La Gouverneure Maura Healey alerte sur la flambée des primes d’assurance santé pour 340 000 résidents du Massachusetts

0
Maura Healey, Gouverneure du Massachusetts, Lundi 10 Novembre 2025 au State House

Boston, 10 Novembre 2025 (Par Yves Cajuste, InfoHaïti.net) – La gouverneure du Massachusetts, Maura Healey, a exhorté lundi le président Donald Trump et les républicains du Congrès à prolonger sans délai les crédits d’impôt fédéraux prévus par l’Affordable Care Act (ACA, communément appelé Obamacare), faute de quoi les primes d’assurance santé de centaines de milliers de résidents pourraient s’envoler dès janvier.

Des hausses « insoutenables » pour les familles

S’exprimant au State House de Boston, siège du gouvernement et du Parlement de l’État, la gouverneure a tiré la sonnette d’alarme : 340 000 résidents du Massachusetts risquent de perdre tout ou partie des aides fédérales qui leur permettaient de payer leur assurance santé.

« À partir du 1er janvier, ces familles verront leurs primes bondir de 1 300 dollars par mois en moyenne, et pour certaines, jusqu’à 25 000 dollars par an », a prévenu Healey. « Je ne sais pas comment elles pourront absorber une telle charge. C’est un désastre évitable. »

Pour la gouverneure démocrate, cette flambée découle directement du refus du président Trump et de ses alliés républicains de prolonger les subventions mises en place par l’ACA. « C’est un choix politique, pas une fatalité », a-t-elle insisté. « Au moment où ils devraient tout faire pour faire baisser les coûts, ils prennent des décisions qui les font exploser. »

Healey a évoqué plusieurs exemples concrets : une femme de Worcester gagnant 25 000 dollars par an verrait ses cotisations mensuelles quadrupler, passant de 11 à 53 dollars. Un couple de Peabody, âgé de 62 ans, qui gagne 85 000 dollars par an, verrait ses paiements mensuels grimper de 900 à plus de 2 100 dollars.

« Je pense à cette mère célibataire, à ce couple de seniors… Comment peuvent-ils choisir entre se soigner et payer leur loyer ? », a-t-elle lancé. Avant de conclure : « Le président et le Congrès doivent faire leur travail. Les Américains planifient déjà leur budget, ils ne peuvent pas attendre. »

De la santé à la faim : un double avertissement

Au-delà de la question de l’assurance santé, Maura Healey a établi le lien entre cette crise et la récente fermeture partielle du gouvernement fédéral, qui avait provoqué une interruption du programme d’aide alimentaire SNAP.

« C’est un exemple flagrant du dysfonctionnement à Washington », a-t-elle dénoncé. « Pendant quarante jours, des familles ont eu faim, des avions ne volaient plus, et rien n’a été fait pour éviter maintenant l’explosion du coût de la santé. »

Elle a tenu à rassurer les bénéficiaires du programme : « Oubliez le bruit venant de Washington. Grâce à nos actions, vos prestations ont été rétablies sur vos cartes. Allez acheter la nourriture dont vous avez besoin pour vos familles. »

La gouverneure a salué la solidarité des citoyens et des organisations locales. Le fonds d’urgence du United Way, lancé pendant la crise, a déjà permis de recueillir plus de cinq millions de dollars destinés aux banques alimentaires. « La générosité des habitants du Massachusetts me rend fière », a déclaré Healey. « Mais nous ne pouvons pas tout compenser seuls. »

udrey Morse Gasteier, directrice exécutive du Massachusetts Health Connector

Audrey Morse Gasteier : « Des familles désemparées »

Aux côtés de la gouverneure, Audrey Morse Gasteier, directrice exécutive du Massachusetts Health Connector, a dressé un constat alarmant.

« Nos membres reçoivent depuis des semaines des avis leur annonçant des hausses considérables. Beaucoup sont désemparés », a-t-elle expliqué. « Des parents, des petits entrepreneurs, des patients souffrant de maladies chroniques : tous sont confrontés à des choix impossibles. »

Elle a ajouté que certains ménages, pour continuer à se couvrir, optent désormais pour des plans moins coûteux, mais comportant des frais à leur charge beaucoup plus élevés, ou renoncent à certains médecins. « Certains n’ont tout simplement pas les moyens et espèrent un miracle », a-t-elle reconnu.

Gasteier a rappelé que le Health Connector couvre plus de 400 000 personnes à travers le Commonwealth, appuyé par un réseau de 50 centres d’assistance et de conseillers capables de répondre dans 30 langues. « Nous faisons tout notre possible pour que les gens restent assurés », a-t-elle insisté. « Mais la vraie solution viendra de Washington. Si le Congrès agit, nous sommes prêts à rétablir les aides immédiatement. »

Tina Alu, directrice exécutive du Cambridge Economic Opportunity Committee

Tina Alu : « Des larmes, de la détresse, de l’incompréhension »

La directrice exécutive du Cambridge Economic Opportunity Committee, Tina Alu, a témoigné de la détresse croissante observée sur le terrain.

