

Barnstable, 21 Août 2025 – Par YVES CAJUSTE, InfoHaïti.net
Introduite par M. Mark S. Ells, Town Manager de Barnstable, la gouverneure Maura Healey, entourée de plusieurs membres de son administration, de parlementaires, d’élus locaux ainsi que de partenaires associatifs et scientifiques, a dévoilé au dans l’espace naturel protégé Long Pasture Wildlife Sanctuary de la Mass Audubon un plan de conservation de la biodiversité sans précédent aux États-Unis.
Intitulée Biodiversity Conservation Goals for the Commonwealth, cette initiative sur vingt-cinq ans vise à restaurer les écosystèmes, préserver la faune et la flore, renforcer la résilience face au changement climatique et améliorer la qualité de vie des habitants du Massachusetts.
Un plan pionnier en matière de protection de la nature
D’entrée de jeu, la gouverneure Maura Healey a, insisté sur la portée historique de cette initiative : « C’est la première fois qu’un État américain se dote d’objectifs chiffrés en matière de biodiversité pour 2030, 2040 et 2050, incluant les écosystèmes côtiers et marins », a-t-elle déclaré devant un auditoire composé d’élus, de responsables institutionnels et de citoyens.
Elle a rappelé la richesse environnementale du Massachusetts – ses 2 400 kilomètres de littoral, ses marais salés, ses forêts et ses rivières – en soulignant les liens étroits qui unissent santé publique, bien-être collectif et préservation des milieux naturels : « Notre prospérité économique et notre qualité de vie reposent sur la protection des écosystèmes. »
Afin de soutenir cette stratégie, plusieurs engagements financiers ont été annoncés :
- 5 millions de dollars investis par Mass Audubon pour l’acquisition et la restauration de terres ;
- 4 millions de dollars mobilisés à partir du budget d’investissement de l’État pour l’année en cours ;
- des financements complémentaires prévus dans le projet de loi Mass Ready Act, soit 370 millions de dollars pour la protection des terres et 5 millions pour les habitats marins.
Le plan repose sur trois priorités majeures :
- la revitalisation des habitats, à travers la suppression de barrages anciens, la restauration de marais et récifs, la modernisation des infrastructures hydrologiques et le soutien aux pêcheries ;
- le renforcement du lien entre habitants et nature, par le développement de parcs et jardins urbains, la mise en place de programmes éducatifs et la sensibilisation des jeunes générations ;
- la dynamisation des économies verte et bleue, en favorisant la création d’emplois dans la conservation, la recherche environnementale et les technologies climatiques.

Une stratégie élaborée collectivement
Pour sa part, la secrétaire à l’Énergie et aux Affaires environnementales, Rebecca Tepper, a replacé ce plan dans une démarche de longue préparation. Selon elle, le projet est « le résultat de deux années de travail et de concertation avec de nombreux acteurs locaux et institutionnels ». Elle a particulièrement salué la contribution des équipes du Department of Fish and Game, dirigées par Jennifer Ryan et Eve Schlüter.
Rebecca Tepper a beaucoup insisté sur la dimension pragmatique de la stratégie : « Il s’agit de solutions concrètes pour des communautés concrètes. Restaurer les marais salés, éliminer les barrages obsolètes, planter des espèces indigènes pour soutenir les pollinisateurs, ce sont des actions qui protègent à la fois la biodiversité et nos foyers. »
Elle a également rappelé que les zones humides avaient prouvé leur rôle protecteur lors de la tempête Sandy en 2012, évitant plus de 600 millions de dollars de dégâts. « Chaque dollar investi dans la nature rapporte treize dollars en bénéfices sur le long terme », a-t-elle indiqué.
Enfin, elle a souligné le poids économique des ressources naturelles : la blue economy du Massachusetts représentait 8 milliards de dollars et 90 000 emplois en 2021. « La biodiversité, c’est aussi une agriculture prospère, des océans en bonne santé et des communautés résilientes », a-t-elle conclu.

Des objectifs chiffrés et ambitieux
De son côté, Tom O’Shea, commissaire du Department of Fish and Game, a détaillé les objectifs majeurs de ce plan :
- 30 % des terres et eaux protégées d’ici 2030, puis 40 % d’ici 2050 ;
- 10 % des barrages supprimés et 2 500 ponceaux modernisés d’ici 2050 afin de restaurer la continuité écologique et de renforcer la résilience des territoires ;
- création d’un programme de subventions locales pour la biodiversité ;
- mesures renforcées de protection des habitats marins afin de soutenir durablement la filière halieutique, deuxième des États-Unis après l’Alaska.
Insistant sur le lien entre biodiversité et sécurité alimentaire, M. O’Shea a affirmé que « les agriculteurs et les pêcheurs doivent être au cœur de cette stratégie ». Il a également appelé à élargir l’accès du public à la nature, notamment par des actions éducatives et la mise en place de parcs et jardins accessibles à tous.
La société civile mobilisée
Le président de Mass Audubon, David O’Neill, qui accueillait l’événement, a mis en avant la portée symbolique du lieu choisi : « L’espace naturel protégé de Long Pasture domine le Barnstable Great Marsh, le plus vaste marais de Cape Cod, et incarne à lui seul l’importance essentielle de préserver nos écosystèmes. »
Il a rappelé que son organisation avait consacré 15 millions de dollars à la conservation des terres depuis la signature de l’ordre exécutif sur la biodiversité, un effort ayant permis, grâce à l’effet de levier des fonds publics, de protéger 7 000 acres supplémentaires.
David O’Neill a également souligné l’émergence d’une nouvelle dynamique qu’il désigne sous le terme de nature climate tech economy, une économie fondée sur la restauration écologique, l’innovation scientifique et la création d’emplois locaux. Selon lui, ce secteur émergent pourrait, à terme, générer des retombées économiques comparables à celles de l’économie des loisirs de plein air, évaluée à 13 milliards de dollars par an dans le Commonwealth.
La biodiversité marine au cœur des priorités
La présidente-directrice générale de l’Aquarium de la Nouvelle-Angleterre, Vikki Spruill, a souligné l’importance de la dimension océanique du plan, rappelant que « 80 % de la biodiversité mondiale se situe dans les océans ».
Elle a mis en avant le rôle de son institution, qui conjugue recherche scientifique et action de conservation, à travers plusieurs initiatives majeures :
- un programme de sauvetage et de réhabilitation ayant permis de soigner près de 6 000 tortues marines ;
- le déploiement d’un réseau acoustique destiné à localiser les baleines dans les eaux de l’État ;
- la création de la « Journée de la baleine noire », dédiée à une espèce en danger critique d’extinction ;
- des partenariats visant à limiter les risques liés aux engins de pêche abandonnés.
Mme Spruill a insisté sur la nécessaire articulation entre conservation et développement économique : « La blue economy du Massachusetts est déjà évaluée à 8 milliards de dollars. La protection des habitats marins et l’innovation scientifique peuvent encore en accroître le potentiel. » Elle a par ailleurs réaffirmé l’engagement de l’Aquarium à soutenir activement les nouveaux objectifs de biodiversité définis par l’État.Une portée internationale
Enfin, l’administration Healey-Driscoll a annoncé que le Massachusetts deviendrait le premier État américain à rejoindre l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), renforçant ainsi son rôle de leader à l’échelle nationale et internationale dans la lutte pour la biodiversité.




