
Miami, 29 Août 2025 – Par la Rédaction, Infohaïti.net (Sources : Miami Herald)
Selon un article du Miami Herald paru sous la plume de Jacqueline Charles, les États-Unis ont présenté au Conseil de sécurité de l’ONU une proposition visant à transformer la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS), actuellement dirigée par le Kenya, en une « Force de répression des gangs » (Gang Suppression Force).
Cette nouvelle structure disposerait d’un mandat renforcé, d’effectifs accrus et d’une autonomie opérationnelle élargie par rapport à la Police nationale d’Haïti (PNH).
Le projet de résolution, élaboré par Washington et Panama, prévoit le déploiement de 5 500 membres en uniforme et de 50 civils. Comme le souligne le Miami Herald, les salaires continueraient à être financés par des contributions volontaires, mais le soutien logistique relèverait d’un Bureau d’appui de l’ONU en Haïti, financé par les cotisations obligatoires des États membres.
Ce mécanisme reprend une recommandation faite en février par le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, qui plaidait pour une structure permanente capable d’assurer un appui opérationnel et logistique durable. Fait notable, l’administration Trump a confirmé son appui à cette réorganisation, en rupture avec sa tendance à réduire la participation américaine aux missions onusiennes.
L’expérience de la mission kényane a révélé des limites importantes. La PNH, minée par des divisions internes et des tensions politiques avec le gouvernement de transition, n’a pas partagé les renseignements attendus ni fourni la coordination nécessaire. Le Miami Herald rappelle que, dans ce contexte, les forces étrangères n’ont pas pu agir efficacement.
La nouvelle Force de répression des gangs aurait donc la capacité de mener des opérations indépendantes, guidées par le renseignement, afin de neutraliser et contenir les groupes armés. L’objectif est de reprendre le contrôle de zones stratégiques, protéger les infrastructures essentielles et réduire l’emprise des gangs sur la population.
« La prochaine force internationale doit être suffisamment dotée pour tenir le territoire, sécuriser les infrastructures et compléter l’action de la police haïtienne », a déclaré l’ambassadrice américaine Dorothy Shea, citée par le Miami Herald. Elle a également exprimé la gratitude de Washington envers le Kenya et les autres pays contributeurs, dont la Jamaïque, les Bahamas, le Salvador et le Guatemala.
La résolution prévoit une durée initiale de 12 mois, avec possibilité de renouvellement. Elle inclut aussi le soutien de l’Organisation des États américains (OEA) par le biais du projet Secure-Haiti. Cependant, plusieurs points restent en débat : le financement d’équipements militaires, le rôle exact des autorités haïtiennes et l’absence de dispositions sur les réseaux politiques et économiques qui alimentent les gangs.
Pour Romain Le Cour Grandmaison, directeur de l’Observatoire Haïti au sein de Global Initiative Against Transnational Organized Crime, le projet reste incomplet. Interrogé par le Miami Herald, il souligne que de nombreuses questions demeurent : « Qui financera réellement l’opération ? Qui fournira l’expertise technique ? Comment définir un mandat opérationnel crédible ? »
Il insiste également sur l’absence de mesures concernant les sanctions internationales contre les acteurs liés aux gangs et le soutien au système judiciaire haïtien. À ses yeux, la résolution, en l’état, ne permet pas de répondre pleinement à la gravité de la crise.
Au moment où ces discussions se tenaient à New York, le Miami Herald rapporte qu’à Port-au-Prince, certains déplacés internes tentaient de regagner leurs quartiers après l’annonce de Jimmy « Barbecue » Chérizier, chef de la coalition criminelle Viv Ansanm. Mais la réalité était dramatique : maisons pillées, églises criblées de balles, rues jonchées de débris.
L’ONU estime à 1,3 million le nombre de déplacés internes, alors que la capitale haïtienne se rapproche d’un effondrement total.
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