Rentrée scolaire et pressions du gouvernement fédéral : Michelle Wu réaffirme “l’engagement d’une ville inclusive”

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Michelle WU, Maire de Boston ( Photo-credit: City of Boston| Press Office)
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Boston, 22 Août 2025 – Par YVES CAJUSTE

Dans un contexte politique national tendu, marqué par les débats sur l’immigration et les “villes sanctuaires”, la Ville de Boston a organisé ce matin une séance d’information virtuelle dans le cadre de la Welcoming Week. Objectif : informer directement les représentants des médias desservant les communautés minorisées de la région métropolitaine et leur permettre de questionner la maire Michelle Wu ainsi que plusieurs hauts responsables municipaux.
Cette session d’information, structurée autour de présentations sur l’équité, l’inclusion, les affaires culturelles, l’éducation et l’accompagnement des immigrants, a trouvé son point culminant dans l’intervention de Michelle Wu.

La séance a été introduite par Mariangely Solis Cervera, cheffe du Cabinet pour l’équité et l’inclusion. Elle a rappelé que la mission de son département consistait à représenter et soutenir les communautés qui, pendant des décennies, se sont senties en marge du tissu social et institutionnel de Boston.

« Mon rôle est de bâtir une maison pour tous les résidents », a-t-elle expliqué, en insistant sur l’importance d’une synergie entre les services municipaux et les citoyens. Reconnaissant les ressources limitées dont disposent les médias « communautaires », elle a affirmé la volonté de la mairie de créer des espaces réguliers de dialogue direct afin de garantir que les informations publiques soient accessibles, claires et largement diffusées.

Solis Cervera a précisé que ces rencontres se tiendraient désormais chaque mois, avec la participation de la maire une fois par trimestre. Une régularité destinée à renforcer la confiance et à assurer une meilleure compréhension des politiques publiques touchant aux familles, à l’éducation et à l’immigration.

 

Michelle Wu : fermeté face aux pressions fédérales

Le moment le plus attendu fut la prise de parole de Michelle Wu, dans un climat de tension croissante entre plusieurs villes sanctuaires et l’administration fédérale.

La maire a révélé que Boston avait reçu une lettre officielle du Département de la Justice, signée par la procureure générale fédérale Pam Bondi. Ce courrier accusait la Ville d’être en violation de la loi fédérale en raison de son statut de « ville sanctuaire » et comportait des menaces explicites :

  • des poursuites judiciaires contre les responsables municipaux,
  • la suppression de subventions fédérales,
  • le retrait de certains contrats si Boston ne modifiait pas ses politiques.
  • Un ultimatum fixait au 19 août la date limite pour que la Ville indique comment elle comptait se conformer aux exigences fédérales.

Wu a souligné que 35 juridictions à travers le pays avaient reçu la même lettre, preuve d’une offensive coordonnée de l’administration Trump contre les villes sanctuaires.

« Boston est la  ville la plus sûre grâce à sa diversité »

Face à ces menaces, Michelle Wu a rappelé que Boston n’était pas isolée : elle a échangé avec d’autres maires et réaffirmé que l’interprétation fédérale de la loi était erronée. Elle a dénoncé une vision biaisée de la sécurité publique.

« Cette administration tente de diffuser une image fausse : celle d’une ville où la diversité des langues, des cultures et des origines serait un danger. La réalité, c’est que Boston est la grande ville la plus sûre du pays, et que c’est précisément grâce à sa diversité », a-t-elle déclaré.

Michelle Wu  a partagé un témoignage poignant : celui d’une fillette de 12 ans d’East Boston dont le père, sans casier judiciaire, avait été détenu par Agence américaine de l’immigration et des douanes (ICE). « Son histoire illustre le caractère injuste et déstabilisant des politiques de déportation de masse », a-t-elle martelé.

Au-delà du discours, Michelle Wu a détaillé les mesures suivantes :

  • Respect du Boston Trust Act, adopté à l’unanimité par le Conseil municipal le 20 août 2014, qui interdit à la police locale de coopérer avec l’Agence américaine de l’immigration et des douanes (ICE) en l’absence d’un mandat criminel
  • Renforcement du financement consacré à la représentation juridique des migrants, afin de garantir un meilleur accès à la défense et aux services juridiques.
  • Mise en place de mécanismes de signalement des abus, notamment à travers ligne téléphonique d’assistance « Luce », également appelée Luce Defense Hotline ….
  • Des demandes officielles ont été adressées à l’Agence américaine de l’immigration et des douanes (ICE) afin d’obtenir des données précises sur les arrestations réalisées, mais aucune réponse n’a été fournie à ce jour.

Michelle Wu a également rappelé que Boston s’était engagée à porter plainte contre toute tentative fédérale de déploiement illégal de la Garde nationale.

