 |
“9211 procès verbaux sont déjà traités (82.37%) , 1879 sont actuellement en traitement (informatique) (16.80%), alors que 92 procès verbaux ne sont pas encore arrivés au centre de tabulation des votes” a déclaré M. Richard Dumesle, le porte-parole du Conseil Electoral ce vendredi, soit trois jours avant la publication des résultats préliminaires des élections du 20 mars. Entretemps, la guerre des chiffres avancés par les partisans des deux candidats à la succession de René Préval se fait rage sur le web et sur certaines stations de radio du pays et “en diaspora”. |
Pour les élections législatives, des candidats de l’Alternative (opposition) se disent consternés par des fraudes électorales massives, résultats de machination politique au plus haut niveau dans de nombreuses régions du pays, en vue de constituer une majorité parlementaire pour le parti au pouvoir (INITE) à la chambre basse. Parallèlement à cet affrontement médiatique des principaux acteurs, cinq (5) des principales organisations nationales d’observation électorale ont fait sortir le jeudi 31 mars un communiqué dans lequel elles indiquent que “l’analyse des données d’observation recueillies par les observateurs sur l’ensemble des communes du pays indique clairement que l’un des deux candidats bénéficie d’un écart significatif pour les présidentielles, tandis qu’ aucun parti n’obtiendrait la majorité absolue au niveau de la Chambre des députés”.
Pour de nombreux observateurs politiques, ce communiqué signé par des personalités crédibles de la société civile est venu compliquer une situation déjà extrêmement difficile pour ne pas dire embarrassante pour un Conseil Electoral Provisoire qui doit conduire à destination les 4 et 16 avril 16 avril ce paquebot de fort tonnage (l’avenir politique de toute une nation) dont il n’a pas le contrôle du gouvernail. M. Evans Paul, secrétaire général du KID (Konvansyon Inite Demokratik) et principal dirigeant de la plateforme politique Alternative (opposition) qualifie “de triage de votes et non de comptabilisation ou traitement de procès verbaux” les opérations qui se déroulent depuis le lundi 21 mars au centre de tabulation des votes du CEP dans une interview diffusée au journal de 4 heures de Radio Kiskeya à Port-au-Prince ce vendredi.. L’ancien maire de la capitale se montre même très sceptique quant à la date du 4 avril avancée par le CEP pour annoncer les résultats préliminaires. “Quand on se rappelle ce qui s’est passé après les élections du 28 novembre dernier: la longue attente, la longue nuit pour finalement annoncer des résultats, à une heure “zenglendo”, sans la signature de plusieurs conseillers électoraux, tout est possible” fait remarquer Evans Paul dont la plateforme politique avait boycotté les élections présidentielles et législatives.
D’un autre côté, le pouvoir de la rue s’organise ça et là dans les quartiers populaires de la capitale, des Gonaïves, de Saint-Marc, du Cap …. à travers des comités VVP (Veye Vot Pep) constitués par les deux camps alors que des menaces de mort sont proférées contre des journalistes de la presse indépendante. Et en dépit des appels au calme lancés par l’ambassadeur américain Kenneth Merten et le chef civil de la Minustah Edmond Mulet, on a l’impression que le pays est comme un baril de poudre qui n’attend que la moindre étincelle pour exploser car ce peuple au chômage, ces centaines de milliers de gens vivant sous les tentes et en proie au choléra, avec leurs bulletins de vote, avaient choisi le changement le 28 novembre 2010 en écartant le candidat à la présidence du pouvoir en place. Se sentant bafoué, ce bon peuple va-t-il accepter de jouer ce rôle de figurant dans ce film que co-réalisent “les amis d’Haïti” et l’équipe sortante avec pour metteur en scène un Gaillot Dorsinvil qui aura, il faut le reconnaître, battu tous les records d’impopularité dans cette longue liste de “présidents de CEP” depuis 1987?
La réponse à cette question dépendra de la capacité du/des leaders ( perdant,s) à accepter gracieusement la défaite et donner ainsi une chance à ce pays. Les plus optimistes estiment que “le blanc” aura toujours malheureusement le dernier mot et pourra imposer sa loi avec des promesses,ses menaces d’éliminations de visas, de publications de dossiers encombrants. “Pwovèb la di: le w genyen zanno kay ofèv, ou pa ka pale fò ni fè rondonmon ak blan an”. Il n’est que d’attendre.
Ces trois diplomates : Kenneth Merten (ambassadeur des Etats-Unis), Marcelo Baumbach (ambassadeur du Brésil) et Edmond Mullet (représentant du secrétaire général des Nations-Unies) pourront-ils à la fois défendre les intérêts de leurs pays/institutions et revigorer un processus démocratique haïtien fragilisé par 25 ans d’amateurisme politique et d’exclusion de toutes sortes. La faute est à nous. Pas à eux. “Sòt ki bay, imbesyl ki pa pran. Blan sa yo pa reskonsab”.
