle malgré les obstacles, l’engagement associatif puis politique. Chacun des intervenants a, à sa manière, rappelé que derrière les statistiques, il y a des visages, des voix et des familles qui tissent la trame du Massachusetts contemporain.

Farley A. Santos : de Framingham (Massachusetts) à Danbury (Connecticut) , un parcours marqué par l’expérience migratoire
Invité d’honneur venu du Connecticut, le député Farley A. Santos a partagé son histoire personnelle. Né à São Paulo, il est arrivé aux États-Unis en 1996 à l’âge de sept ans et s’est installé avec sa famille à Framingham, comme de nombreux Brésiliens. Il a rappelé que son enfance fut marquée par la peur de l’expulsion en raison d’un statut migratoire irrégulier, une expérience encore vécue aujourd’hui par de nombreuses familles.
Élu à la Chambre basse dans le 109ème District (Danbury), l’une des villes les plus diverses du pays, Santos a présenté le travail législatif mené dans son État autour du Trust Act, une loi qui précise que la police locale ne doit pas agir comme service d’immigration. L’objectif, selon lui, est de protéger les familles tout en sanctionnant les crimes graves, afin de maintenir un équilibre entre justice et compassion. Il a insisté sur un principe central : les immigrants ne demandent pas d’assistance gratuite mais une opportunité de contribuer. Leurs enfants, si la société investit en eux, « peuvent devenir médecins, enseignants, entrepreneurs, et même élus ». Pour Santos, les immigrés sont des bâtisseurs d’avenir, et la communauté brésilienne enrichit la société américaine par sa résilience, sa culture et son énergie.

Rita Mendes- De Dunkin’s Donut au State House : persévérance et engagement politique
La représentante Rita Mendes (11ᵉ district du Comté de Plymouth, Brockton) a raconté son propre parcours. Arrivée jeune, elle a souvent été confrontée à des préjugés linguistiques et culturels. À Brockton, où la communauté brésilienne reste minoritaire face aux populations cap-verdienne, haïtienne et latino-hispanique, on lui répétait qu’elle n’avait « aucune chance » en politique. Malgré cela, elle a persévéré et a transformé son accent et son anglais imparfait en signe d’authenticité.
Élue d’abord conseillère municipale at-large, puis première représentante d’État issue d’une minorité dans l’histoire de la ville, Mendes s’est concentrée sur les préoccupations concrètes des familles : logement, éducation, emploi et services sociaux. Elle a expliqué que son parcours professionnel, de Dunkin’ Donuts à l’école de droit, en passant par l’immobilier et les difficultés liées à la crise de 2008, illustre les obstacles mais aussi les possibilités offertes par le travail et la persévérance.
Elle a rendu hommage aux enseignants et conseillers qui l’ont orientée vers les études supérieures et a lancé un appel à sa communauté : transformer la réussite économique en participation civique, en s’impliquant davantage dans la vie publique.

Priscila Sousa : « La joie comme force collective »
La représentante Priscila Sousa (6ᵉ district de Middlesex) a évoqué son parcours marqué par neuf années d’irrégularité administrative et par les sacrifices de ses parents. Elle a insisté sur la double identité qu’elle revendique, brésilienne et américaine, et sur l’importance de l’éducation et de l’action communautaire dans son parcours jusqu’à l’Assemblée.
Pour Sousa, au-delà de la résilience, la communauté brésilienne apporte une compétence unique : la capacité à cultiver la joie même dans les difficultés. Cette disposition culturelle, selon elle, constitue une ressource civique qui aide à créer du lien, à dépasser la peur et à donner une dimension humaine aux débats publics.

Santiago Irazábal Mourão : reconnaissance institutionnelle
Le consul général du Brésil à Boston, Santiago Irazábal Mourão, a souligné la portée symbolique de cette deuxième célébration à la State House. Il a salué l’adoption du 7 septembre comme journée officielle de l’Indépendance du Brésil au Massachusetts, estimant qu’il s’agit d’un signe d’ancrage durable de la communauté dans la société locale.
Il a rappelé les valeurs partagées par Brésiliens et Américains — diversité, liberté, respect des droits humains, esprit d’entreprise — et a fait un parallèle entre l’indépendance brésilienne et les événements fondateurs du Massachusetts, comme le Boston Tea Party. Il a conclu en soulignant que la diaspora reste attachée à sa patrie tout en participant activement à la vie américaine.

Tony Cabral : l’unité des communautés lusophones
Le représentant Antonio “Tony” Cabral (13ᵉ district de Bristol, New Bedford), président du Portuguese-American Legislative Caucus, a rappelé qu’il fut longtemps le seul immigrant siégeant à la Législature du Massachusetts. Son message s’est concentré sur la nécessité de renforcer les liens entre Portugais, Brésiliens, Cap-Verdiens et autres communautés immigrantes afin de construire un pouvoir collectif.
À travers l’histoire de son père, arrivé à un âage vancé aux États-Unis avec l’espoir d’un avenir meilleur pour ses enfants, Cabral a illustré le rôle des sacrifices familiaux dans l’ascension sociale et politique. Selon lui, « la diversité est une force » et doit être utilisée comme levier de progrès et d’unité.

Kim Driscoll : « Des valeurs américaines, non partisanes »
Dernière à s’exprimer, la lieutenante-gouverneure Kim Driscoll a replacé la célébration dans une perspective civique claire : « Nous sommes un pays d’immigrants. Ici, dans le Massachusetts, nos valeurs sont claires et constantes : la diversité fait notre force. »
Elle a souligné la composition diversifiée du cabinet Healey-Driscoll et la volonté d’inclure des points de vue variés dans la gestion publique. Driscoll a salué les contributions de la communauté brésilienne dans des domaines clés tels que l’éducation, la santé, le droit et l’entrepreneuriat, et a insisté sur la nécessité de défendre les populations immigrantes. « Ce n’est pas une option partisane mais une expression des valeurs américaines fondamentales : dignité, opportunité et participation. »
Elle a enfin mis en avant la portée symbolique de l’événement : faire entrer la culture brésilienne dans la State House, « Maison du Peuple », revient à reconnaître officiellement son apport et à ouvrir un espace aux jeunes générations pour « rêver et poursuivre les espoirs portés par leurs parents ».
DANS SON INTEGRALITE, LA CEREMONIE DE CELEBRATION DE LA FETE DE L’INDEPENDANCE DU BRESIL VENDREDI DERNIER AU MASSACHUSETTS STATE HOUSE A BOSTON





