Marline Amédée nommée co-présidente de la campagne de Moises Rodrigues
Brockton, Massachusetts – 16 août 2025 – Par la Rédaction d’InfoHaïti.net –
Dans le cadre d’une série d’initiatives visant à rencontrer les représentants des différents secteurs de la ville, Moises Rodrigues, ancien maire intérimaire et candidat à la mairie, s’est adressé samedi aux membres de l’Association des Pasteurs Haïtiens de Brockton lors de leur réunion mensuelle.
Son intervention a mêlé récit personnel, engagement civique et analyse des défis auxquels la ville est aujourd’hui confrontée. La veille au soir, le candidat avait participé, jusqu’à minuit, à une soirée de collecte de fonds organisée au TJS Restaurant à Taunton (30 km au Sud), soulignant ainsi l’intensité de ses activités de campagne.
Devant l’Association des Pasteurs Haïtiens de Brockton a mis en lumière à la fois son parcours d’immigré, son expérience politique et sa vision pour l’avenir de la communauté. Par ailleurs, son équipe de campagne a annoncé cet après-midi la désignation de Mme Marline Amédée, d’origine haïtienne, comme co-présidente (co-chair) de sa campagne, une décision qui souligne la volonté d’associer étroitement tous les secteurs de la ville au “projet politique de Rodrigues”.
Un parcours marqué par l’expérience migratoire
Né au Cap-Vert, Moises Rodrigues a passé son enfance en Angola avant de quitter ce pays ravagé par la guerre civile pour rejoindre les États-Unis à l’âge de 16 ans. Ne parlant pas un mot d’anglais à son arrivée, il a rapidement acquis la langue et assumé le rôle d’interprète pour sa famille. Il a souligné que cette expérience était commune à de nombreux immigrés, notamment originaires d’Haïti, du Cap-Vert et d’Amérique latine.
Après ses études secondaires au Lycée de Brockton, il a poursuivi à l’université avant de s’engager, pour six années, dans la Marine américaine. Ce choix, a-t-il insisté, n’était pas motivé par la recherche d’avantages académiques ou financiers, mais par une volonté profonde de « redonner quelque chose à ce grand pays » qui l’avait accueilli. Selon lui, le fait de choisir de devenir citoyen américain donne à cette identité une valeur particulière, comparativement à ceux qui y naissent sans en mesurer toujours la portée.
Un engagement communautaire constant
Rodrigues a également détaillé son investissement dans le travail communautaire. Par l’intermédiaire de l’organisation Cap-Verdienne de Brockton en partenariat avec la communauté haïtienne, il a contribué à offrir des services essentiels aux nouveaux arrivants. Parmi les récentes initiatives, il a mentionné l’accompagnement des familles haïtiennes récemment arrivées, la mise en place de cours d’anglais et l’accès aux technologies numériques.
Au cours des derniers mois, plus de 75 personnes ont ainsi bénéficié de formations en informatique, certaines découvrant pour la première fois l’usage d’un ordinateur. Ces actions incluent aussi la fourniture de matériel et de connexion Internet, ainsi que le soutien juridique et social à des migrants en situation administrative précaire. « C’est toujours une question de services et de solidarité », a-t-il affirmé, en insistant sur la vocation de ces initiatives à faciliter l’intégration socio-économique.
Expérience municipale et gestion de crise
L’ancien maire intérimaire est revenu sur sa nomination à la tête de la ville de Brockton, après le décès du maire Bill Carpenter. Élu par ses pairs du conseil municipal, il a assuré cette fonction pendant sept mois, période marquée par des dossiers critiques.
Parmi les exemples cités, il a mis en avant la résolution d’un procès évalué à 45 millions de dollars, qui menaçait la stabilité financière de la ville. Grâce à une négociation efficace, l’affaire a été réglée à hauteur de 10 % du montant initial, soit 4,5 millions de dollars. « Cela a techniquement sauvé la ville », a-t-il affirmé. Il a également évoqué les discussions autour de l’usine de traitement des eaux, la recherche de subventions pour réaménager Petronelli Way, ainsi que d’autres projets structurants.
Moises Rodrigues estime avoir démontré, durant cette courte période, sa capacité à gouverner dans un contexte complexe. Toutefois, il a rappelé qu’il avait ensuite soutenu Robert Sullivan (l’actuel Maire) pour plusieurs mandats, considérant qu’il disposait de l’expérience nécessaire pour diriger la ville de Brockton.
Une réflexion critique sur les exigences politiques
Dans une perspective plus générale, Moises Rodrigues a dénoncé le manque d’exigences liées à l’accès aux fonctions électives. « Brockton est une entreprise de 618 millions de dollars », a-t-il rappelé, soulignant que dans le secteur privé, une telle responsabilité nécessiterait des compétences avérées en gestion de personnel et en finances.
À ses yeux, nombre de candidats actuels à la mairie ne disposeraient pas de l’expérience suffisante pour être retenus lors d’un recrutement d’entreprise. Or, la gouvernance municipale implique de diriger près de 5 000 employés, dont plus de 200 policiers, 200 pompiers et plus de 2 000 personnels scolaires. Cette comparaison visait à sensibiliser l’auditoire sur l’importance de choisir des dirigeants dotés d’un solide bagage professionnel et managérial.
Un diagnostic préoccupant de la situation fiscale
Rodrigues a ensuite livré une analyse de la situation économique et fiscale de la ville, qu’il a décrite comme une « ville malade », non pas sur le plan sanitaire mais structurel. Il a rappelé que, contrairement à la plupart des municipalités où l’assiette fiscale repose sur un équilibre entre taxes résidentielles (45 à 55 %) et commerciales (40 à 50 %), Brockton dépend actuellement à plus de 70 % des taxes résidentielles, contre seulement 20 % provenant du secteur commercial.
Ce déséquilibre, selon lui, fragilise les finances locales et impose une charge disproportionnée aux ménages. Cela signifie que ce sont principalement les résidents et propriétaires immobiliers qui supportent l’essentiel du poids financier de la ville, a-t-il conclu, tout en soulignant la nécessité d’une réforme structurelle afin de rééquilibrer le développement économique.
Leadership et responsabilité collective
En clôturant son intervention devant l’Association des Pasteurs Haïtiens de Brockton et du Sud-Est du Massachusetts, Moises Rodrigues a rappelé que son parcours personnel et professionnel l’avait préparé à assumer les responsabilités les plus élevées de la ville. Son expérience militaire, son mandat intérimaire à la tête de la mairie de Brockton, son engagement auprès des communautés immigrées et sa connaissance approfondie des réalités locales constituent, selon lui, des atouts majeurs pour répondre aux défis actuels.
L’annonce faite cet après-midi par son équipe de campagne, confirmant la désignation de Marline Amédée comme co-présidente de campagne, illustre également sa volonté d’élargir son équipe de direction et de renforcer la place des leaders issus de tous les secteurs dans le paysage politique local.
Un extrait de l’intervention de Moises Rodrigues, Candidat à la Mairie de Brockton: