Boston, 25 septembre 2025 (par YVES CAJUSTE, InfoHaïti.net ) – À l’approche de la saison des virus respiratoires, la Commission de santé publique de Boston (BPHC) a annoncé mercredi le lancement d’une vaste campagne de vaccination gratuite dans toute la ville. Grippe, COVID-19, VRS et vaccins infantiles seront proposés sans frais, sans rendez-vous et sans exigence d’identification, dans des dizaines de cliniques de quartier organisées en partenariat avec les écoles publiques (BPS), les centres communautaires de jeunesse et de familles (BCYF) et plusieurs associations locales.
Un effort local malgré la confusion fédérale
La commissaire de la BPHC, Dr Bisola Ojikutu, a expliqué que ces cliniques s’inscrivent dans un contexte particulier : « Le gouvernement fédéral a semé la confusion et miné la confiance en la vaccination en diffusant des informations inexactes », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse virtuelle. Selon elle, la réponse de Boston doit être claire : rétablir la confiance, garantir l’accès et rappeler que « la vaccination est un moyen sûr et efficace de prévenir de nombreuses maladies infectieuses graves et de réduire le risque d’hospitalisation ».
Le Massachusetts, par la voix de son département de santé publique (DPH), a récemment confirmé que l’accès aux vaccins resterait protégé dans l’État, malgré les volte-face de l’administration fédérale. Toute personne âgée de six mois et plus est éligible au vaccin actualisé contre la COVID-19 pour la saison 2025-2026. Les autorités recommandent fortement la vaccination des nourrissons de 6 à 23 mois, des adultes de plus de 65 ans, des soignants, des personnes immunodéprimées ou atteintes de maladies chroniques, ainsi que des femmes enceintes ou allaitantes.
Vaccins infantiles également disponibles
Au-delà du COVID-19 et de la grippe, la BPHC souligne l’importance des vaccins infantiles. Dans la plupart des cliniques, seront proposés le MMR (rougeole, oreillons, rubéole), la varicelle ou encore l’hépatite B. À Boston, les taux de vaccination des enfants demeurent élevés : selon le DPH, 94 % des enfants de Suffolk County sont totalement vaccinés contre la rougeole. « Nous voulons nous assurer que les familles savent qu’elles peuvent rattraper un vaccin manqué, sans obstacle financier ni logistique », a insisté Dr Ojikutu.
Répondre à la fermeture des pharmacies
La mise en place de ces cliniques répond aussi à des difficultés pratiques. Plusieurs habitants ont signalé des problèmes pour obtenir des rendez-vous dans les pharmacies locales, dont certaines ont fermé au cours de l’année. « Nous voulons garantir à tous les résidents l’accès à la vaccination cette saison », a affirmé la commissaire.
Les cliniques seront organisées à des dates multiples, dans divers quartiers, et de nouvelles sessions pourraient être ajoutées. Le site internet de la BPHC recensera les informations pratiques mises à jour.
Lutte contre la désinformation
Interrogée par la presse sur les moyens de combattre la désinformation, Dr Ojikutu a détaillé la stratégie de proximité : participation à des réunions communautaires, présence d’éducateurs sanitaires dans les cliniques, diffusion d’informations sur les réseaux sociaux et collaboration avec les organisations locales. « Nos équipes seront sur le terrain pour répondre aux questions, même pour les personnes qui ne se font pas vacciner immédiatement », a-t-elle précisé.
A une journaliste de WBUR qui l’interrogeait sur la multiplication de messages contradictoires émanant de responsables fédéraux, la commissaire a dénoncé une situation « irresponsable et dangereuse » : « Il est décevant de voir des leaders d’agences nationales diffuser des affirmations non fondées, comme l’idée que le paracétamol provoquerait l’autisme, ce qui est scientifiquement faux », a-t-elle rappelé. Selon elle, ces propos alourdissent la tâche des médecins, contraints de passer davantage de temps à convaincre leurs patients de la sûreté des vaccins.
Les communautés immigrantes rassurées
Interpellée par un journaliste de MCTV au sujet de la peur ressentie par certains immigrants face aux politiques migratoires fédérales, qui pourraient les éloigner des cliniques, Dr Ojikutu a indiqué que la BPHC suivait de près cette question : « Nous travaillons avec nos partenaires communautaires, comme l’Immigrant Family Services Institute à Mattapan, pour rassurer les familles. Ces cliniques sont ouvertes à tous, sans pièce d’identité requise, et sans collecte intrusive de données. »
Gratuité garantie
À une question du Dorchester Reporter concernant l’éventuelle nécessité de présenter une carte d’assurance, la commissaire a clarifié : « Aucune participation financière ni copaiement n’est demandé. Si certains présentent leur carte, cela nous permet un remboursement administratif, mais il n’y a aucune obligation. »
Une saison sous tension
Pour Dr Ojikutu, le climat actuel de méfiance rend la campagne 2025 particulièrement cruciale. « J’observe dans mes consultations plus de réticence que les années précédentes, avec de nombreuses questions répétées. Cela nous inquiète car les taux de vaccination contre la grippe et la COVID-19 risquent d’être historiquement bas cette année », a-t-elle averti.