« Nos clients sont sous le choc », a-t-elle confié. « Chaque jour, nous recevons des appels de personnes paniquées après avoir appris que leurs primes allaient exploser. »

Elle a raconté le cas d’une femme souffrant d’une maladie chronique qui a dû abandonner son assurance habituelle pour un plan moins cher, perdant ainsi ses médecins spécialistes : « Elle m’a dit en larmes qu’elle ne savait plus vers qui se tourner. »

Une autre famille de trois personnes, gagnant 60 000 dollars par an, doit désormais payer 300 dollars de plus par mois, soit plus de 3 500 dollars supplémentaires sur l’année.

« Ces gens travaillent dur, ils dirigent une petite entreprise, et se retrouvent à choisir entre payer leur loyer, se nourrir ou se soigner », a-t-elle regretté.

Malgré les efforts de l’administration Healey, Tina Alu constate que beaucoup attendent encore un signal de Washington avant de prendre des décisions. « Depuis dix ans, nous disons à nos bénéficiaires que nous avons la chance de vivre dans un État qui place la santé au cœur de ses priorités », a-t-elle ajouté. « Cette année encore, la gouverneure Healey en est la preuve. »

Maura Healey, Gouverneure du Massachusetts ce Lundi 10 Novembre 2025 au State House

« Je refuse que des familles soient confrontées à la faim »

S’adressant ensuite à la presse, Maura Healey a de nouveau dénoncé la politique fédérale :

« Le président Trump doit faire son travail et financer pleinement les prestations SNAP », a-t-elle martelé. « Mon rôle, c’est de protéger les habitants du Massachusetts, de me battre pour eux, et de veiller à ce que leurs cartes soient rechargées dès que les fonds deviennent disponibles. »

Elle a rappelé que plusieurs tribunaux avaient confirmé la légalité du financement du programme et jugé les menaces de la Maison-Blanche infondées : « Le président a peut-être choisi d’affamer des Américains, mais je refuse que des familles soient confrontées à la faim dans le Massachusetts. »

Prestations rétablies, mais inquiétudes persistantes

Selon la gouverneure, les fonds fédéraux ont été débloqués grâce à une coordination rapide entre l’État et le Département de l’Agriculture (USDA).

« Tous ceux qui étaient éligibles et qui n’avaient pas reçu leur aide la semaine dernière l’ont reçue maintenant », a-t-elle précisé. « Nous continuerons à traiter les prestations au fur et à mesure. »

Elle a salué « l’extraordinaire mobilisation » de ses équipes, qui ont travaillé « toute la nuit » pour assurer la reprise des paiements. Mais elle a souligné que la réouverture partielle du gouvernement « n’a rien réglé » sur le fond.

« La reprise du gouvernement est une bonne nouvelle, mais il est alarmant qu’aucune mesure n’ait été engagée pour contenir la hausse des coûts de santé », a-t-elle regretté.

Une urgence nationale

Revenant sur la situation des primes d’assurance, Healey a insisté sur l’urgence d’une intervention fédérale.

« Certains verront leurs coûts augmenter de 10 000 à 25 000 dollars par an. Comment peuvent-ils supporter cela ? », s’est-elle interrogée. « Les républicains et le président doivent retourner travailler et voter pour prolonger ces crédits au moins d’un an. C’est simple, c’est urgent et c’est vital. »

Elle a reproché aux dirigeants républicains leur absence prolongée du Capitole. « Le président de la Chambre, Mike Johnson, n’a convoqué les membres que 12 jours sur les 120 derniers. Ils ne sont même pas à Washington pour faire leur travail », a-t-elle déploré.

Des conséquences sociales profondes

La gouverneure a évoqué les effets concrets de la paralysie fédérale :

« Des centaines de travailleurs fédéraux du Massachusetts ont demandé l’assurance-chômage. Certains, pour la première fois de leur vie, ont fait la queue dans les banques alimentaires. Voilà le monde que Donald Trump a créé. »

Elle a averti qu’un nouveau retard de quarante jours dans le vote des crédits d’impôt aurait des effets catastrophiques : « Pendant que certains organisent des soirées fastueuses, les Américains essaient simplement de savoir comment nourrir leurs enfants ou payer leurs soins médicaux. »

Et d’ajouter : « Les Américains vivent dans le présent, pas dans des salles de bal dorées. Il faut agir maintenant. Sinon, 337 000 résidents du Massachusetts perdront leur couverture santé d’ici la fin de l’année. »

Un appel à la responsabilité

Interrogée sur les solutions locales possibles, Healey a reconnu que les marges de manœuvre de l’État étaient limitées :

« Nous travaillons avec nos navigateurs et le Health Connector pour aider les gens à trouver des plans moins coûteux, mais aucun État ne peut combler un vide d’une telle ampleur. Seul le Congrès peut le faire. »

Elle a conclu en lançant un nouvel appel à la Maison-Blanche :

« Tout ce qu’il faut, c’est une décision simple : prolonger les crédits d’impôt et soulager les familles. Ne redoublons pas la douleur des Américains. »