Des  décisions fondées sur l’histoire

Wu a replacé son engagement dans une perspective historique. Elle a rappelé que Boston s’était déjà rebellée contre une puissance imposant son autorité – à l’époque, la Couronne britannique – et que cette tradition de résistance faisait partie intégrante de l’identité démocratique américaine.

Lors de cette session d’information virtuelle , les représentants des médias ont pu interroger directement la maire de Boston, Michelle Wu, sur plusieurs enjeux sensibles.

Sécurité des élèves. Interrogée sur la possibilité d’opérations menées par des agents des services fédéraux de l’immigration aux abords des établissements scolaires, la maire a tenu à rassurer en affirmant que les écoles de Boston sont des espaces protégés, où la sécurité et la protection des élèves demeurent garanties.

  • Déploiement de la Garde nationale. Concernant la question d’une éventuelle intervention de la Garde nationale comme cv’est le cas actuellement à Washington, Wu a précisé que la Ville se prépare juridiquement à contester toute action qui serait jugée illégale.
  • Accès à son agenda quotidien. En réponse aux préoccupations exprimées par un confrère, elle s’est également engagée à rendre son agenda public plus accessible. Cette mesure vise à améliorer la transparence et à faciliter la diffusion d’informations auprès des communautés locales.
  • Protection des données migratoires. A ce sujet la maire a rappelé que la Ville de Boston ne collecte aucune information relative au statut migratoire de ses habitants. Cette politique a pour objectif de protéger la sécurité et la dignité des personnes concernées, tout en préservant la confiance entre les résidents et les services municipaux.

Boston Public Schools : inclusion linguistique et sécurité des familles

Office of Multicultural and Multilingual (BPS)

Fille d’immigrés haïtiens et cheffe du Bureau de l’éducation multilingue et multiculturelle, Joelle Gamere a mis en avant la richesse linguistique de Boston, où plus de 20 000 élèves parlent plus de 70 langues. Elle a souligné l’expansion des programmes bilingues (espagnol, haïtien, vietnamien et bientôt créole capverdien), la traduction systématique des documents scolaires et le programme Seal of Biliteracy qui valorise le plurilinguisme des élèves.

BPS Office of Familty Advancement

De son côté, Magaly Sanchez, cheffe du Bureau de l’Avancement des Familles à Boston Public Schools, a souligné combien les outils numériques jouent un rôle essentiel dans le renforcement de la communication entre l’école et les parents. Elle a mis en avant ParentSquare, une plateforme qui centralise les informations scolaires et permet un suivi régulier des activités des élèves, ainsi que Zum, une application innovante offrant aux familles la possibilité de suivre en temps réel les trajets des bus scolaires et de recevoir des alertes en cas de retard ou de modification d’itinéraire.
Elle a également rappelé que Boston Public Schools (BPS) restepleinement engagé à protéger l’ensemble des élèves, quel que soit leur statut migratoire.

Office of Cultural Affairs:
Les affaires culturelles : diversité et partenariats

Alexandra Valdez, directrice des Affaires culturelles, a présenté son bureau comme un acteur central dans le soutien aux communautés de Boston et la valorisation de leur diversité. Elle a mis en avant plusieurs initiatives phares : l’organisation de levées de drapeaux et d’événements culturels célébrant les identités locales, un programme de mini-subventions ayant déjà permis d’accompagner plus de 35 associations communautaires, ainsi que la préparation du Mois du Patrimoine Hispanique, destiné à mettre en lumière l’apport des populations latino-américaines à la vie de la ville.

 

Mayor’s Office of Immigrant Advancement (MOIA)

Soutien aux immigrants

Prenant la parole à son tour, Monique Nguyen, directrice du Bureau pour l’Avancement des Immigrés (MOIA), a rappelé que Boston compte environ 200 000 résidents d’origine immigrée. Son bureau propose des consultations juridiques gratuites assurées par des avocats bénévoles, organise des permanences de proximité à East Boston et à Codman Square, et octroie des subventions destinées à l’apprentissage de l’anglais, à l’accès aux droits et au soutien psychologique. Elle a également annoncé la participation active de la Ville aux festivals de la Welcoming Week, un événement qui associe accueil des nouveaux arrivants et célébration culturelle.

Equity and Inclusion Cabinet

Accessibilité et inclusion

La séance d’information s’est conclue avec l’intervention de Martine Maingot, directrice de la communication du Cabinet pour l’équité et l’inclusion. Elle a souligné l’importance d’assurer une pleine accessibilité lors des événements municipaux, en anticipant les besoins d’interprétation linguistique et les demandes d’accommodements spécifiques, afin de garantir la participation de tous les résidents.

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